Le président salvadorien Nayib Bukele a proposé lundi 3 février de recevoir dans son pays des prisonniers détenus aux Etats-Unis, une démarche saluée par le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio en visite sur place.
“Nous avons proposé aux Etats-Unis de délocaliser une partie de leur système carcéral”, a indiqué sur X le chef d’Etat, réputé pour sa fermeté dans sa lutte anti-criminalité. “Le tarif serait assez modeste pour les Etats-Unis mais serait significatif pour nous et nous permettrait de financer tout notre système carcéral”, a-t-il ajouté.
We have offered the United States of America the opportunity to outsource part of its prison system.
We are willing to take in only convicted criminals (including convicted U.S. citizens) into our mega-prison (CECOT) in exchange for a fee.
The fee would be relatively low for… pic.twitter.com/HTNwtp35Aq
— Nayib Bukele (@nayibbukele) February 4, 2025
Selon Marco Rubio, l’offre salvadorienne est sans précédent et vaut “y compris (pour les) citoyens américains et ceux avec un permis de résidence”. “Aucun pays n’a jamais fait de telle offre amicale”, a souligné le chef de la diplomatie américaine après un entretien à San Salvador avec Nayib Bukele. “Nous lui en sommes profondément reconnaissants. J’en ai parlé au président Trump”, a-t-il ajouté, citant notamment les gangs latino-américains MS-13 du Salvador ou Tren de Aragua du Venezuela, qui opèrent aussi aux Etat-Unis, et dont certains des membres ont la nationalité.
Selon le New York Times, en 2019, le Salvador avait signé un accord similaire, connu sous le nom de “tiers pays sûr”. Il n’avait pu être mis en œuvre à cause de la pandémie de Covid survenue la même année. En y faisant référence lundi, Nayid Bukele, réélu avec plus de 80 % des voix l’an dernier notamment grâce à sa lutte radicale contre la criminalité, a affirmé que sa nouvelle proposition était “plus importante et d’une portée bien plus large que les accords conclus en 2019”.
Des décisions sans précédent
L’initiative s’inscrit dans un contexte de durcissement des mesures de la part de l’administration Trump, lequel a annoncé vouloir mettre fin au droit du sol, inscrit dans la Constitution américaine, et procéder à des expulsions massives de migrants illégaux.
Donald Trump a notamment supprimé un texte de l’administration Biden offrant à quelque 600 000 Vénézuéliens une protection contre les expulsions, mais n’a pas touché pour l’instant au statut de 232 000 Salvadoriens potentiellement expulsables. Il a également annoncé vouloir transférer 30 000 clandestins dans la prison érigée dans la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba.
En marge de la visite de Marco Rubio, qui effectue une mini-tournée en Amérique centrale, les Etats-Unis et le Salvador ont aussi annoncé avoir signé un accord dans le domaine de l’énergie nucléaire civile, que Nayid Bukele souhaite développer. Le dirigeant a salué la coopération avec les Etats-Unis, “notre partenaire le plus important, avec qui nous devons renforcer encore nos relations”. “Nous ne cachons pas notre sympathie” pour Donald Trump, a ajouté le président salvadorien, estimant que “c’est le bon moment pour renforcer la relation diplomatique”.
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