L’initiative d’Elon Musk, sommé par Donald Trump de se montrer “plus agressif” dans sa mission de sabrer dans les dépenses publiques et de réduire le nombre de fonctionnaires, est de plus en plus contestée. Le propriétaire de X, patron de Tesla et SpaceX a enjoint samedi aux fonctionnaires fédéraux de répondre à un courriel visant à justifier la réalité de leur travail. Ce message, intitulé “qu’avez-vous fait la semaine dernière ?”, a été envoyé par le service des ressources humaines de l’administration fédérale, l’OPM, aux employés concernés. L’OPM exigeait une réponse décrivant cinq tâches accomplies au cours de la semaine précédente.
Initialement, l’homme le plus riche de la planète a indiqué que “l’absence de réponse” à cet email avant minuit lundi soir serait considérée comme une “démission”. Lundi soir, avant la date limite, Elon Musk a cependant dit donner “une nouvelle chance” aux fonctionnaires fédéraux américains de justifier de leur activité professionnelle sous peine d’être renvoyés. Des milliers d’employés de l’administration en période d’essai ont déjà été limogés. Incités à démissionner en échange d’une paie maintenue jusqu’à fin septembre, quelque 75 000 fonctionnaires ont également accepté de quitter leur poste, selon les médias américains.
La démarche d’Elon Musk, à l’initiative de toutes les actions du Département de l’efficacité gouvernementale, la Doge, tout en ne dirigeant pas officiellement cette commission, selon la Maison-Blanche, a accentué la confusion au sein d’un appareil d’Etat déjà sous pression. Plusieurs services, y compris certains dirigés par des fidèles de Donald Trump, ont conseillé aux fonctionnaires de ne pas répondre à cet email, du moins dans l’immédiat. Selon le New York Times, il s’agit du FBI, la police fédérale américaine, mais aussi le Département d’Etat ou encore le renseignement national.
Les agents travaillant sous couverture menacés ?
Le média américain CNN indique que les efforts de l’administration Trump de réduction des effectifs et des dépenses d’audit de la Central Intelligence Agency (CIA), et même d’autres agences, menacent de mettre en péril certains éléments liés à la sécurité nationale. Selon des sources proches du dossier interrogées par la chaîne d’information, la CIA mène actuellement une enquête officielle afin d’évaluer les dommages potentiels causés par un courrier électronique non classifié envoyé à la Maison-Blanche début février. Ce courriel identifiait certains officiers – en vue de leur licenciement – par leur prénom et les initiales de leur nom. Il répertoriait toutes les nouvelles recrues travaillant dans l’agence depuis deux ans ou moins à travers un serveur de messagerie d’informations non classifiées. La liste comprenait des agents de la CIA qui se préparaient à opérer sous couverture à l’étranger.
D’après CNN, la CIA étudie actuellement la possibilité de retenir ou de réaffecter certains des employés mentionnés dans ce courriel adressé à la Maison-Blanche, qui étaient auparavant prévus pour des déploiements secrets dans des lieux sensibles à l’étranger. Le risque que leur identité ait été exposée à des pirates informatiques travaillant pour des gouvernements étrangers est en effet trop élevé. Certains postes de l’ambassade américaine occupés par des agents de la CIA sous couverture risquent désormais d’être révélés, selon des sources interrogées par nos confrères américains.
Un accès à des informations classifiées
Certains responsables de la CIA redoutent par ailleurs que les licenciements envisagés au sein de l’agence de renseignement puissent créer un groupe d’anciens employés mécontents. Ceux-ci, financièrement vulnérables ou rancuniers, pourraient alors transmettre ce qu’ils savent à un service de renseignement étranger, ou même être recrutés par un pays. L’idée qu’une personne renvoyée de la CIA, même pour des motifs valables, puisse transmettre ce qu’elle sait à un gouvernement étranger n’est toutefois pas nouvelle. Le ministère de la Justice a inculpé ces dernières années plusieurs anciens responsables militaires et du renseignement pour avoir fourni des renseignements américains à la Chine.
La CIA a déjà licencié plus de 20 agents pour leur travail sur les questions de diversité, rapporte CNN, dont beaucoup contestent maintenant leur licenciement devant les tribunaux. Le gouvernement a déclaré dans des documents judiciaires qu’il envisageait toujours des coupes supplémentaires afin de se conformer à l’ordre de Donald Trump de mettre fin à tout travail sur la diversité dans l’ensemble du gouvernement fédéral. Contrairement à la plupart des autres employés fédéraux licenciés, ces personnes ont eu accès à des informations classifiées sur les opérations et le fonctionnement de l’agence. De quoi donner des sueurs froides aux acteurs de la sécurité nationale…
Source