Des milliers de fonctionnaires licenciés, des budgets presque totalement sabrés, des subventions annulées… Placé à la tête d’un département de l’efficacité gouvernementale, le DOGE, par Donald Trump depuis son investiture en janvier, Elon Musk a promis de trancher drastiquement dans les finances fédérales américaines. L’enjeu ? Faire d’importantes économies pour réduire le déficit du pays. Le milliardaire, à la tête de Tesla et Space X, a fixé pour objectif de récupérer 1000 milliards de dollars grâce à l’action de son ministère.
Un mois et demi après l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, de nombreux fonctionnaires s’inquiètent de devoir quitter leur poste avec ce plan historique de coupes budgétaires. En début de semaine, les 4100 employés du ministère de l’Education, cible récurrente du républicain, ont appris que près de la moitié d’entre eux allaient être prochainement virés. Certaines agences, comme l’USAID, reliée au département d’Etat et chargée de distribuer l’aide humanitaire américaine à l’étranger, s’apprêtent à perdre la quasi-totalité de leurs missions. Tant de mesures, parfois brutales, qui commencent même à être contestées par une partie du camp républicain.
Des dépenses fédérales en hausse en février
Si Elon Musk a bel et bien l’ambition de “tronçonner” la bureaucratie fédérale pour empêcher “une faillite”, difficile pour le moment de percevoir les effets de son action. Le Trésor américain a publié sur son site web, mardi 12 mars, les chiffres mensuels des finances publiques des Etats-Unis. Et les résultats ne sont pas à l’avantage des premières actions du patron : sur le dernier mois de février, le pays a dépensé davantage au niveau fédéral (603 milliards de dollars) que sur la même période un an auparavant, en février 2024 (567 milliards de dollars).
Comment expliquer ces chiffres en contraste avec l’hyperactivité de l’homme d’affaires pour continuer à réduire les dépenses des ministères ? Premier élément de réponse : l’ensemble des mesures présentées par le camp trumpiste ces dernières semaines ne se sont pas encore tous matérialisées dans les chiffres du Trésor américain. Les annonces concernant le ministère de l’Education ont d’ailleurs été détaillées il y a seulement quelques jours. Ce temps de latence entre l’officialisation des décisions de coupes budgétaires et leur véritable application peut potentiellement provoquer un délai avant de voir leurs effets se répercuter dans les données du Trésor.
En revanche, il est intéressant de se plonger dans le détail des chiffres fournis par l’agence américaine pour tirer d’autres enseignements de ces sommes. Pour Jessica Riedl, analyste du Manhattan Institute interrogée par le Financial Times, les économies réalisées par le DOGE sont de toute façon “trop petites pour être identifiables dans les montants totaux mensuels” des dépenses pour chaque ministère. Surtout, précise cette experte au quotidien britannique, “environ 75 % des dépenses fédérales américaines sont consacrées à la sécurité sociale, le Medicaid, le Medicare, la défense, les vétérans et dans les intérêts – rien de tout ça n’a pour le moment été touché”.
L’incertitude règne
Jusqu’à présent, seuls des ministères au budget souvent moins conséquent (éducation, département d’Etat, environnement…) ont effectivement été visés par les coupes du DOGE. C’est en comparant les chiffres du Trésor de février 2025 avec ceux de février 2024 que l’on constate un peu mieux les premières orientations données par Elon Musk et Donald Trump au budget américain. Entre ces deux années, les dépenses mensuelles allouées à la défense sont par exemple restées stables (65 milliards de dollars).
En revanche, celles concernant la sécurité intérieure, un domaine érigé comme une priorité par le président américain, ont grimpé de 15 milliards de dollars (90 milliards en février 2024, contre 105 en février 2025). Dans une moindre mesure, les budgets des départements liés à la sécurité sociale, aux vétérans ou encore à la santé, ont aussi plus ou moins augmenté sur cette période. D’autres, comme les transports ou la Nasa, ont vu leur niveau de dépenses rester stable.
Mais peut-être pas pour longtemps : l’agence spatiale américaine a annoncé mardi qu’elle allait commencer une procédure de “réduction d’effectifs”. Katherine Calvin, une scientifique spécialiste du climat qui y était rattachée, vient d’être licenciée, comme 22 autres de ses collègues. Quels seront les prochains ministères à voir s’abattre sur eux de nouvelles coupes budgétaires ? Les incertitudes demeurent sur les prochaines actions menées par le DOGE. La “confidentialité inhabituelle” des échanges qui se déroulent au sein de la structure vient d’ailleurs de conduire un juge à ordonner à Elon Musk et ses équipes de rendre publics les dossiers sur lesquels ils travaillent.
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