Nouvel épisode dans les tensions grandissantes entre Washington et Pretoria. L’ambassadeur sud-africain aux Etats-Unis, Ebrahim Rasool, vient d’être déclaré “persona non grata” dans le pays. Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a fait cette annonce sur son compte X ce samedi 15 mars. Il accuse le diplomate de “nourrir les tensions raciales” et de “haïr les Etats-Unis et le président” Donald Trump. “Nous n’avons rien à discuter avec lui. Il n’est plus la bienvenue dans notre grand pays”, a encore écrit le chef de la diplomatie américaine.
Cette décision s’inscrit dans un contexte de durcissement des relations entre les Etats-Unis et l’Afrique du Sud. Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a accusé Pretoria de traiter de façon “injuste” les descendants de colons européens, créant même une procédure d’asile aux Etats-Unis pour les “réfugiés afrikaners”.
En plus de couper toute aide à l’Afrique du Sud, il avait alors décidé que les Etats-Unis encourageraient “la réinstallation” de ceux-ci, “fuyant la discrimination raciale encouragée par le gouvernement”, selon lui. Elon Musk, natif d’Afrique du Sud et puissant allié de Donald Trump, a également accusé le gouvernement sud-africain de discrimination envers les populations blanches.
Un “assaut suprémaciste”
Dans son message publié sur X, Marco Rubio a cité un article du média Breitbart, proche des milieux d’extrême droite et suprémacistes blancs américains, qui dénonçait une prise de parole de l’ambassadeur sud-africain aux Etats-Unis lors d’une conférence à Johannesburg, vendredi. “L’assaut suprémaciste contre le pouvoir en place, nous le voyons dans la politique intérieure des États-Unis et le mouvement Maga (“Make America Great Again”) non seulement comme une réponse à un instinct suprémaciste, mais aussi à des données très claires qui montrent de grands changements démographiques aux États-Unis dans lesquels l’électorat pouvant voter aux États-Unis devrait devenir blanc à 48 %”, a déclaré Ebrahim Rasool.
South Africa’s Ambassador to the United States is no longer welcome in our great country.
Ebrahim Rasool is a race-baiting politician who hates America and hates @POTUS.
We have nothing to discuss with him and so he is considered PERSONA NON GRATA.https://t.co/mnUnwGOQdx
— Secretary Marco Rubio (@SecRubio) March 14, 2025
L’ambassadeur sud-africain avait également évoqué les relations toujours plus fortes entre Elon Musk et les mouvements d’extrême droite en Europe, y voyant une volonté de rallier à travers le monde les personnes se considérant comme faisant partie d’une “communauté blanche en péril”.
Une “expulsion regrettable”
Ebrahim Rasool est un ancien militant contre l’apartheid, qui avait purgé une peine de prison pour son activisme, avant de s’engager au sein du Congrès national africain, le parti de Nelson Mandela. La présidence sud-africaine “a pris acte de l’expulsion regrettable” son ambassadeur aux États-Unis, a-t-elle réagi dans un communiqué. Elle s’est cependant dite “déterminée à construire une relation mutuellement bénéfique” avec Washington.
En février, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait déclaré vouloir aller aux Etats-Unis, reconnaissant que “tout a semblé dérailler” entre lui et Donald Trump depuis un premier appel entre les deux hommes au retour du président américain au pouvoir. Marco Rubio avait également refusé le mois dernier de se rendre à une réunion du G20 en Afrique du Sud, dénonçant le focus sur “la solidarité, l’égalité et le développement durable” choisi par Pretoria, qui a pris la présidence tournante du forum pour un an en décembre dernier.
Un autre grand point de friction entre Pretoria et Washington est la plainte pour “génocide” à Gaza déposée en 2023 par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, alors que Washington s’est encore davantage rapproché de l’Etat hébreu depuis le retour de Donald Trump dans le bureau Ovale.
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