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Après les minerais ukrainiens, Donald Trump jette son dévolu sur les centrales nucléaires


L’Ukraine ne “discutera pas” d’un transfert aux Etats-Unis de la propriété de ses centrales nucléaires, y compris celle occupée de Zaporijjia, a martelé jeudi 20 mars le président Volodymyr Zelensky. “Nous n’en discuterons pas. Nous avons 15 réacteurs nucléaires en service aujourd’hui. Tout cela appartient à notre Etat”, a-t-il poursuivi lors d’une conférence de presse devant ses alliés européens à Oslo.

La veille, Donald Trump avait, lors d’une conversation téléphonique entre les deux dirigeants, suggéré que son pays pourrait s’emparer des centrales nucléaires ukrainiennes. “La possession par les Américains de ces centrales constituerait la meilleure protection et le meilleur soutien possible pour les infrastructures énergétiques ukrainiennes”, avait justifié après l’appel la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt. Cette déclaration fait écho à un arguments régulièrement avancé par les Etats-Unis : un engagement économique américain fort en Ukraine constituerait sa meilleure garantie de sécurité, car la Russie n’osera pas prendre pour cible un pays où l’Amérique a des intérêts.

Après les terres rares, les centrales nucléaires

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump cherche à obtenir une fin rapide de l’invasion russe de l’Ukraine, tout en opérant un net virage diplomatique en se rapprochant de la Russie et en critiquant durement Kiev. Tout en annonçant la fin du soutien militaire américain début mars, la Maison-Blanche avait déjà tenté de négocier un accord qui donnerait aux Etats-Unis l’accès aux gisements de terres rares et minerais ukrainiens. L’intérêt pour les Etats-Unis, selon Donald Trump : aider les contribuables américains à “récupérer leur argent” pour l’aide envoyée à l’Ukraine tout au long de la guerre.

Un accord en échange de la poursuite du soutien américain face à Vladimir Poutine, dont Donald Trump semble désormais avoir partiellement l’oreille et avec qui il mène les négociations de cessez-le-feu. Le deal n’avait néanmoins pas été signé à la date prévue, après une rencontre houleuse à la Maison-Blanche le 28 février entre Donald Trump, son vice-président J.D. Vance, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

La perspective d’un tel accord continue néanmoins de peser dans la balance des négociations avec les Etats-Unis, et donc avec la Russie. Le 12 mars dernier, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio déclarait qu’un accord sur les minerais donnerait aux Etats-Unis un “intérêt direct” à protéger l’Ukraine… Sans toutefois constituer “une garantie de sécurité” pour l’Ukraine, dont la protection incombera selon la Maison-Blanche à l’UE. Après les terres rares, ce sont donc les centrales nucléaires ukrainiennes qui pourraient servir de carotte à la puissance américaine pour continuer de peser en sa faveur dans la balance de la sortie de guerre.

Le sort de la centrale de Zaporijia en question ?

Selon Volodymyr Zelensky, seul le sort de la centrale de Zaporijia, actuellement située sur le territoire contrôlé par les troupes russes, a été évoqué lors de l’échange téléphonique avec Trump. Si elle a été mise à l’arrêt depuis le début de son occupation par les Russes début 2022, la sécurité y reste précaire et est souci de préoccupation pour Kiev et l’Occident, notamment pour l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Plus grande centrale d’Europe, l’énergie qu’elle fournissait avant la guerre est, selon le président ukrainien, essentielle au bon fonctionnement du pays et de la région. “En avons-nous besoin ? Pour les gens, oui, pour l’Europe, aussi”, a assuré Volodymyr Zelensky.

“Il s’agit de centrales nucléaires appartenant à l’Etat, ce ne sont pas des propriétés privées”, a-t-il également rappelé au sujet des quatre centrales nucléaires ukrainiennes opérationnelles, toutes construites à l’époque soviétique. Le président ukrainien s’est toutefois se dit à l’écoute si les Américains “veulent moderniser, investir” dans la centrale nucléaire de Zaporijjia.

Malgré ce sujet très sensible, la conversation de mercredi avec le président américain était “peut-être l’une des plus substantielles et positives” de ces derniers temps, a salué Volodymyr Zelensky après l’appel. Alors que les autorités ukrainiennes multiplient ces derniers jours les efforts pour réparer les relations avec Donald Trump, le ton semble s’être également adouci du côté de Washington, qui a aussi salué un appel téléphonique “fantastique” entre les deux dirigeants.




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