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Européennes : Bellamy, un succès d’estime en quête d’adhésion populaire


Nadine Morano n’a pas le compliment facile. Réputée pour ses coups de sang, l’eurodéputée s’est laissée aller à un moment de tendresse après le débat télévisé des têtes de liste aux européennes, le 21 mai sur LCI. Lors d’un échange téléphonique avec Brice Hortefeux, elle loue la prestation incisive de François-Xavier Bellamy. Elle n’est pas la seule. Sitôt l’émission terminée, le compte X (ex-Twitter) du chef de file LR relaie les commentaires laudatifs de journalistes politiques invités par la chaîne à commenter cette joute. On y applaudit sa “pugnacité” et la “précision” d’un intellectuel capable “d’y aller à la machette”.

N’en jetez plus ! Voilà François-Xavier Bellamy couvert d’éloges inédits. Le numéro 2 de LR a surtout l’habitude d’être raillé pour son conservatisme, frein supposé à la reconquête de la droite macroniste, ou sa prudence excessive. “Saisis-toi davantage de l’actualité !, “Assène plus et démontre moins”… Combien de fois l’élu a-t-il entendu ces conseils aux airs de critique ? L’homme semble les avoir écoutés. Un succès d’estime entoure sa fin de campagne.

“Il faut venir à l’actualité, sinon elle ne vient pas à vous”

Enfin, il prend des risques… et la lumière médiatique. Son coup de gueule sur France 2 contre l’organisation d’un débat Attal-Bardella a dépassé les cinq millions de vues sur X… et lui a valu les félicitations de ses adversaires. Il y fustige une “mise en scène du service public”, symptôme d’un effacement des autres offres politiques, devant une journaliste interloquée.

L’élu est offensif dans les débats et multiplie les coups, comme une irruption à Sciences Po pour dénoncer le blocage de l’établissement par des manifestations propalestiniens. Avec, à la clef, une invitation chez Cyril Hanouna et un débat sur BFMTV face au député LFI Louis Boyard. Et quand il s’en prend au revirement du RN sur le dossier calédonien, c’est avec une virulence qui lui assure des répliques sèches de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Donc une visibilité accrue. “Il a compris qu’en tant que challenger, il faut venir à l’actualité sinon elle ne vient pas à vous, salue le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau. Sa campagne rend fier beaucoup de nos parlementaires et militants.”

Les Français, eux, y sont encore insensibles. Le candidat, crédité de 7 à 8 % d’intentions de vote, ne profite pas de cette mue. Les sondages ne bougent pas, indifférents aux coups de boutoir du candidat. Rageant, tant les campagnes poussives de la tête de liste Renaissance Valérie Hayer ou de Marion Maréchal ouvrent un espace théorique à François-Xavier Bellamy. Le candidat a observé ce décalage lors d’une récente opération de tractage à Paris. “On vous aime bien, mais LR, ce n’est pas possible”, ont lâché des passants, guère disposés à donner leur confiance à l’héritier de l’UMP.

“Cette étiquette est un boulet”

Lors de la présidentielle de 2007, Arnaud Montebourg ironisait sur François Hollande, “principal défaut” de Ségolène Royal. Et si Les Républicains étaient le défaut majeur de Bellamy ? Affaiblie par les défaites successives, la formation de droite a perdu en attractivité. En lisibilité aussi, comme lors de l’examen de la réforme des retraites ou lors des motions de censure contre le gouvernement. LR ne compte pas enfin dans ses rangs un présidentiable de premier rang, malgré la préparation active de Laurent Wauquiez et de Xavier Bertrand. “Cette étiquette est un boulet”, déplore un dirigeant LR. Un député, guère suspect de proximité avec Bellamy, confirme : “C’est une belle berline qui roule en pente ascendante, car les européennes ne nous ont jamais aidés. Mais avec un moteur bridé – un parti sclérosé et inaudible depuis sept ans – et derrière elle une caravane hors d’âge, à savoir notre liste.”

Plutôt qu’un plafond de verre, François-Xavier Bellamy perçoit une “barrière à contourner”. Alors, il est urgent de déringardiser le vote LR. La tête de liste insiste ainsi sur l’influence majeure de la droite au Parlement européen, à rebours de l’isolement des eurodéputés RN. Erige le vote LR en outil de puissance, loin de sa faiblesse nationale. Ces arguments, techniques, peinent encore à imprimer dans l’opinion. Dans l’état-major de LR, on espère une cristallisation tardive du choix des électeurs. Les mouvements d’opinion sont aussi massifs qu’imprévisibles dans ce scrutin éloigné des Français. La droite s’est effondrée dans les derniers jours de la campagne de 2019, pourquoi ne pas espérer l’inverse ? “Il n’y a pas de bonne campagne qui ne se traduise pas par de bons résultats”, assure Bruno Retailleau. L’analyse a des airs de vœu pieux.




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