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Moustique tigre, dengue… A quoi faut-il s’attendre cet été ?


Quasi toute la France est coloriée en rouge. Le nombre de cas de dengue importés en métropole, principalement après des voyages aux Antilles, a déjà battu le record atteint sur toute l’année 2023, selon des données de Santé publique France, publiées ce mercredi 29 mai. Du 1er janvier au 30 avril 2024, 2 166 cas importés de dengue ont été comptabilisés sur le continent, contre 128 en moyenne sur la même période les cinq années précédentes.

Avant même les Jeux olympiques de Paris (26 juillet – 11 août), qui favoriseront le brassage de populations en pleine saison du moustique tigre (vecteur de maladies virales), le record 2023 de cas de dengue importés (2 019) a été battu en seulement quatre mois. “La circulation du virus de la dengue est plus importante cette année dans de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine”, explique à L’Express Yannick Simonin, virologiste et enseignant chercheur à l’université de Montpellier.

“La dengue ou ‘grippe tropicale’ est une maladie transmise par la piqûre d’un moustique du genre Aedes porteur de l’un des quatre virus de la dengue. Il n’y a pas de transmission directe de personne à personne”, précise le ministère de la Santé sur son site. Attention, le moustique n’est pas, en lui-même, porteur du virus : il faut qu’il pique une personne contaminée pour ensuite le transmettre à un autre individu. Pour rappel, la dengue est le plus souvent bénigne, mais peut évoluer, dans environ 1 % des cas, vers une forme plus grave provoquant notamment des saignements. Les décès sont très rares.

De leurs côtés, les autorités sanitaires surveillent de près son évolution. Du 1er au 28 mai, où les maladies liées à la période d’activité des moustiques vecteurs ont commencé à faire l’objet d’une “surveillance renforcée”, 337 autres cas de dengue importés ont été recensés en France hexagonale. “Les deux années précédentes ont vu le nombre de cas autochtones de dengue [transmis par un moustique présent sur place, NDLR] augmenté. En 2024, la circulation de la dengue devrait être très intense”, affirme Yannick Simonin. Mi-mai, aucun épisode de transmission autochtone de dengue, mais aussi de chikungunya ou de Zika, n’avait encore été détecté. En 2023, la France avait recensé une cinquantaine de cas autochtones de dengue après un record de 66 en 2022.

Aedes albopictus est installé depuis 2004 dans l’Hexagone. Le virus circule régulièrement dans les départements français des Amériques (Martinique, Guadeloupe, Guyane), dans les îles françaises du Pacifique et de l’océan Indien. Lors des quatre premiers mois de 2024, 82 % des cas importés en France métropolitaine ont été contractés en Martinique ou en Guadeloupe et 5 % en Guyane, “départements où sévit une épidémie importante”, a noté Santé publique France.

Sous surveillance renforcée entre mai et novembre

En France métropolitaine, la dengue est désormais présente sur la quasi-totalité du territoire. Le moustique tigre est implanté durablement dans 51 départements de métropole, toujours selon le gouvernement. Parmi les régions les plus touchées, il y a l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Provence-Alpes-Côte d’Azur – respectivement 64 et 53 cas entre le 1er mai et le 28 mai. Le risque d’une circulation autochtone de la dengue suite à l’introduction du virus par un voyageur malade est donc possible. “À terme, le moustique tigre va coloniser l’intégralité de l’Hexagone”, prévient Yannick Simonin.

D’autant que le réchauffement climatique représente un allié de taille pour cet insecte qui s’épanouit dans les pays chauds. “Les périodes estivales se rallongent, ce qui agrandit la fenêtre d’activité du moustique tigre également. Par exemple, les pluies torrentielles de ces derniers jours, couplées à des températures élevées, favorisent leur éclosion”, précise l’expert.

Par ailleurs, l’organisation prochaine des Jeux olympiques et d’autres grands événements sportifs constituent une nouvelle aubaine pour le virus. En attirant des populations venant du monde entier, la compétition mondiale “renforce les risques de survenue de foyers de dengue, zika et chikungunya”, indiquait le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) dans un avis de 60 pages publiés le 5 avril 2023. Plus globalement, l’organisme dit s’attendre “dans les années à venir, à une hausse des cas de dengue, zika et chikungunya”.

Reste à savoir comment se protéger. En plus des gestes de base (répulsif, port de vêtements longs et amples…), les habitants des zones à risque peuvent s’organiser. Comment ? En détruisant ou asséchant les gîtes potentiels, que constitue toute réserve d’eau stagnante à l’extérieur ou à l’intérieur du domicile. “La meilleure façon de lutter contre le moustique, c’est d’établir une surveillance collective et individuelle. Il faut bien comprendre que si l’on est piqué, c’est forcément par un moustique né à proximité, car l’insecte ne parcourt pas de grandes distances”, souligne Yannick Simonin. Attention donc à l’eau qui stagne près de votre domicile.




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