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Elections européennes : cette autre bataille qui se joue en coulisses


Le 9 juin, l’Union européenne sera fixée sur la composition du Parlement européen et des 720 eurodéputés qui le compose. Entre une probable poussée de l’extrême droite à travers l’Europe, le large recul des libéraux proches d’Emmanuel Macron, ou le possible affaiblissement des deux forces de gauche et de droite traditionnelles, ces élections européennes pourraient bien marquer un tournant dans la direction prise par l’Union européenne.

Mais dès le lendemain des résultats du scrutin, une tout autre bataille sera lancée, toute aussi (voire plus) importante : celle pour les plus hautes responsabilités à Bruxelles. Largement influencés par la future composition du Parlement européen sans pour autant en dépendre directement, quatre postes, surnommés les “top jobs”, seront particulièrement surveillés et convoités : la présidence de la Commission européenne, actuellement détenue par Ursula von der Leyen ; la présidence du Parlement européen, aujourd’hui occupée par Roberta Metsola, la présidence du Conseil européen, actuellement Charles Michel, ; et enfin le chef de la diplomatie européenne, aujourd’hui Josep Borrell.

Quatre rôles clés dans les rouages d’une Union européenne au fonctionnement parfois bien dur à suivre. L’Express fait le point sur les différentes tractations qui se jouent déjà dans les coulisses de Bruxelles.

Présidence de la Commission européenne : Ursula von der Leyen en danger

Il s’agit sûrement du poste qui comporte le plus d’enjeux, vu son importance politique. Occupée par Ursula von der Leyen depuis 2019, la présidence de la Commission européenne dirige la branche exécutive de l’UE, et pèse très lourd dans les orientations stratégiques prises à Bruxelles.

Son mode d’élection est à la fois simple… et compliqué. Officiellement, le président de la Commission est nommé par le Parlement européen, sous la proposition du Conseil européen (c’est-à-dire les 27 chefs d’Etat de l’UE). Depuis 2014, un système au nom baroque, le Spitzenkandidat (“tête de liste”, en allemand), a été mis en place : avant les élections européennes, chaque grande famille politique de l’UE (PPE, sociaux-démocrates, libéraux…) présente un candidat. La logique veut ensuite que la présidence de la Commission européenne revienne au camp arrivé en tête du scrutin.

En résumé, le prochain président de la Commission sera une nouvelle fois très certainement issu de la droite européenne, largement favorite des élections. Mais puisque rien ne peut être aussi simple à Bruxelles, à l’issue du dernier scrutin européen en 2019, une surprise de dernière minute s’était produite. Ainsi, ce n’était finalement le candidat initialement désigné par la droite européenne à l’époque, Manfred Weber, qui avait été choisi pour diriger la Commission. Mais bien Ursula von der Leyen, en raison notamment d’un fort lobbying d’Emmanuel Macron en personne.

Cette fois-ci, Ursula von der Leyen est bien la candidate officielle de la droite européenne pour présider la Commission. Mais ce n’est pas pour autant que l’ancienne ministre allemande a le champ libre pour être reconduite cinq ans supplémentaires, loin de là. C’est peut-être même l’inverse d’il y a cinq ans qui pourrait se produire : désignée avant le scrutin européen, von der Leyen pourrait bien être coiffée au poteau après le 9 juin.

Car l’ancienne ministre allemande ne manque pas d’ennemis. Les socialistes, déjà, qui reprochent à von der Leyen son rapprochement avec la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, et une partie de l’extrême droite européenne, qui devrait ressortir largement renforcée de ces élections. Or, sans les voix des socialistes au Parlement européen pour valider sa nomination, il paraît fort difficile d’imaginer la présidente de la commission être reconduite. Mais même au sein de son camp, la présidente sortante ne fait pas l’unanimité. En France notamment, Les Républicains ne manquent jamais une occasion d’étriller le bilan d’Ursula von der Leyen, et ont déjà annoncé qu’ils ne soutiendraient pas sa candidature.

En coulisses, même Emmanuel Macron, qui avait pourtant largement contribué à son accession à ce poste en 2019, envisage d’autres pistes. Une, en particulier, prend du poids ces dernières semaines : l’ancien président de la BCE et ancien Premier ministre italien, Mario Draghi. Un des ténors Renaissance au Parlement européen, Pascal Canfin, proche du président français, a notamment déclaré dans une interview au journal Politico il y a une semaine seulement que “la France et tout l’écosystème présidentiel aimeraient que Mario Draghi joue un rôle”. A la Commission, ou ailleurs ? L’idée est en tout cas posée.

A la Commission européenne, d’autres postes clés en jeu

Qui dit nouveau Parlement européen, dit nouvelle Commission européenne. Et donc, 27 nouveaux commissaires européens, un par pays membre. Bien plus méconnus que leur président ou présidente, ceux-ci impulsent la politique européenne sur différents sujets clés, que ce soit pour le marché intérieur (actuellement incarné par le Français Thierry Breton), le commerce, le numérique ou encore l’environnement.

La désignation de ces membres est le fruit de longues négociations à Bruxelles, et doit respecter les équilibres partisans. Mais un poste est particulièrement convoité : celui de Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères ; à comprendre, le chef de la diplomatie européenne. Actuellement, c’est l’expérimenté Josep Borrell – d’origine espagnole – qui occupe ce poste.

Si rien ne l’empêche techniquement d’être reconduit à son poste, très rares sont les commissaires européens qui obtiennent une deuxième mandature avec le même portefeuille. Un nom circule notamment pour le remplacer : l’actuelle Première ministre estonienne, Kaja Kallas. Fervente défenseure de l’Ukraine, à la tête d’un pays sous la menace directe de la Russie de Vladimir Poutine, elle incarnerait une figure venue d’Europe de l’Est pour porter la lutte contre le Kremlin.

Au Parlement européen, Roberta Metsola vers une reconduction

Son élection à la tête du Parlement européen en 2022 avait été la source de controverses, notamment en raison de ses positions anti-avortement. Depuis, la Maltaise Roberta Metsola, issue de la droite européenne, a fait sa place au cœur des institutions européennes. Elle vise une réélection, qui ne devrait en principe pas lui échapper.

Cela est notamment dû à une forme d’accord informel entre la droite européenne et les sociaux-démocrates. Les deux forces, traditionnellement les plus largement représentées au Parlement européen, se redistribuent la présidence du Parlement européen tous les cinq ans. Il paraît donc probable que Roberta Metsola soit réélue cette année, avant de laisser sa place à un membre du camp social-démocrate en 2026.

Une Danoise à la tête du Conseil européen ?

Dernière grande institution européenne, et nouvelles tractations pour la présidence du Conseil européen, l’organisation qui réunit les 27 chefs d’Etat de l’UE. Ce poste a surtout un poste de médiateur, tout en assurant un rôle de représentation internationale pour l’union.

Un rôle loin d’être simple lorsqu’on connaît toutes les divergences qui peuvent exister entre les différents pays européens sur de nombreux sujets. Un simple veto permet à un seul Etat membre de bloquer bon nombre de décisions au Conseil, notamment en matière de politique étrangère. Un exemple parfaitement illustré par le long blocage, par la Hongrie de Viktor Orban, de l’aide de l’UE à l’Ukraine, qui aura mis plusieurs semaines à être levé.

Depuis 2019, c’est Charles Michel qui occupe ce poste, désigné par les chefs d’Etat de l’UE et renouvelé tous les deux ans et demi. Mais avec déjà deux mandats, l’ancien Premier ministre belge ne pourra être reconduit, selon les règles européennes. Pour sa succession, peu d’informations ont circulé jusqu’ici. Un nom revient néanmoins plus souvent que les autres : la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Issue du camp socialiste, particulièrement impliquée sur le dossier ukrainien mais également tenante d’une ligne très ferme sur l’immigration dans son pays, celle-ci pourrait faire office d’efficace juste milieu entre les différentes sensibilités politiques des gouvernements européens.




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