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Cercueils à la Tour Eiffel : des soupçons de manipulation étrangère


Les trois hommes soupçonnés d’avoir déposé samedi au pied de la tour Eiffel des cercueils portant l’inscription “Soldats français de l’Ukraine” ont échappé, lundi 3 juin, à une mise en examen pour “violences avec préméditation” et ont été placés sous le statut de témoin assisté, a indiqué le parquet. Alors que l’enquête ne fait que commencer, les regards se tournent vers l’étranger : l’un des hommes interpellés a en effet un lien avec un protagoniste d’une précédente affaire d’ingérence étrangère, celle des “mains rouges” taguées sur le Mémorial de la Shoah.

“Ces personnes demeurent donc libres. Il appartient au juge d’instruction de décider des suites qu’il entend apporter à sa saisine”, a ajouté le parquet de Paris. Les trois hommes sont le chauffeur de véhicule ayant transporté les cercueils, de nationalité bulgare et âgé de 38 ans, et deux autres hommes, l’un âgé de 25 ans, né en Allemagne, l’autre, de 17 ans, né en Ukraine, a précisé le parquet.

Vers 9 heures samedi, sur le quai Branly, ces trois personnes ont déposé “cinq cercueils de taille réelle recouverts d’un drapeau français, avec mention’soldats français de l’Ukraine'”, avait indiqué une source proche du dossier à l’AFP. Les cercueils “contenaient du plâtre”, avait-elle ajouté. Le chauffeur de la camionnette a ensuite été “interpellé aux abords” de la tour Eiffel, selon cette source.

L’exploitation de son téléphone a démontré un lien avec un homme, lui aussi de nationalité bulgare et qui avait été “identifié” par les enquêteurs dans l’affaire des tags “mains rouges” sur le Mémorial de la Shoah mi-mai, a précisé une source policière. Deux autres personnes ont ensuite été interpellées vers 16 heures à la gare routière de Bercy, alors qu’elles s’apprêtaient à “prendre un bus pour Berlin”, selon la source proche du dossier.

Payés 400 euros

Entendu, le conducteur a affirmé aux policiers ne pas connaître les deux jeunes ayant déchargé les cercueils. Il a dit les avoir rencontrés “la veille avec les cercueils et leur avait demandé de les ouvrir pour s’assurer qu’aucun corps n’était présent”, a détaillé à l’AFP une source policière.

Les deux plus jeunes ont déclaré s’être “rencontrés une fois à Berlin mais être venus séparément en France”, a ajouté cette source. Tous trois ont dit “être sans emploi et avoir besoin d’argent”, a encore dit la source policière. Le conducteur a déclaré “avoir été payé 120 euros pour cette mission et les jeunes 400 euros”. Les investigations ont été confiées à la Sûreté territoriale de Paris. L’enquête devra établir “une éventuelle ingérence étrangère”, avait dit dimanche la source proche du dossier. D’après le journal Le Monde, la principale piste pointe vers une opération pilotée par les services de sécurité russes.Le dépôt des cinq cercueils est “considéré comme un geste de violence psychologique, n’ayant pas causé d’incapacité de travail”, a précisé le parquet de Paris. Ce délit est passible d’une peine de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

Cet incident fait écho à deux récentes affaires où existent les mêmes soupçons de manipulation étrangère. Dans la nuit du 13 au 14 mai, des mains rouges avaient été taguées sur le mémorial de la Shoah à Paris et les policiers soupçonnent trois personnes ayant fui à l’étranger.

En octobre, après le début de la guerre Israël-Hamas, des étoiles de David avaient été taguées sur plusieurs façades d’immeubles en région parisienne. Les faits, pour lesquels un couple de Moldaves a été interpellé, ont été imputés par les autorités françaises aux services de sécurité russes (FSB). Dans les deux cas, ce sont “des commanditaires payés pour déstabiliser et appuyer sur les clivages de la société française”, a estimé mi-mai le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné.




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