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“Ils se sentent souvent très seuls” : quand les responsables RH craquent


“Si certaines entreprises sont aussi performantes ou innovantes, c’est parce qu’elles disposent d’un élément un peu spécial : leur personnel… Cependant, gérer ce personnel n’est pas une chose facile… La fonction Ressources humaines doit donc essayer d’utiliser au mieux cette ressource un peu spéciale, les hommes” : telle est la définition des RH donnée par le ministère de l’Economie. Pour le ministère du Travail, c’est “mobiliser au mieux les compétences de ses salariés en vue de développer sa compétitivité. Il s’agit de : repérer les droits et obligations en matière de droit social, et d’en informer les salariés ; accompagner les évolutions sociales, économiques, environnementales qui traversent les organisations et adapter en conséquence sa gestion des RH”.

Entre les deux, mon cœur balance/Je ne sais pas laquelle aimer des deux, dit la comptine. Qui l’emporte entre “ressources” et “humain”, entre Bercy et Grenelle, entre Bruno Le Maire et Catherine Vautrin ? “La plupart des DRH que je croise ont une importante “fibre humaine””, répond Nicolas Merlaud, cofondateur de Teale (plateforme de santé mentale pour les salariés et les entreprises). Pourtant, 64 % des personnels RH disent être en détresse psychologique (Baromètre 2022 d’Empreinte Humaine et Opinion Way) et 56 % ont exprimé le souhait de changer d’emploi dans les douze prochains mois(dix points de plus qu’en 2023, Etude 2024 du cabinet Robert Walters). Pourquoi ?

Sur-sollicités depuis la crise sanitaire

Commençons par le portrait-robot des professionnels RH. Sachez que 84 % sont des femmes, mais paradoxalement les postes de managers sont occupés à 64 % par des hommes. Une population de moins de 50 ans dans 70 % des cas, 34 % ont eu d’autres postes, ils sont 47 % à être à bac +5 au moins. Les assistants et chargés de mission gagnent moins de 1 957 euros net/mois, entre 2 617 euros et 2 950 euros pour les responsables ressources humaines et de 4 290 à 5 629 euros net/mois pour les directeurs des ressources humaines (Culture RH, novembre 2023) qui sont pour 64 %… des directrices (FoxRH 2023).

Leur quotidien ? Bureau et mail ouverts pour ce qui est pro, mais aussi pour le perso. “Ces profils ont tendance au surengagement. Quand ils ne reçoivent pas en échange de reconnaissance de la part de leur hiérarchie, leur confiance en eux-mêmes peut alors se briser”, analyse Nicolas Merlaud, qui estime que l’évolution du métier date de la crise sanitaire. Une opportunité pour eux de mettre en place de nouvelles organisations, notamment avec le télétravail, la visio, les besoins de flexibilité et toute la réglementation qui va avec.

“Depuis, cette sursollicitation ne s’est jamais arrêtée. Ils ont aussi un rôle de business partner, sont dans la stratégie. Ils ne se reposent plus”. Les dirigeants leur demandent de s’adapter sans cesse, de faire mieux avec moins de budget, d’être présents pour les gestions de crises et d’accompagner les transformations. “Certains clients m’expliquent qu’ils voient pleurer des personnes dans leur bureau ou en visio et que c’est très dur pour eux d’affronter ces situations, car ils ne sont ni psys, ni formés à vivre ces drames humains”, confie l’expert.

Santé mentale

Par ailleurs, comme les managers, les DRH doivent répondre à une double injonction : être présents pour les salariés et représenter l’employeur. “Il faut imaginer leur charge mentale et émotionnelle considérable lorsqu’il faut, par exemple, gérer un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) : auprès de qui le DRH peut-il se plaindre ? Il se sent souvent très seul”, constate Nicolas Merlaud qui préconise différentes pistes.

Prendre d’abord soin de soi pour prendre soin des autres. S’octroyer des pauses, l’introspection nécessaire. Faire appel à un tiers de confiance. “Parfois, c’est soit l’évitement pour lutter contre des pensées négatives, soit au contraire une hyperactivité pour les compenser : adopter une thérapie cognitive comportementale (TCC) fondée sur les pensées, les émotions et le comportement, est une solution intéressante”. Identifier les pensées irrationnelles et les remplacer par des pensées “antidotes” sans oublier que les émotions comme la tristesse sont passagères et normales. Il y a la relaxation, mais il y a aussi des outils comme la matrice Eisenhower pour lutter contre l’anxiété”. Se faire accompagner par un thérapeute. Oser parler au dirigeant si cela ne va pas et si c’est du côté des salariés, ne pas hésiter à remettre à plus tard pour ne pas tout prendre de face. Enfin, pour Nicolas Merlaud, le vrai défi des RH est de valoriser la santé mentale : “agir en prévention permettrait de faire diminuer les chiffres affolants du mal-être et in fine de renforcer la performance individuelle et collective, ainsi que l’engagement des salariés”.




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