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Présidentielle : la candidature de Mélenchon ? Une chance pour la gauche (et pour Ruffin)


A chacun de ses pas, la terre tremble. Jean-Luc Mélenchon effraie ses amis, ceux d’hier et d’aujourd’hui, ceux qui, téméraires, osent entrevoir un avenir sans lui. Une simple enquête de L’Express révélant que, clandestinement, des dîners autour du millionnaire Olivier Legrain réunissent depuis plusieurs mois des fortes têtes de la gauche – toutes les gauches ou presque – et voici que ces dernières reculent devant la crainte paralysante des représailles. Demi-tour, on préfère s’affamer plutôt que le fâcher.

Alors, comment ne pas être saisi par le découragement quand, au terme de plusieurs jours de suspense sur ses intentions élyséennes savamment entretenu par des adeptes du “journalisme d’invention” (sic), Jean-Luc Mélenchon se fend d’un long message sur X pour affirmer, non pas qu’il ne sera pas candidat, mais que “la date de la candidature insoumise n’est pas à l’ordre du jour” ? Mélenchon candidat à la présidentielle, Mélenchon candidat dès aujourd’hui, voilà pourtant l’unique espoir pour la gauche.

La possibilité d’un sursaut. Parce qu’ils auraient enfin la certitude que le chef ne cèdera jamais la place, affidés et aspirants potentiels pourraient cesser leur procastination. A l’absence de main tendue répondre par une franche émancipation. Face aux excès imposer la nuance. Repousser “le monde univoque” décrit par l’universitaire allemand Thomas Bauer dans son génial livre du même nom (Vers un monde univoque. Sur la perte d’ambiguïté et de diversité, éditions L’échappée) – et dont Mélenchon est sans doute à présent l’un des plus fervents représentants – et lui préférer la complexité, rêvons : la finesse. Sa candidature comme une libération !

La délivrance pour François Ruffin, surtout, député LFI de la Somme et successeur murmuré, trop bien élevé pour s’élancer sans l’appui du patron, trop modéré pour s’élancer avec l’appui du patron. “Moi, je change sur le ton, mais pas sur le fond”, assure-t-il un jour de septembre 2022 à Olivier Faure, selon le récit d’Olivier Pérou dans nos colonnes. “Vas-y, fais-le, dis autrement pour qu’on voie. Qu’est-ce que tu crois que ça va donner ? Rien du tout”, rugit Mélenchon en février 2024 en déplacement à Belfort. La riposte au lieu de l’adoubement. Limpide, mais en politique comme en amour, il faut parfois une détonation pour tourner le dos. L’énième, la quatrième candidature du leader Insoumis pourrait être celle-là.

Rêvons encore… Débarrassé de la perspective absurde d’obtenir la veille de l’élection présidentielle de 2027 le soutien mélenchoniste, François Ruffin aurait-il présenté des excuses après ses propos sur le genre, prononcés sur France info ? Interrogé sur la pertinence de la loi permettant aux mineurs de 16 ans de changer de genre en Espagne, le député Insoumis avait répondu : “Pour moi le cœur du sujet c’est le travail, le partage des richesses, c’est la démocratie. Je pense qu’on a une société profondément fracturée en France […], dans ce climat-là, il faut de l’apaisement, de la stabilité, reconstruire des ponts, et réparer les fractures et ne pas les creuser davantage, on ne va pas faire tout ce qui nous passe par la tête, on ne pas faire tout ce qui est peut-être bon en soi, mais chercher les chemins qui permettent de réconcilier la société. […] Ce n’est pas ça qu’on doit placer au cœur de notre projet.” Devant le tollé provoqué dans les rangs Insoumis, enseveli sous les condamnations publiques de ses amis, Ruffin n’avait pas tardé à reculer, renonçant à défendre sa ligne consistant à faire du combat social sa priorité. L’intempérance ou la mort.

Mélenchon candidat, serait-ce la fin d’un jeu d’équilibriste qui freine Ruffin plus qu’il ne le sert ? Mélenchon candidat c’est, pour Ruffin, la perte immédiate et durable des troupes les plus radicales de la France insoumise. C’est par conséquent, la renaissance immédiate de sa capacité à faire la fameuse union de la gauche, celle sans laquelle pour 2027, tout succès paraît compromis. Les ponts qu’il espère reconstruire, les fractures qu’il entend réparer, ne le seront pas tant que rode à ses côtés le démolisseur en chef, fasciné par la figure de Robespierre. Chaque pas de côté sera sanctionné. “La justice prompte, sévère, inflexible.” Vite une candidature de Mélenchon, vite la rupture !





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