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L’alliance Ciotti-RN vue par la presse étrangère : “Une épreuve de vérité pour les conservateurs”


En acceptant la main tendue du Rassemblement national (RN), Eric Ciotti s’est mis à dos l’entièreté de sa famille politique. Au micro de BFM TV, la sénatrice LR Agnès Evren a assuré que le président des Républicains serait destituer “à 15 heures” lors de la réunion du bureau politique de l’héritier du parti gaulliste, selon la formule consacrée. Le député sortant des Alpes-Maritime, qui a fait fermé en fin de matinée le siège de son parti, peut peut-être se consoler en voyant que son coup politique fait la une duGuardian (centre gauche) ce mercredi 12 juin.

“Le chef de file Les Républicains souhaite une alliance avec le Rassemblement national, parti d’extrême droite français”, titre ainsi le quotidien britannique. Preuve que le séisme provoqué par l’ancien questeur du Palais Bourbon dépasse largement les frontières de l’Hexagone. “Le pare-feu s’effondre en France”, résume le magazine allemand Der Spiegel (centre gauche). Un coup de poker qui s’ajoute à celui d’Emmanuel Macron, qui a dissous l’Assemblée nationale au lendemain des élections européennes, mais qui n’étonne en rien nos voisins transalpins.

“Trop identitaire et anti-immigration pour représenter véritablement l’héritage gaulliste du parti, trop fasciné par l’Italie et son union des droites, trop ambitieux pour laisser passer la chance de gagner les prochaines élections et peut-être un ministère de poids”, évacue le quotidien Corriere della Sera(centre droit) rappelant qu’Eric Ciotti est “le premier dirigeant [NDLR : de droite] à rompre le ‘cordon sanitaire’ anti-Le Pen”. Une notion amenée par Jacques Chirac dans les années 1980 pour signifier son opposition ferme à toute alliance avec le Front national d’alors, note le journal télévisé allemand Tagesschau.

Ciotti, en rupture avec l’héritage de son parti

Outre-Quiévrain, La Libre Belgique (droite) souligne notamment qu’un accord entre le parti crée par Jacques Chirac en 1976 et celui de Jean-Marie Le Pen serait “le premier de ce genre en France entre la droite classique héritière du gaullisme et l’extrême droite héritière d’un parti fondé par des néonazis”. En s’engageant sur cette voie, le jusqu’à présent président des Républicains s’écarte indéniablement de la ligne directrice qui a façonné l’histoire de sa famille politique. Ainsi, le suisse Le Temps (centre, libéral) titre-t-il : “Eric Ciotti (…) donne au passage une ‘claque au passé’ de son parti.”

Et provoque sinon sa disparition, à minima sa dispersion. “La décision, annoncée par son président, provoque un séisme au sein du parti et le place au bord de l’éclatement”, pressent le quotidien espagnol El Mundo(centre-droit, libéral). De concert avec le Corriere della Sera, qui accuse Eric Ciotti d’avoir acté “la division du parti et provoqué une probable scission”. Une aubaine pour le RN, qui ressortirait fort d’une double victoire. Premièrement, élargir son cercle à droite.

Un adoubement du RN ?

Deuxièmement, franchir l’ultime étape de son projet de dédiabolisation, en raccrochant à sa locomotive une formation politique qui compte parmi ses ancêtres pas moins de trois présidents de la République.

“Le Pen, avec ce processus de normalisation de son discours politique, a réussi à convaincre Eric Ciotti que le reste [NDLR : les partis de gauche] représentait une plus grande menace pour le pays”, conclut El Mundo(centre-droit). Tout en nuançant la portée d’une initiative définie ce mardi par de nombreux cadre Les Républicains comme “personnelle”. “Le reste des dirigeants de la famille politique y sont totalement opposés”, précise ainsi le journal espagnol.

Tagesschaudresse ainsi le portrait d’une période de bascule, où l’incertitude règne en maître. “Les conservateurs français sont confrontés à une épreuve de vérité. La question centrale : doivent-ils conclure une alliance électorale avec l’extrême droite du Rassemblement national, s’interrogent nos confrères d’outre-Rhin. Et d’ajouter : “Eric Ciotti accepte (…) de briser un tabou”. Et alors que la réponse à la question “combien le suivront ?” semble avoir été donnée, on peut dès à présent se demander sous quelle étiquette Eric Ciotti fera sa rentrée dans l’hémicycle.




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