Et maintenant, la dissolution ! Ce second quinquennat est décidément à nul autre pareil. Le dernier remaniement avec Gabriel Attal à sa tête est déjà loin, les élections européennes sont à peine terminées que le président décide de convoquer des élections législatives. Plus que jamais, en coulisses, les uns apprennent à esquiver les croche-pattes, les autres se familiarisent avec l’art du complot, bref, tout le monde prépare l’après-Emmanuel Macron avec rigueur et détermination.
Le service politique de L’Express propose de vous aider à suivre, grâce à un rendez-vous hebdomadaire, les progrès de ces ambitieux qui espèrent gravir, vite et sans se blesser, les marches du pouvoir.
Une formation contre l’antisémitisme pour les élus du nouveau “Front populaire”
Si l’accord n’est pas encore entériné, c’est que ça coince sur bien des points, et pas des moindres. Sur la répartition des circonscriptions il va de soi, mais aussi sur le programme et notamment le volet antisémitisme. Tout le monde se souvient des récents propos de Jean-Luc Mélenchon, qui crée la polémique en affirmant sur son blog que “l’antisémitisme reste résiduel en France”. Changement de ton chez les insoumis dans ces négociations, désormais prêts à parapher un document qui reconnaît une “explosion” de l’antisémitisme en France, le condamne “d’où qu’il vienne.”
“On leur a fait dire des choses qu’ils n’ont jamais dites. Ce sera écrit noir sur blanc”, explique un négociateur. Il a aussi été réclamé une “formation” de lutte contre l’antisémitisme aux élus du Front populaire, qu’ils soient insoumis, écolos, socialistes ou communistes. Un point qui a crispé LFI. Ce serait reconnaître des fautes qu’ils jurent n’avoir jamais commises.
Ciotti : LR veut se blinder juridiquement
La guérilla politico-judiciaire ne fait que commencer. Les opposants d’Eric Ciotti – soit la quasi-totalité des cadres LR – vont confirmer ce jeudi soir l’exclusion du député des Alpes-Maritimes de la formation de droite, lors d’un nouveau bureau politique en visio. Ce “BP” vise à sécuriser juridiquement la sanction déjà prise mercredi lors d’un premier BP. Mais ce n’est pas tout. Le parti pourrait ensuite saisir la justice afin qu’elle prenne des “mesures exécutoires” envers Eric Ciotti, pour qu’il cesse de se prévaloir de la qualité de président de LR. Avec les avantages afférents.
“Il faut qu’on prenne la main juridiquement, note un dirigeant LR. Il cherche à nous tuer.” Eric Ciotti s’en remet lui aussi au droit. La justice examinera vendredi un recours déposé par le Niçois contre son exclusion du parti.
Cachez ce Macron que je ne saurais voir
En 2022, Clément Beaune, ancien conseiller à l’Elysée, avait mis la photo d’Emmanuel Macron sur son tract pour sa législative à Paris. Pas cette fois ! Dans sa circonscription, l’ancien ministre affronte entre autres un candidat LR… qui serait soutenu par Rachida Dati, la ministre de la Culture.
Dati et Darmanin jubilent
Rachida Dati a vite compris en quoi la nouvelle situation politique pouvait la servir. “Elle avait plutôt l’air très contente, raconte une ministre. Comme c’est une bonne politique formée chez les LR, elle se dit que la dissolution est la bonne manière de tuer tout prétendant en germe pour la mairie de Paris.”
Gabriel Attal, la ministre de la Culture vous salue ! De son côté, Gérald Darmanin n’est pas mécontent non plus. “Il se dit qu’il peut récupérer la présidence du groupe Renaissance à l’Assemblée et se débarrasser d’Attal à Matignon”, raconte un député.
L’Elysée remarque Cazeneuve
Depuis que Bernard Cazeneuve a appelé au “rassemblement de tous les Républicains ardents pour conjurer le chaos” mettant en garde contre l’alliance de la gauche avec La France insoumise, “des contacts sont noués avec le parti” d’Emmanuel Macron, selon un proche du président. Ce dernier, qui entretient depuis 2017 des relations “en dents de scie”, dixit le même interlocuteur, avec l’ancien Premier ministre socialiste, serait-il prêt à lui offrir un ministère au lendemain des législatives ? “Il est prêt à ouvrir les bras !” L’enthousiasme paraît un peu moins net quand le nom d’Anne Hidalgo surgit dans la conversation. La maire de Paris a pourtant, elle aussi, exprimé clairement son désaccord concernant la formation d’une alliance avec Mélenchon.
Quelle femme écolo pour affronter… l’écolo Julien Bayou ?
Parmi les nombreux dossiers chauds du Front populaire, il y a la circonscription de l’écologiste Julien Bayou. L’ancien patron d’EELV, qui a claqué la porte de la maison verte, est sous le coup d’une enquête interne pour violences psychologiques. Il s’est annoncé candidat là où il avait été largement élu en 2022, dans la cinquième circonscription de Paris. Quoi qu’il en soit, le parti écologiste envisage d’investir quelqu’un d’autre face à lui. Deux noms circulent avec insistance, et pas n’importe lesquels. Deux femmes, figures féministes, Raphaëlle Remy-Leuleu et Alice Coffin, toutes deux élues écologistes au conseil de Paris.
Toussaint : avoir raison trop tôt…
Les soutiens de Marie Toussaint, tête de liste EELV aux européennes (5,5 %), grincent des dents. “Voir Tondelier et Cormand qui ont défendu, en dépit du bon sens, la liste autonome aux européennes, mener les négos pour l’union… C’est sûr que ça ne manque pas de sel !”, souffle son entourage.
Les relations entre la tête de liste et la direction du parti se sont tendues au gré de la campagne. Et par voie de presse, la candidate lançait même quelques piques à la patronne des Verts, affirmant dans plusieurs interviews qu’elle “n’était pas la plus opposée à une liste unique”. De quoi se consoler, malgré le mauvais score, d’avoir eu raison trop tôt…
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