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Revers en justice, menace aux législatives… la sale journée de Rachida Dati


Il y a des journées où les mauvaises nouvelles s’accumulent. Rachida Dati l’a vécu ce mardi 2 juillet, entre des déboires judiciaires qui se confirment et le désaveu politique d’une partie de la majorité présidentielle à son encontre.

La ministre de la Culture a d’abord vécu un important revers devant la justice. La cour d’appel de Paris a rejeté sa demande de faire reconnaître la prescription des faits et donc de mettre fin aux poursuites pour corruption qui la visent dans un volet de l’affaire Ghosn. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris “n’a pas fait droit à la demande de Rachida Dati” ce mardi, ont déclaré à la presse deux de ses avocats, Mes Olivier Pardo et Olivier Bluche. Une source judiciaire a confirmé cette décision auprès de l’AFP.

“Le fond n’est pas du tout tranché. Le problème est que le temps est un outrage à la mémoire. Il est difficile d’appréhender une affaire quinze ans après les faits”, ont réagi dans un communiqué Mes Olivier Pardo et Olivier Baratelli, autre avocat en défense, annonçant se pourvoir en cassation.

Mise en examen depuis juillet 2021

L’ancienne garde des Sceaux et actuelle maire du VIIe arrondissement de Paris est mise en examen depuis juillet 2021 pour corruption et trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public. Dans cette information judiciaire, ouverte depuis 2019, le Parquet national financier (PNF) doit prochainement rendre ses réquisitions avant que les juges d’instruction ne tranchent sur la tenue d’un procès, ou non, devant le tribunal correctionnel contre elle et l’ancien patron du groupe automobile Renault-Nissan.

La menace d’un procès “fait partie effectivement des éventualités mais à ce stade, la procédure va suivre son cours avec les voix de recours”, a commenté Me Bluche. Rachida Dati est soupçonnée d’avoir perçu 900 000 euros de la part de RNBV, filiale de l’alliance Renault-Nissan, sans contrepartie d’un travail réel, entre 2010 et 2012, alors qu’elle était avocate et députée européenne (2009-2019). Les investigations ont cherché également à déterminer si cette convention d’honoraires aurait pu servir à masquer une activité de lobbying au Parlement européen, interdite à tout élu.

Dans ce dossier, Carlos Ghosn, qui vit au Liban, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis avril 2023. L’ancien magnat de l’automobile et la ministre de la Culture contestent toute irrégularité. Rachida Dati a multiplié les recours tout au long de la procédure. La chambre de l’instruction avait déjà refusé en 2021 de constater la prescription des faits reprochés. C’est sur la base d'”éléments nouveaux, fondamentaux” que les avocats de Mme Dati avaient assuré avoir saisi les juges d’instruction puis la cour d’appel, pour obtenir, en vain, la prescription des faits.

La rancune amère de Gilles Le Gendre

Sur le volet politique également, la ministre de la Culture a été prise à partie ce mardi, par son propre camp. Alors que l’un de ses proches candidat au nom du camp présidentiel, Jean Laussucq, s’est qualifié en seconde position dans la 2ème circonscription de Paris (regroupant le 5e arrondissement ainsi qu’une partie du 6e et du 7e arrondissement) avec 23,6 % des voix, loin derrière la candidate socialiste Marine Rosset (33,4 %), celui-ci n’obtiendra pas le soutien du dissident Renaissance Gilles Le Gendre. L’ancien président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, qualifié en troisième position avec 19,6 % des voix, va même plus loin : alors qu’il comptait dans un premier temps maintenir sa candidature, celui-ci se désistera finalement… en expliquant qu’il voterait pour la candidate du Nouveau Front populaire.

“La manœuvre a donc réussi, consistant à préférer à un soutien de la première heure d’Emmanuel Macron des ralliés de circonstance, procureurs résolus de son action depuis 2017. J’en tire la conséquence en retirant ma candidature”, affirme Gilles Le Gendre dans un communiqué. Mais hors de question pour l’ancien journaliste d’apporter son soutien à Jean Laussucq, adjoint de la maire du VIIe avec qui il entretient de longue date de mauvaises relations.

“Le candidat de Mme Dati doit assumer le discrédit de la figure politique dont il est la créature et dont la nomination récente au gouvernement a représenté une trahison des idéaux d’éthique politique et des promesses de renouvellement des pratiques politiques portés par Emmanuel Macron en 2017”, écrit l’ancien député. Ainsi, celui-ci écrit qu’il mettra dimanche dans l’urne “un bulletin de la candidate socialiste Marine Rosset”, une personne dont “je connais l’attachement aux valeurs démocratiques, républicaines et universalistes”, a précisé Gilles Le Gendre, qui l’avait battue au second tour pour sa réélection en 2022.

Le soutien de l’aile gauche macroniste

Difficile d’estimer à quel point ce choix pourrait être suivi ce dimanche par les électeurs macronistes de la circonscription, alors que les listes cumulées de Jean Laussucq et de Gilles Le Gendre devancent assez largement celle de la candidate socialiste au premier tour. Mais ce choix a en tout cas été salué par plusieurs figures de l’aile gauche de l’ex-majorité présidentielle, à commencer par Clément Beaune. Ce dernier, éliminé au premier tour dans une autre circonscription parisienne, a salué sur X le “choix de clarté et de transparence” de Gilles Le Gendre, qui a été selon lui la “cible de manœuvres écœurantes”. “Digne et honorable, les valeurs qui te caractérisent mon ami. Tu as tout mon respect !”, a de son côté réagi l’ex-président de la commission des lois Sacha Houlié, lui aussi tenant d’une ligne plus à gauche au sein de la Macronie.

Durant la campagne du premier tour, Gilles Le Gendre avait reçu le soutien de plusieurs figures du camp présidentiel, telles Richard Ferrand, Agnès Buzyn, ou encore la présidente sortante de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.

La maire Horizons du Ve arrondissement, Florence Berthout, a quant à elle appelé les électeurs de M. Le Gendre à voter pour Jean Laussucq, soit le “camp des modérés contre les alliés de l’extrême gauche”. Le maire LR du VIe arrondissement, Jean-Pierre Lecoq, partisan de l’alliance entre son parti et Renaissance en vue des municipales de 2026, a lui aussi appelé à voter pour Jean Laussucq face à la “coalition d’extrême gauche”. Si Rachida Dati pensait compter sur l’appui de toute la Macronie pour devenir maire de la capitale dans deux ans, un premier élément de réponse a été donné ce mardi.





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