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Une France ingouvernable, le scénario du pire pour la filière nucléaire


Avant même le résultat du second tour des législatives, les experts de l’énergie s’interrogent. Et si, à la suite du scrutin, la France retombait dans ses travers et ne prenait aucune direction claire en matière de politique énergétique ? Certes, il est encore prématuré de tirer ce genre de conclusions. Cependant, l’hypothèse vraisemblable d’une majorité introuvable à l’Assemblée risque bien de conduire à une absence de décision.

“Les grands acteurs de la filière s’inquiètent, confirme une source. Mettons-nous à leur place. Pour embaucher et former du personnel, investir dans des usines et des machines, il faut que derrière, il y ait une relative certitude que tout cela servira à quelque chose, et que les dépenses engagées ne deviendront pas impossibles à amortir”. En d’autres termes, les entreprises de la filière ont besoin de lisibilité. Or les programmes électoraux, à gauche comme à droite, soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Nombre d’observateurs se demandent comment le RN pourrait appliquer son programme, qu’il s’agisse du calendrier serré de livraison des futures centrales ou de la mise en place d’un prix français de l’électricité. Côté Nouveau Front populaire, le fait d’avoir mis la question du nucléaire sous le tapis le temps du vote crée également de l’incertitude.

Un expert tente de positiver : “si le Nouveau Front populaire n’a pas voulu aller loin sur les questions énergétiques, cela veut dire qu’il a en son sein des personnes favorables au nucléaire”. Toutefois, le pire pour la filière serait un scénario de type “stop and go”. Par exemple, sur les EPR, le gouvernement déciderait bien d’en faire six mais au-delà, cela resterait flou. Le lobby des énergies renouvelables en profiterait pour marteler son discours : c’est trop cher et trop long à construire…

Un espoir pour les sujets “techniques”

Les hésitations et les errements de la politique énergétique ont déjà coûté cher au pays, concluait l’enquête parlementaire sur la perte de l’indépendance énergétique menée en 2023. Il y a deux ans, la France risquait le blackout en raison d’une insuffisance de capacité de production pilotable d’électricité. Aujourd’hui, elle souffre toujours de prix de l’électricité élevés. Ces derniers sont désormais 2 à 3 fois plus hauts qu’aux Etats-Unis ou en Asie, participant au décrochage de l’Europe et de la France.

Malgré l’inflexion récente en matière de nucléaire, l’équilibre entre production et consommation restera fragile, jusqu’à la mise en service de nouveaux réacteurs. “Soyons réalistes, il faudra faire des compromis. Si personne n’obtient de majorité forte, on n’aura ni la prolifération nucléaire que prône le Rassemblement national, ni l’arrêt voulu par certains de ses adversaires. Au moins, si on additionne ce qui reste de Renaissance, LR et Rassemblement national, il y a clairement une majorité pour ne pas modifier la loi sur la fusion de l’ASN et de l’IRSN”, anticipe un spécialiste.

“Je pense qu’on va avoir un Parlement incapable de légiférer sur des questions politiques et régaliennes. Cependant, dans ce contexte, les sujets techniques pourraient trouver un petit espace. Mon espoir, c’est que l’on puisse, avec plusieurs groupes de sensibilités très différentes, faire avancer quelques dossiers en cours et notamment celui de la relance du nucléaire”, glisse un fin connaisseur de l’Assemblée. Si on n’y arrivait pas, ce serait une catastrophe pour l’avenir”.




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