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Fico, Abe, Bolsonaro : avant Trump, ces tentatives d’assassinat contre des figures politiques


Le visage ensanglanté, Donald Trump, 78 ans, quitte l’estrade le poing en l’air. Samedi 13 juillet, l’ex-président américain a reçu une balle dans l’oreille. Il a été victime d’une tentative d’assassinat au cours d’un meeting à Butler (Pennsylvanie), lors duquel le tireur et un passant ont été tués, et deux spectateurs grièvement blessés.

Les images, qui ont fait le tour du monde, ne sont pas sans rappeler d’autres tentatives similaires, déjà contre des dirigeants politiques, aux Etats-Unis et à travers le monde, avec des conséquences politiques souvent retentissantes.

Robert Fico, le Premier ministre slovaque

Le 15 mai dernier, le Premier ministre slovaque Robert Fico, âgé de 59 ans, a été touché par quatre balles tirées à bout portant après une réunion délocalisée du gouvernement dans le centre du pays – une attaque qui lui a valu deux longues interventions chirurgicales. À la suite de l’attentat, le tireur présumé, identifié par les médias slovaques comme le poète Juraj Cintula, 71 ans, a été inculpé pour attaque terroriste et placé en détention provisoire.

Robert Fico est sorti de l’hôpital deux semaines après l’attentat, le 31 mai, et a fait sa première apparition publique lors d’une cérémonie près de Bratislava, le 5 juillet. En raison de ses blessures, il marche avec une béquille et a aussi visiblement perdu du poids. Le Premier ministre slovaque dirige une coalition tripartite composée de son parti centriste Smer-SD, du parti centriste Hlas et du parti d’extrême droite SNS. Ce gouvernement a suscité de vives critiques après avoir adopté des lois considérées comme mettant en péril la liberté de la presse et l’indépendance de la justice, ainsi que pour avoir mis fin à l’aide militaire à l’Ukraine.

Au Japon, Shinzo Abe assassiné en plein meeting

C’était le 8 juillet 2022 : l’ex-Premier ministre japonais Shinzo Abe succombait après avoir reçu une balle lors d’un meeting électoral à Nara, dans l’ouest du pays. Âgé de 67 ans, l’ancien chef de l’exécutif était sur scène dans le cadre d’un rassemblement de campagne pour les sénatoriales, quand son assaillant l’a attaqué.

Tetsuya Yamagami, 41 ans, avait déclaré à la police avoir ciblé l’ancien dirigeant japonais car il en voulait à une organisation religieuse qui aurait extorqué de l’argent à sa mère, la secte “Moon”, avec qui il accusait Shinzo Abe d’avoir des liens. Ce meurtre avait suscité une vive émotion au Japon et à l’étranger. Shinzo Abe était en effet le Premier ministre à être resté le plus longtemps au pouvoir au Japon – en poste en 2006 pour un an, puis de nouveau de 2012 à 2020.

Jair Bolsonaro, poignardé au Brésil en pleine campagne

L’ancien chef d’Etat brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro avait été poignardé alors qu’il était encore candidat à l’élection présidentielle, le 6 septembre 2018, par un ancien militant de gauche. Ce dernier avait alors dit à la police avoir agi “sur ordre de Dieu”. Âge de 63 ans au moment des faits, Jair Bolsonaro se trouvait dans la ville de Juiz de Fora (Minas Gerais), lorsqu’il a été victime d’une attaque au couteau pendant un bain de foule. Touché à l’abdomen, il avait subi une hémorragie interne.

Dans des déclarations à TV Globo, l’avocat de l’agresseur, Pedro Augusto Lima Possa, avait déclaré que celui-ci l’avait assuré avoir agi “pour des motifs religieux, de type politique et également en raison des préjugés que montre Bolsonaro à chaque fois qu’il parle de race, de religion et des femmes”. Grand admirateur de la dictature militaire (1964-1985) et habitué des dérapages racistes, misogynes ou homophobes, Jair Bolsonaro avait ensuite gagné l’élection. À l’époque, l’attaque avait particulièrement galvanisé ses supporters.

Les États-Unis, une longue histoire de violences contre des dirigeants

La tentative d’assassinat contre Donald Trump, samedi, s’inscrit dans une histoire des Etats-Unis émaillée de violences politiques. La dernière tentative d’assassinats a visé l’ancien président, Ronald Reagan. Le 30 mars 1981, le républicain est grièvement blessé par un déséquilibré, John Hinckley Jr., en sortant de l’hôtel Hilton à Washington. Il est resté douze jours à l’hôpital.

Une vingtaine d’années plus tôt, le démocrate John F. Kennedy était, lui, assassiné le 22 novembre 1963, à Dallas. Ce jour-là, vers 12 h 30, tandis que la limousine présidentielle fend la foule, des coups de feu retentissent : John Fitzgerald Kennedy s’effondre, sa femme Jackie à ses côtés. Le 35e président américain est déclaré mort à 13 heures depuis l’hôpital. La commission sur l’assassinat de JFK a conclu en 1964 que Lee Harvey Oswald, un ancien commando marine qui avait vécu en Union Soviétique, avait agi seul. Le frère de JFK, Robert Kennedy, “Bobby”, sénateur de New York et en campagne cette année-là pour la présidence des États-Unis, a également été abattu dans un hôtel de Los Angeles, en 1968.

Quatre présidents américains assassinés

En tout, quatre présidents ont été assassinés durant leur mandat. A commencer par Abraham Lincoln en 1865, tué dans sa loge du Théâtre Ford à Washington par un acteur, John Wilkes Booth. Moins connue, la seconde victime fut James Garfield, 20e président des États-Unis, mort des suites d’une attaque en 1881 dans la gare de Washington.

William McKinley, 25e président des États-Unis, est également décédé après avoir été blessé le 6 septembre 1901 par un anarchiste, alors qu’il recevait des personnalités à l’exposition panaméricaine de Buffalo. D’autres tentatives d’assassinat ont été dirigées contre des présidents américains comme Andrew Jackson, Theodore et Franklin Roosevelt, Gerald Ford ou encore Ronald Reagan – mais sans succès.

La tentative d’assassinat de Donald Trump est un révélateur des tensions politiques constantes qui traversent une société américaine à cran. Lors de la dernière présidentielle, certains agents électoraux avaient déjà dit avoir constaté une hausse des menaces et intimidations envers des candidats.




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