“Si les élections se jouaient aujourd’hui, je n’ai pas de doute que Donald Trump l’emporterait.” Pour Nicole Bacharan, politologue et spécialiste des États-Unis, la tentative d’assassinat contre l’ex-président républicain, lors d’un meeting samedi 13 juillet en Pennsylvanie, “chamboule totalement la campagne américaine”. Après cette fusillade, dont l’ancien pensionnaire de la Maison-Blanche est ressorti blessé à l’oreille, avec du sang sur le visage mais le poing levé, “Donald Trump a fait son entrée dans l’histoire des héros américains”, estime la politologue.
“Cette image d’un candidat ensanglanté, qui se relève avec sang-froid, déterminé, le drapeau américain flottant en fond, restera gravée dans les mémoires”, poursuit la spécialiste. Un symbole qui contraste avec les difficultés actuelles du président démocrate Joe Biden, candidat à sa réélection, mais dont les doutes grandissent sur sa capacité à diriger le pays, alors qu’il est apparu affaibli ces dernières semaines. “On a, d’un côté, un candidat solide comme un roc, et de l’autre, un président qui a perdu de son aura politique. Biden va avoir extrêmement de mal à rivaliser”, analyse-t-elle.
Risque de polarisation politique
Quelques heures après le choc, les Etats-Unis se réveillent dans la crainte d’un regain des tensions politiques. Bien que l’assaillant présumé, Thomas Matthew Crooks, âgé de 20 ans, a été identifié par le FBI comme étant un militant républicain, cela n’a pas empêché les partisans de Donald Trump de se déchaîner contre le camp Biden, l’accusant d’avoir ouvert la voie à l’agression en multipliant, selon eux, les appels à la haine contre leur candidat. Le sénateur de l’Ohio, James David Vance, potentiel colistier de Donald Trump, a déclaré sur les réseaux sociaux que la fusillade “n’était pas simplement un acte isolé”, rapporte le Washington Post, qui énumère des dizaines de déclarations accusatrices contre l’actuel président des États-Unis.
@lexpress L’ex-président américain Donald Trump, blessé à l’oreille, a échappé samedi à une tentative d’assassinat lors d’un meeting d’une campagne électorale désormais bouleversée. Donald Trump, âgé de 78 ans, a été évacué, le visage ensanglanté, après la fusillade survenue à Butler, en Pennsylvanie (nord-est). Avant que les agents ne l’emmènent jusqu’à un imposant véhicule noir, il a levé un poing en direction de la foule, en signe de défi. #Trump
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“Les attaques contre les démocrates sont inimaginables, poursuit Nicole Bacharan. Les plus fervents supporters de Donald Trump, qui accusent depuis des mois Joe Biden et l’État profond américain de manipuler la justice pour faire emprisonner leur candidat, estiment aujourd’hui qu’on a voulu le faire assassiner.” Le corps républicain retourne désormais la rhétorique du président des États-Unis à son encontre, résumant la campagne à une bataille entre “la démocratie”, incarnée par Donald Trump, et “le fascisme”, que seraient les démocrates.
Cette tentative d’assassinat n’est pas sans rappeler celle dont a été victime l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro il y a quelques années, un des alliés de Donald Trump à l’international. Attaqué au couteau lors d’un acte de campagne dans la ville de Juiz de Fora, en 2018, cet événement avait permis au populiste de galvaniser ses soutiens et de l’emporter. “Nous ne sommes pas à l’abri d’un scénario similaire”, estime Nicole Bacharan.
Les tentatives de violences à l’encontre de présidents américains sont nombreuses dans l’histoire des États-Unis. Le pays ne les banalise pas pour autant. “Souvent, cela amène à une demande politique en faveur de plus d’ordre et de sécurité, une thématique favorable aux Républicains, ce qui laisse à penser que la campagne est pratiquement déjà jouée”, conclut la spécialiste.
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