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Jeux olympiques : huit livres qui racontent les petites histoires derrière la grande compétition

Géostratégix. Un monde de jeux

Par Pascal Boniface et Tommy (Dunod Graphic, 128 p., 21,90 €)

Et de trois ! Après les deux tomes BD de “vulgarisation” Géostratégix, “La géopolitique mondiale de 1945 à nos jours” (vendu à 60 000 exemplaires depuis septembre 2022, selon Edistat) et “Les grands enjeux du monde contemporain” (quelque 20 000 exemplaires depuis septembre 2023), voici Géostratégix. Un monde de jeux, toujours concocté par la paire Pascal Boniface-Tommy, le premier étant géopolitologue et fondateur de l’institut Iris, et le second, dessinateur et diplômé en sciences politiques. Un beau duo qui, encore une fois, réussit à nous instruire tout en nous divertissant. Il s’agit donc ici des JO, racontées par le prisme des relations internationales. Et c’est passionnant, tant on voit que les Jeux olympiques de l’ère moderne (nés en avril 1896 à Athènes sous l’impulsion du baron Pierre de Coubertin) sont intimement liés aux soubresauts géopolitiques de la planète.

Quand la paire Pascal Boniface – Tommy nous raconte les Jeux olympiques par le prisme des relations internationales.

Les auteurs ont découpé leur album BD en six parties, de “la renaissance de l’olympisme” aux “jeux de Paris en 2024”, en passant par “la tourmente des guerres mondiales”, “la guerre froide”, “des boycotts à l’universalisme” à “la mondialisation”. Tout y est, traité avec sérieux et humour : les JO de la honte, les boycotts, l’apartheid sud-africain, les bisbilles entre les deux Chine, le faux amateurisme des sportifs soviétiques, les attentats terroristes, la corruption de membres du CIO, etc. Passent aussi les ombres d’Emil Zatopek, d’Abebe Bikila, de Tommie Smith et John Carlos, de Władysław Kozakiewicz, de Carl Lewis, de Michael Phelps, d’Usain Bolt…

Boniface et Tommy nous rafraîchissent la mémoire en nous rappelant, par exemple, que la distance du marathon (42,195 kilomètres, soit du château de Windsor au White City Stadium) est fixée lors de l’édition de Londres 1908 ; qu’une bagarre générale éclate le 6 décembre 1956 lors de la demi-finale de water-polo Urss-Hongrie (un mois après l’arrivée des chars soviétiques à Budapest) ; que 10 jours avant la cérémonie d’ouverture des JO de Mexico 1968, la police mexicaine massacre 325 étudiants à Tlatelolco ; que 15 pays, dont la France et le Royaume-Uni, participent aux JO de Moscou 1980 sous bannière neutre ; que les joueuses de beach-volley russes et géorgiennes s’embrassent aux JO de Pékin 2008 alors que leurs pays viennent d’entrer en guerre ; qu’aux JO de Tokyo 2021, 29 athlètes participent au sein de l’équipe de réfugiés… Comme une bonne leçon de relations internationales et d’universalisme. Souhaitons à ce troisième tome de Géostratégix de monter à son tour sur le podium des ventes.

Les Pourquoi des Jeux olympiques

Par Philippe Vandel.

Kero, 304 p., 18,50 €.

Le journaliste Philippe Vandel aime répondre aux “Pourquoi”. Il en a choisi 75, en apparence originaux, voire loufoques, se rapportant tous aux Jeux olympiques ou plus exactement à la pratique sportive. Malgré le côté “gadget” du procédé, l’on convient sans mal que son ouvrage apporte moult informations précieuses ou (et) amusantes. Prenons, au hasard, le tennis. On tombe sur cette première question : “Pourquoi le système de comptage des points au tennis est-il si compliqué ?” Réponse : il est l’héritier du jeu de paume, très en vogue à l’époque de la Révolution et qui se combinait à celui de “gagne-terrain”, le joueur remportant son premier point avançant de 15 pieds, puis de 15 autres pieds lors de son deuxième point…

Le journaliste Philippe Vandel répond à 75 “pourquoi” ayant trait à la pratique sportive.

Autre question ayant trait à la petite balle jaune : “Pourquoi un court de tennis fait-il la taille d’un court de tennis ?” Réponse : Comme pour la dimension des autres terrains (de rugby, de basket, de hand-ball, de volley, etc.), il s’agit là de décisions empiriques, dépendant de la portée maximale de la balle. “Plus la balle va loin, plus le terrain est grand.”. Enfin, “Pourquoi les joueurs de tennis poussent-ils des hurlements ?” Réponse : Crier en frappant la balle augmente la puissance de 4 à 5 %, et peut perturber votre adversaire. Du coup, depuis 2022, les joueurs ne doivent plus dépasser les 100 décibels… Bon, il n’y a pas que le tennis dans la vie, il y a aussi le foot, l’équitation, la natation… et autant de questions à découvrir dans ces Pourquoi vandeliens.

Merci Alice

Coordination Mejaline Mhiri et Anne Thirion.

Solar, 274 p., 29,90 €.

Son nom ne vous dira pas grand-chose, et pourtant, son rôle fut déterminant. Derrière ce Merci Alice, se faufile Alice Milliat (1884-1957), la grande oubliée de l’histoire du sport français, qui combattit pour l’égalité d’accès des femmes et des hommes à tous les sports. Après avoir donné ses premiers coups de rame en aviron à Londres, elle fonde la Fédération Sportive Féminine Internationale (FSFI) en 1919 et organise des Jeux olympiques féminins à Paris en 1922, face à un Pierre de Coubertin pour le moins frileux à cet égard. Mais le succès de ces événements est tel que le CIO autorise enfin en 1928 les femmes à concourir dans le sport roi de l’olympisme moderne : l’athlétisme.

Pour rendre hommage à la pionnière Alice Milliat (1884-1957), cet album salue toutes les médaillées françaises féminines.
Pour rendre hommage à la pionnière Alice Milliat (1884-1957), cet album salue toutes les médaillées françaises féminines.

Pour rendre hommage à cette pionnière, Merci Alice salue toutes les médaillées féminines (dont une vingtaine de médaillées paralympiques) qui ont façonné l’histoire du sport français, autant dire qu’il s’agit d’un ouvrage de poids. Orchestrées par ordre alphabétique, voici la judokate Clarisse Agbégnénou, médaillée d’or à Tokyo 2021, Emilie Andéol, judokate elle aussi, sacrée à Rio 2016, Marina Anissina, championne de danse sur glace à Salt Lake City 2002, Félicia Ballanger, triple championne olympique de vitesse en cyclisme à Atlanta 1996 et à Sydney 2000, la biathlète Florence Baverel, championne olympique du sprint à Turin 2006…. Soit 80 portraits de championnes réalisés par 80 journalistes de l’association Femmes Journalistes de Sport.

Plus vite, plus haut, plus sport !

Scénariste Julien Hervieux, collectif de dessinateurs.

Fluide Glacial, 68 p., 16,90 €.

Voici une BD fort sympathique dont le sous-titre, “Les folles anecdotes de l’histoire du sport”, donne bien le ton. Dix histoires, aussi véridiques que baroques, ponctuent cet ouvrage scénarisé par Julien Hervieux égayant à plus d’un titre. Prenez “La terrible histoire de la voiture-balai” dessinée par Etienne Le Roux. On y apprend que la voiture-balai du tour de France a été instaurée en 1910 pour dissuader les tricheurs. Jusque-là, en effet, nombreux étaient les coureurs qui empruntaient des moyens de locomotion pas franchement homologués (voitures, trains) pour effectuer leur étape. D’autres n’hésitaient pas à mettre des clous sur la chaussée ou à faire bastonner les coureurs de tête. Reste que la triche (moins créatrice) n’a pas totalement disparu. Il est aussi question du marathon de Paris “organisé” (le mot est usurpé) en 1900. Du grand n’importe quoi, du grand chaos, nous rappellent les auteurs Julien Hervieux et Fred Remuzat. Rien n’avait été prévu : ni le ravitaillement en eau, alors qu’il fait plus de 35 degrés en ce 19 juillet, ni l’arrêt de la circulation, ni le fléchage du parcours… A mourir de rire, ou de pleurer.

Une BD fort sympathique dont le sous-titre, “Les folles anecdotes de l’histoire du sport”, donne bien le ton.

Et puis il y a Roland Garros, croqué par Cédrick Le Bihan. Un casse-cou, apôtre du danger, as de l’aviation, héros de guerre, qui va s’illustrer dans quantité de sports, à l’exception du… tennis. On parle aussi avec Julien Solé du médaillé d’or de natation aux JO de Stockholm 1912, de l’Hawaïen Duke Kahanamoku, grand diffuseur du surf dans le monde, qui sera aussi le shérif d’Honolulu trente ans durant. Le légendaire Milon de Crotone, Kathuna Lorig, l’archère de l’extrême, Raoul Paoli, le colosse sportif, Kathrine Switzer, la marathonienne frondeuse… les portraits se succèdent, sous le sourire du lecteur.

Je me souviens… de la foulée de Pérec (et autres madeleines sportives)

Sous la direction de Benoît Heimermann.

Seuil, 224 p., 19,90 €.

Le livre est sorti en janvier et nous avons largement puisé dedans pour égrener une série de “Je me souviens…” dans la newsletter des JO de L’Express. Alors, rendons-lui hommage encore une fois car cet ouvrage collectif dirigé par le journaliste, auteur et éditeur Benoît Heimermann est une mine de pépites. Ils sont 27 écrivains à avoir joué le jeu du souvenir, qui nous entraînent, sans effort, d’une ville, d’une discipline et d’une époque à l’autre. Commençons par Melbourne, 1956, avec Evelyne Bloch-Dano, qui applaudit le marathon d’Alain Mimoun. Quatre ans plus tard, à Rome, François-Henri Désérable nous entraîne sur le ring en compagnie de Cassius Clay. Puis c’est Mexico, 1968 : Philippe Delerm salue le révolutionnaire de l’Oregon Dick Fosbury, tandis que Paul Fournel rappelle la disqualification (pour deux bières ingurgitées) du pentathlonien suédois Hans-Gunnar Liljenwall. A Munich, en 1972, bientôt endeuillé par le massacre opéré par le commando palestinien, Mark Spitz remporte sous les yeux éblouis de Colombe Schneck ses sept médailles d’or et l’Allemand Klaus Wolfermann lance son javelot à 90,48 mètres au grand étonnement de Thierry Frémaux. En 1976, à Montréal, place à Maylis de Kerangal et à Philippe Claudel, tous les deux fascinés par Nadia Comaneci.

Quand 27 écrivains se remémorent leur JO favori
Quand 27 écrivains se remémorent leur JO favori

On citera aussi Barcelone 1992, et ses aficionados, Kaouther Adimi (l’Algérienne Hassiba Boulmerka et sa médaille d’or du 1 500 mètres) et Maria Larrea (le saut en longueur de Carl Lewis). Et encore Nathacha Appanah, Jérôme Garcin, Éric Fottorino, Pierre Assouline, Luc Lang, Erik Orsenna, François-Guillaume Lorain, etc. : tous nous enchantent, nous faisant regretter la pénurie française de grands romans “musclés”, malgré un sursaut depuis les années 2000 avec Echenoz, Hatzfeld, Duluc, Guez, Assouline, Lola Lafon…

Chamonix 1924. Les premiers Jeux olympiques d’hiver

Dirigé par Juien Sorez.

Glénat, 192 p., 35,95 €.

Elle s’appelait “la Semaine internationale des sports d’hiver de Chamonix-Mont-Blanc” et fut reconnue comme premiers Jeux olympiques d’hiver deux ans plus tard par le CIO. Cette fameuse “Semaine”, réunissant 260 sportifs de 16 nationalités, s’est déroulée du 25 janvier au 5 février 1924, soit il y a cent ans. Un bel anniversaire rehaussé par l’annonce, fin novembre 2023, du choix par le CIO de la candidature des Alpes françaises pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 2030 – une décision suspendue depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Plongeons dans ce beau livre collectif, dirigé par l’historien du sport Julien Sorez, récit des grandes heures et des coulisses des premiers Jeux de l’or blanc.

Le récit des grandes heures et des coulisses des premiers Jeux de l'or blanc.
Le récit des grandes heures et des coulisses des premiers Jeux de l’or blanc.

En premier lieu, ce sont bien les illustrations, pour la plupart inédites et merveilleusement désuètes, qui attirent l’œil. Vêtements “vintage”, équipements dépassés, affiches flamboyantes… le tout reflétant à merveille les années 1920. Et puis il y a les athlètes, bien sûr, le patineur de vitesse américain Charles Jewtraw, 1er médaillé des JO, la patineuse artistique autrichienne Herma Szabo-Planck, 1ère médaillée, l’équipe suisse de bobsleigh, médaille d’or, etc. Enfin, il y a ici tous les Chamoniards, qui ont œuvré à la promotion de la cité alpine, le maire, Jean Lavraire, Alfred Couttet, le créateur de l’école de ski, Roger Frison-Roche, le secrétaire du syndicat d’initiative… A offrir, malicieusement, à tous les contempteurs des JO.

A lire aussi :

Quand les champions étaient des dieux. Aux origines des Jeux olympiques, par Pascal Charvet et Annie Collognat. Libretto, 272 p., 10,50 €.

Ou lhistoire de ces premières olympiades qui durèrent douze siècles, de 776 avant J.-C. à 393 après J.-C., date de leur interdiction par l’empereur Théodore Ier, par le linguiste helléniste et inspecteur général de l’Education nationale Pascal Charvet et l’agrégée de lettres classiques (et traductrice en latin du 33e album d’Astérix) Annie Collognat. A travers les récits des plus belles empoignades, les auteurs nous rappellent combien l’émulation des athlètes antiques dans la confrontation avec l’autre était composée d’un mélange de rivalité et d’amitié. Et que le but était de gagner, au prix de sa propre vie.

Meurtre aux Jeux olympiques, par Violaine Vanonyeke. Le Masque poche, 240 p., 8,90 €.

Pour une plongée dans les Jeux antiques, se déroulant en l’occurrence à Olympie (interdit aux femmes), en Grèce, il y a quelque 2 000 ans. L’auteure semble tout connaître des mœurs de l’époque, qui faisaient de ces Jeux quadriennaux l’événement majeur du bassin méditerranéen et pouvaient changer la vie des vainqueurs, leur offrant richesse et honneurs. Quant à l’intrigue, elle se situe à Elis, centre de préparation des Jeux et met aux prises Rosalis, grande prêtresse de la formation d’athlètes dans son école “Victoire” d’Alexandrie, et son mari, Costas, un piètre individu, arrogant et infidèle. Rosalis a disparu, ses amis et le chef de la police enquêtent…




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