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Cérémonie d’ouverture des JO : la cinglante défaite des VRP de la sinistrose


En annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier, Emmanuel Macron avait fait le pari d’une “clarification” qui… n’a pas eu lieu. D’aucuns connaissent le goût prononcé du chef de l’Etat pour le théâtre mais c’est d’un metteur en scène que cette clarification promise est finalement arrivée ce 26 juillet 2024 : Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris.

Première clarification : malgré les plaies béantes de la société française et les discours de division que les extrêmes aiment faire souffler dessus, cette flammette d’unité qui rassemble encore la population n’est pas complètement éteinte. Ce soir-là, les Français n’ont toujours pas de nouveau gouvernement, mais ils sont 23 millions devant leur télévision à regarder un show spectaculaire et inédit. Signant au passage la deuxième meilleure audience de l’histoire de la télévision hexagonale. Les Français ont-ils apprécié ? Selon un sondage Harris, plus de 85 % d’entre eux ont jugé le spectacle réussi. Seules 5 % des personnes interrogées l’ont trouvé “pas du tout réussi”. “Nous sommes plus nombreux à vouloir bien vivre ensemble, mais nous sommes moins bruyants… sauf hier soir”, s’est réjoui Thomas Jolly au lendemain de l’événement.

Ici intervient la deuxième clarification : profondément divisés dans les urnes, les Français se sont retrouvés et mis d’accord, au moins le temps d’une soirée, sur l’envie d’avoir un cap, un récit, une vision pour leur pays, ce qui fait tant défaut depuis longtemps dans la classe politique. Ce soir-là, cette vision, aussi court-termiste fut-elle, nous la dûmes à l’homme qui a relancé avec succès Starmania l’an passé. Une vision légère certes -, point question ici de réforme des retraites ou du budget de la France -, qui a permis aux Français de trouver le soleil au milieu de leur nuit : une nation créative, audacieuse, talentueuse dans sa diversité, qui assume ses différences, son irrévérence et son côté “champagne”.

Ainsi, 19h30, premiers frissons. Le gong de la cérémonie d’ouverture retentit au son de Parade, le thème musical officiel des Jeux olympiques de Paris composé par Victor Le Masne (connu pour avoir travaillé avec Juliette Armanet ou encore le groupe Justice). Dans la foulée, le Pont d’Austerlitz disparaît derrière un épais nuage bleu blanc rouge. Nous voici subitement replongés dans la France des années Champs-Élysées de Michel Drucker et son inoubliable générique (pas l’original mais celui relifté dans les dernières années de l’émission). Ce temps où les Français se massaient encore devant la télévision le samedi soir pour regarder le même programme.

Marion Maréchal, Mélenchon, Rohff… Même combat

En tribune, Emmanuel Macron, lui, semble avoir du mal à décocher un sourire. Pourtant, la cérémonie d’ouverture est une ode de trois heures trente au “en même temps”. Du métal épousant du lyrique, du voguing côtoyant la bourrée auvergnate, une pop star américaine reprenant du Zizi Jeanmaire ou encore ce pas de deux improbable entre Aya Nakamura et la Garde républicaine. Des délégations qui défilent en bateau sur une playlist qui voit se succéder Véronique Sanson, Desireless, Sheila, Michel Polnareff, Justice, Gala ou Europe, pour ne citer qu’eux. Et les Français, depuis les quais ou depuis leur salon, ont célébré. Savouré. Communié. Sachant ranger leurs divergences et faire la part des choses quand quelque chose de plus grand qu’eux est en jeu, quand quelque chose de majestueux est sous leurs yeux. Démentant au passage le tweet rageux de Marion Maréchal posté à 21h14 : “Difficile d’apprécier les rares tableaux réussis entre les Marie-Antoinette décapitées, le trouple qui s’embrasse, des drag-queens, l’humiliation de la Garde républicaine obligée de danser sur du Aya Nakamura, la laideur générale des costumes et des chorégraphies. On cherche désespérément la célébration des valeurs du sport et de la beauté de la France au milieu d’une propagande woke aussi grossière”.

“La Garde républicaine obligée de danser sur du Aya Nakamura” ? : “C’était incroyable pour nous, croyez-le”, réagira le lendemain le chef de la musique de la Garde républicaine. “Un trouple qui s’embrasse ?” : plutôt une version moderne du “ménage à trois” popularisé grâce au Germinal de Zola. Une formule dont raffolent, qui plus est, les Anglo-Saxons et dont la littérature et le cinéma français regorgent d’exemples. “On cherche désespérément la célébration des valeurs du sport” ? : encore eut-il fallu patienter jusqu’au fabuleux passage de relais de la flamme entre Charles Coste, le plus ancien champion olympique encore en vie, et le duo Teddy Riner-Marie-José Pérec. Elle n’est pas la seule.

“Le déluge qui s’est alors abattu sur la Ville Lumière ne peut être qu’une punition divine. À quelque chose, malheur est bon : après cette soirée apocalyptique, je suis devenu croyant”, a raillé de son côté le philosophe Alain Finkielkraut. Insupportable spectacle pour les VRP du déclin que celui d’une France qui sort un instant de la sinistrose dans laquelle leur argumentaire vise toujours à l’enfermer. Bonne nouvelle : qu’ils soient politiques, éditorialistes ou intellectuels, de droite ou de gauche, nombreuses étaient les personnalités ce soir-là à avoir arrêté un instant de croiser le fer pour saluer collectivement “un de ces événements qui marquent une génération”. Bien entendu, chacun a le droit de ne pas avoir adhéré à l’intégralité du spectacle et de porter un regard critique sur certains tableaux. Mais ici se trouve une autre clarification : il est des voix qui, dans leur obsession d’une France condamnée à l’échec, refuseront toujours de faire la part des choses. Elles ne se déferont jamais de l’image d’un pays qui va mal : et pour cause, elle est leur carburant, leur ivresse. En approuvant massivement la cérémonie d’ouverture, les Français leur ont apporté un cinglant démenti.

Le spectre des anti-blasphème

Ironiquement, à la gauche de la gauche, Jean-Luc Mélenchon, lui aussi, n’a “pas aimé la moquerie sur La Cène chrétienne : à quoi bon risquer de blesser les croyants ?”. Du pain béni pour les sympathisants d’extrême droite, qui n’ont pas manqué de relever sur X : “Si même Jean-Luc Mélenchon n’a pas apprécié la décapitation de Marie-Antoinette et La Cène woke, ça donne le ton sur le mauvais goût de ces passages !”.

C’est peut-être bien ici que se situe la dernière clarification : dans ce brouhaha d’indignations, semble se dessiner, à nouveau, le spectre des anti-blasphème. Une cause que l’on aurait sans doute tort de sous-estimer, à en juger par les surprenantes alliances qu’elle est capable de faire naître. Ainsi, ce tweet du rappeur Rohff le 27 juillet : “Une pensée pour les Chrétiens qui eux comme nous musulmans, respectent les gens du livre. La cérémonie des JO fut malheureusement le théâtre du satanisme décomplexé sur l’espace public, aux yeux du monde entier. Le mépris des religions vient de faire date. Manquait plus que l’antéchrist…”.

Parodie de La Cène ? Reproduction du banquet des dieux de l’Olympe ? Qu’importe ! Au pays de Charlie Hebdo, d’avoir blasphémé, on ne s’excusera jamais.




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