La rumeur planait depuis ce mercredi. Elle s’est finalement confirmée ce jeudi 1er août. Le journaliste américain Evan Gershkovich, condamné à 16 ans de prison en Russie en juillet pour “espionnage”, a été libéré des geôles du Kremlin dans un important échange de prisonniers entre Washington et Moscou, affirment plusieurs médias américains dont Bloomberg, une information confirmée par les autorités turques. Le journaliste du Wall Street Journal serait actuellement en route pour quitter la Russie, ont affirmé des sources au fait des tractations auprès de l’agence de presse américaine. La Turquie aurait coordonné à Ankara un échange de vingt-six prisonniers entre la Russie et plusieurs pays occidentaux.
Parmi les autres personnes échangées, la Russie a également libéré Paul Whelan, ancien marine américain détenu depuis 2018 par le Kremlin. De l’autre côté, le président russe Vladimir Poutine avait évoqué lui-même comme possible monnaie d’échange le cas de Vadim Krassikov, en prison en Allemagne pour l’assassinat d’un ex-commandant séparatiste tchétchène attribué aux services spéciaux russes.
Le plus important échange depuis la Guerre froide ?
Plus tôt ce jeudi, le Kremlin s’était refusé à confirmer ce possible échange de prisonniers. “Je n’ai toujours pas de commentaire à faire à ce sujet”, avait déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Mais un indice avait indiqué un possible rebondissement. Ces derniers jours, au moins cinq opposants russes, ainsi qu’un Russo-Allemand condamné pour “trahison” et un militant ayant “coopéré avec l’Ukraine”, tous emprisonnés en Russie, avaient été transférés vers des destinations inconnues, selon leurs proches et des ONG. Ce phénomène inhabituel avait fait naître des rumeurs sur un possible échange de prisonniers imminent qui devrait aussi concerner le journaliste américain Evan Gershkovich. Cet échange pourrait en tout cas être le plus important entre Moscou et les Occidentaux depuis la Guerre froide.
Une accusation d’espionnage jamais étayée
Reporter reconnu pour son professionnalisme, Evan Gershkovich avait été arrêté fin mars 2023, alors qu’il était en reportage à Ekaterinbourg, dans la région de l’Oural. L’accusation d'”espionnage” n’a jamais été étayée par la Russie, et le journaliste, sa famille, ses proches ainsi que la Maison-Blanche dénonçaient une affaire montée de toutes pièces. Il avait finalement été condamné à 16 ans de prison, devant purger sa peine dans une colonie pénitentiaire à “régime sévère”, ce qui signifie des conditions de détention très strictes.
Le procès du journaliste, après 16 mois de détention, avait été expéditif. Toute la procédure avait été placée sous le sceau du secret et rien n’avait filtré du huis clos imposé par les autorités. Mais sa condamnation était surtout une condition préalable à un possible échange de prisonniers avec Washington, Moscou n’échangeant des détenus que s’ils sont condamnés. Chose faite, donc.
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