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Paris 2024 : comment l’extrême droite italienne surfe sur les polémiques


En cet été olympique, l’Italie est plus intéressée par les coulisses des compétitions que par les performances sportives. En une semaine, pas moins de trois polémiques se sont hissées sur le podium de l’actualité, saturant l’espace médiatique transalpin.

Dernière en date, mais première si l’on considère le flot de réactions indignées et les prises de position politiques : l’abandon d’Angela Carini. L’athlète napolitaine a jeté les gants quelques secondes après le début des huitièmes de finale du tournoi de boxe féminin, ce jeudi 1er août 2024. Face à elle une Algérienne, Imane Khelif, cible d’un harcèlement en ligne inédit de la part de simples internautes mais aussi de figures de premier plan de l’extrême droite italienne.

Les coups les plus durs ont été assénés par Matteo Salvini, vice-président du conseil et leader de la Ligue du Nord, relayant des fake news d’origines russes. “Cette scène est vraiment peu olympique, estime-t-il. Honte à ces bureaucrates qui ont permis un match qui évidemment n’était pas à armes égales. La participation de la boxeuse trans algérienne est une gifle à l’éthique du sport et à la crédibilité des JO. Arrêtons avec la folie de l’idéologie woke !”

Les photographies de Giorgia Meloni consolant Angela Carini ont largement été relayées sur les réseaux sociaux, accompagnées du commentaire de la présidente du Conseil italien jugeant que “les athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admis aux compétitions féminines”. Elle a d’ailleurs rencontré les dirigeants du CIO exigeant des explications.

“Le crépuscule de l’Occident”

Imane Khelif, qui avait été disqualifiée des Mondiaux de boxe 2023, n’est ni un homme, ni un athlète trans comme le dénoncent ses détracteurs mais une femme hyperandrogène, c’est-à-dire avec des taux d’hormones masculines élevés. Une précision dont ne s’embarrasse pas Elon Musk. Le propriétaire de X a alimenté la polémique en repostant une publication selon laquelle “les hommes n’ont rien à faire dans les sports de femmes”, suivie d’un hashtag en soutien à Angela Carini.

J.K. Rowling, l’autrice de la saga Harry Potter, a renchéri. “Expliquez-moi pourquoi vous acceptez qu’un homme frappe une femme en public pour le divertissement. Ce n’est pas du sport”, a-t-elle tweeté.

X est un ring sur lequel tous les coups sont permis. Ils pleuvaient dru dès le lendemain de la cérémonie d’ouverture des JO. Là encore l’extrême droite italienne s’est érigée en porte-drapeau de ceux qui ont été indignés par le détournement LGBT + de “La Cène”, célèbre tableau représentant le dernier repas du Christ, bien que le metteur en scène de la cérémonie Thomas Jolly y voit davantage un clin d’œil à une peinture centrée autour de Dionysos.

“Ouvrir les JO en insultant des milliards de chrétiens à travers le monde a vraiment été de très mauvais débuts, chers Français. Sordides”, a fustigé Matteo Salvini. “C’est le crépuscule de l’Occident” lui a fait écho Tommaso Foti, chef du groupe du parti de Giorgia Meloni au Sénat. “On ne savait pas qu’il était nécessaire de mettre des images blasphématoires au lieu des athlètes au centre de la manifestation”, a-t-il dénoncé sur Facebook.

Le gouvernement italien cherche surtout à placer au centre du débat les questions identitaires et sociétales. Malgré la poussée de l’extrême droite, Giorgia Meloni et Matteo Salvini ont essuyé une humiliante défaite dans leur lutte pour conquérir un rôle pivot dans les nouveaux équilibres des institutions européennes. Ils préfèrent ainsi jouer sur un terrain qui leur est plus favorable et qui a l’avantage de remobiliser leur camp sans les obliger à honorer d’onéreuses promesses. Ces polémiques sportives instrumentalisées politiquement permettent de marquer facilement des points dans les “guerres culturelles” qui agitent actuellement l’Occident, opposant “progressistes” et “réactionnaires”. Giorgia Meloni n’oublie pas qu’elle a bâti son succès sur les mots d’ordre “Dieu, Famille, Patrie”, haranguant la foule et revendiquant sa fierté d’être “une femme, une mère, italienne, une chrétienne…”. Mieux vaut raviver la flamme tricolore que celle olympique.




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