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Pourquoi le Royaume-Uni est secoué par des manifestations violentes d’extrême droite


Un commissariat et des commerces incendiés, pillés par des manifestants, qui, armés de pierres et de bouteilles de verre, attaquent des policiers. La scène s’est produite samedi 3 août à Sunderland, une ville de l’est de l’Angleterre. Mais d’autres manifestations, émaillées de violences similaires, ont eu lieu dans de nombreux autres coins du pays, de Londres à Manchester, et jusqu’à Belfast, en Irlande du Nord. Le point commun de ces rassemblements ? Des slogans anti-immigration et anti-musulmans.

Le Royaume-Uni a vécu, samedi, sa sixième journée d’émeutes. Elles ont débuté après le meurtre au couteau de trois fillettes à Southport, dans le nord-ouest de l’Angleterre, lundi 29 juillet. Peu après, des rumeurs ont commencé à circuler, relayées par des personnalités de la droite dure, sur la religion et l’identité de l’agresseur présumé, Axel Rudakubana, un jeune homme de 17 ans. Un démenti de la police, dénonçant des fausses informations, n’a pas suffi à calmer ce départ de violences.

Policiers blessés, rues saccagées

A Liverpool, ville populaire du nord-ouest du pays, des manifestants ont jeté des chaises, des briques et d’autres projectiles sur les forces de l’ordre, a constaté un photographe de l’AFP. “Plusieurs policiers ont été blessés alors qu’ils faisaient face à des désordres graves dans le centre-ville de Liverpool”, a indiqué sur X la police du Merseyside.

A Manchester, des échauffourées ont eu lieu entre des manifestants et la police, qui tentait d’éviter des affrontements avec des contre-manifestants. A Nottingham et à Belfast, la police a aussi dû s’interposer entre des divers groupes violents. A Hull, dans le Nord-Est, les vitres d’un hôtel utilisé pour héberger des demandeurs d’asile ont été brisées, selon la BBC. Plusieurs policiers ont également été blessés lors de “graves troubles” dans le centre-ville de Liverpool, où des briques, des bouteilles et une fusée éclairante ont été lancées. Deux policiers ont été hospitalisés, rapporte The Guardian.

Au total, plus de 90 personnes ont été arrêtées samedi dans tout le pays, toujours selon la BBC. “Certains des suspects et des responsables (de ces violences) ont déjà été arrêtés, font l’objet d’inculpation et sont en détention, et ce n’est que le début. La population a le droit de se sentir en sécurité”, a déclaré la ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, à des médias britanniques. L’inquiétude est particulièrement vive parmi les responsables religieux musulmans, alors qu’une mosquée a été prise pour cible à Sunderland vendredi, comme à Southport lors de précédents heurts, mardi.

Des réseaux sociaux à la rue

Les autorités et de nombreux responsables politiques ont fermement condamné ces violences, la ministre de l’Intérieur promettant que les émeutiers “paieront le prix de leur violence et de leur comportement de voyous”. Keir Starmer, chef du gouvernement depuis à peine un mois, a réuni en urgence par téléphone ses principaux ministres et a affirmé qu’il ne pouvait y avoir “aucune excuse à la violence”, selon un porte-parole de Downing Street. Il a aussi réitéré son soutien à la police afin qu’elle décide de “toutes les actions nécessaires pour garder les rues sûres”.

De nombreux responsables politiques et dirigeants d’association ont par ailleurs dénoncé l’influence de la désinformation dans ces heurts, et la responsabilité des réseaux sociaux, au premier rang desquels X. “L’un des facteurs clés dans cette propagation de la désinformation en ligne a été la décision d’Elon Musk d’autoriser des militants de droite tels que Tommy Robinson à revenir sur sa plateforme de médias sociaux X”, a déclaré Joe Mulhall, directeur de recherche à “Hope not Hate”, une organisation antifasciste. D’après The Guardian, le militant Tommy Robinson a organisé une manifestation à Londres, à laquelle ont participé plus de 20 000 personnes. “Nous n’avions pas vu un tel rassemblement depuis 2018” et son bannissement de Twitter, analyse Joe Mulhall.

D’après plusieurs médias britanniques, le ministre secrétaire à la Technologie, Peter Kyle, s’est entretenu avec des sociétés de médias sociaux au sujet de la désinformation diffusée en ligne. “De toute évidence, nous devons faire plus parce que, vous avez tout à fait raison, il y a eu cette propagation de fausses informations qui a causé des problèmes cette semaine”, a répondu la ministre d’Etat aux crimes et à la police à un journaliste de la BBC, samedi.

Pour la secrétaire générale du Conseil musulman du Royaume Uni, Zara Mohammed, ces tensions sont le résultat d’un “sentiment anti-migrants et islamophobe qui s’étend largement”, y compris parmi la classe politique, avait-elle affirmé vendredi à l’AFP. Lors des dernières élections législatives en juillet, et alors que la lutte contre l’immigration illégale était au cœur de la campagne, le parti anti-immigration Reform UK a fait une percée surprise, envoyant cinq députés au Parlement.





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