* . * . * .

“C’est magique” : au Parc des Champions du Trocadéro, le sacre des médaillés olympiques


On pourrait croire aux premières minutes du concert d’une superstar. Debout devant leurs sièges chauffés par le soleil brûlant, 13 000 spectateurs s’apprêtent à accueillir leur nouvelle idole au Parc des Champions, stade dressé le temps des Jeux olympiques au milieu des jardins du Trocadéro, dans le VIe arrondissement de Paris. Pour les chanceux arrivés assez tôt pour se trouver une place en tribune, la vue est à couper le souffle : la scène qui accueille les athlètes fait face à la majestueuse Tour Eiffel, éclairée par les reflets dorés de la fin d’après-midi, tandis que le Palais Chaillot sert de luxueux arrière-plan à l’entrée des artistes. Pour les spectateurs qui se pressent dans la fosse, le spectacle n’est pas moins magique : sans avoir déboursé un centime, ils pourront presque toucher les athlètes internationaux qui défileront à quelques mètres à peine.

La musique monte d’un cran, et sur les écrans géants, le visage de Léon Marchand finit par apparaître. La foule exulte. Le jeune homme de 22 ans, qui a décroché quatre médailles d’or en quatre jours durant les épreuves de natation de cette première semaine des JO, s’élance des coulisses avec un large sourire aux lèvres. Le Toulousain n’a plus rien du timide nageur des premiers jours de la compétition : lunettes de soleil sur le nez, il prend possession de la scène torse nu, acclamé par le public. Vite rejoint par les autres membres de l’équipe de France – qui ont également fait tomber la chemise -, les Bleus vont vibrer les supporters, qui entament religieusement un “clapping” lancé par Florent Manaudou. Le porte-drapeau français tente de répondre aux questions de l’animatrice, mais son intervention est masquée par les “Florent” scandés par les spectateurs, qui laissent rapidement place aux premières notes de La Marseillaise. Le “roi Léon”, lui aussi, est largement plébiscité par ses fans, qui martèlent un tonitruant “Merci Léon” durant toute la longueur de son intervention.

Sur la scène, la légende de la natation Michael Phelps, qui a inauguré quelques minutes plus tôt la cérémonie, montre également son admiration pour le jeune nageur, levant son bras vers les photographes et les caméras en signe de victoire. A leurs côtés, la médaillée d’argent aux 1 500 mètres nage libre femmes Anastasiia Kirpichnikova, tout aussi célébrée, se prête aux jeux des selfies, posant volontiers au rythme de l’hymne olympique ou de la musique de Gala, Freed from desire. Dans les tribunes, Louis est conquis. “Pour moi, la natation est le meilleur sport des JO. Et voir ces athlètes de légende ici, à quelques mètres de moi et de manière totalement gratuite, c’est magique !”, commente ce Parisien, venu encourager les Français avec sa compagne. Pour sa voisine de gradin Julie, qui habite également la capitale, l’occasion était trop belle : “Je suis venue pour l’ambiance JO, profiter un peu de ce cadre incroyable, et voir notre nouvelle star”, glisse-t-elle en désignant Léon Marchand du regard. Il y a deux semaines, la jeune femme n’avait encore jamais entendu parler du nageur, et ne connaissait pas la dizaine d’athlètes qui se succèderont sur scène pour célébrer leur victoire. “Mais honnêtement, les JO m’ont donné envie de regarder plus de compétitions, et de m’intéresser un peu plus au sport !”, admet-elle dans un sourire.

“Ça nous permet d’avoir notre petit bout de JO”

La Francilienne n’est pas la seule à s’être laissée séduire par l’ambiance bouillonnante de la compétition dans les rues de Paris. Chaque après-midi depuis le 29 juillet, le même ballet se répète aux alentours de la place du Trocadéro. Lorsque le Parc des Champions est ouvert, des milliers de touristes, de fans de sport ou de simples curieux commencent à affluer, vers 16 heures, depuis les bouches de métro ou les rues adjacentes. Portant fièrement le drapeau, le maillot ou les couleurs de leur nation, ils avancent à pas pressés, déterminés à rendre hommage aux athlètes qui les ont fait vibrer durant les 24 ou 48 heures précédentes. Les places sont rares, et nombreux sont les retardataires à exprimer leur frustration lorsque les bénévoles leur refusent l’accès aux jardins : la jauge est limitée à 13 000 spectateurs, et les premiers arrivés sont les premiers servis. Dans la file qui mène au stade éphémère, des accents italiens, serbes, britanniques ou portugais se mêlent aux commentaires de Français encore époustouflés par la prestation de Léon Marchand, ou subjugués par les performances du judoka Teddy Riner.

Chaque soir, les tribunes désertes se remplissent en quelques minutes d’une foule hétéroclite, internationale, chauffée à blanc par les animateurs et les bénévoles. La veille, lundi 5 juillet, Alexandre perdait déjà sa voix avant même le début des festivités. Après trois jours de fermeture, le Parc des Champions vient alors de rouvrir, et ce vingtenaire est bien déterminé à faire la fête. “L’ambiance ici est fantastique, 13 000 personnes qui hurlent, dansent, chantent, applaudissent le sport… Je ne voulais louper ça pour rien au monde”, confie-t-il à L’Express. Même joie du côté d’Aline, mère de trois enfants spécialement venue du Pas-de-Calais. “Nous, on n’a pu voir aucune épreuve, parce que les places étaient bien trop chères. Alors ça nous permet d’avoir notre petit bout de JO à nous, que les enfants se souviennent de cet événement historique”, plaide-t-elle en agitant un éventail. Il fait plus de 30 degrés, et la famille attend depuis 15 heures dans l’espoir d’obtenir des places assises.

A 17h30, le spectacle d’ouverture peut enfin commencer : en ce début de semaine, 30 danseurs menés par le chorégraphe Mourad Merzouki débarquent sur la scène, et enchaînent les figures, perchés sur des échasses, à rollers ou en BMX. Des olas traversent les rangs du public, tandis que des drapeaux de toutes les couleurs s’agitent en prévision du défilé à venir. Le Norvégien Markus Rooth, médaillé d’or du décathlon qui s’est déroulé le samedi précédent, est le premier à ouvrir le bal. Puis, sous les applaudissements du public, le tennisman Novak Djokovic fait son entrée, provoquant les hurlements du public. Angela en a les larmes aux yeux : cette jeune Serbe de 20 ans, qui habite à Paris depuis quelques mois, n’aurait jamais cru voir son idole “en vrai”. “Jamais de ma vie je n’aurais pu me payer des places pour Roland-Garros, et on ne sait pas encore quelle sera la suite de sa carrière. Le voir ici, le fait de pouvoir l’applaudir, c’est une occasion unique !”, s’exclame-t-elle en agitant son drapeau aux couleurs de son pays. Autour d’elle, les spectateurs scandent inlassablement le nom de “Djoko”, lui-même emporté par les émotions du public. “Vous avez été le soutien le plus incroyable du monde, vous avez une énergie de dingue”, souligne le médaillé d’or, avant de rejoindre les coulisses sur la chanson de Queen We will rock you, reprise en chœur par 13 000 voix.

Dans une ambiance électrique se succèdent ainsi les cyclistes Valentin Madouas et Christophe Laporte, respectivement médaillés d’argent et de bronze, l’archère médaillée de bronze Lisa Barbelin, ou encore l’équipe de France de judo, menée par Teddy Riner. A l’apparition du quintuple médaillé d’or olympique – dont trois en individuel -, les cris redoublent : le champion n’était pas annoncé dans la programmation du soir. “Mais c’est Teddy, il est là ! Il est venu !”, s’exclame Myriam. La Parisienne donne de la voix, lance une ola, une Marseillaise. “Il faut l’honorer comme il se doit, c’est un peu notre nouvelle Marianne, notre nouveau symbole national !”, hurle-t-elle sans lâcher l’athlète des yeux. Devant la Tour Eiffel, les Bleus font le show, enflamment le public en lançant des battles de danse ou des chants à l’honneur de Joan-Benjamin Gaba. Myriam est conquise. “La France est magique, c’est une vraie réussite ! Je suis époustouflée”, confie-t-elle en observant le soleil se coucher sur le Trocadéro. Si elle le peut, elle reviendra demain. Pour acclamer “Léon, Florent et tous les autres”.




Source

.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . %%%. . . * . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - . . . . .