Un rapprochement supplémentaire entre Washington, Londres et Canberra. L’Australie a annoncé ce lundi 12 août avoir signé un accord autorisant l’échange d’informations et d’équipements en matière de propulsion nucléaire navale avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni. “Cet accord constitue une étape importante vers l’acquisition par l’Australie de sous-marins à propulsion nucléaire conventionnels”, a déclaré le ministre australien de la Défense Richard Marles.
Cet accord a été conclu dans le cadre du pacte Aukus noué en septembre 2021 avec Washington et Londres, lequel prévoit de doter l’Australie d’une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire à partir de 2040 avec pour objectif de contrecarrer l’influence de la Chine dans le Pacifique-Sud. Concrètement, l’Australie prévoit d’acheter au moins trois sous-marins de classe Virginia aux Etats-Unis durant la décennie 2030. Avant de construire avec le Royaume-Uni dans la décennie 2040 une nouvelle classe de sous-marins à propulsion nucléaire, appelés SSN-Au.
“Un maillon essentiel de la capacité navale australienne”
La future flotte australienne de sous-marins à propulsion nucléaire satisfera les “normes les plus élevées en matière de non-prolifération”, a voulu rassurer Richard Marles, ajoutant que l’Australie ne cherchait pas à se doter d’armes nucléaires. “Les sous-marins constituent un maillon essentiel de la capacité navale australienne, offrant un avantage stratégique en termes de surveillance et de protection de nos approches maritimes”, souligne l’accord.
Les sous-marins à propulsion nucléaire offrent davantage de furtivité et surtout beaucoup plus d’autonomie que les sous-marins conventionnels. L’Australie dispose à ce jour d’une flotte de sous-marins diesel-électriques vieillissants, plombés par des défauts de conception.
La Chine, de son côté, a évidemment vivement dénoncé le pacte de sécurité Aukus, estimant que la livraison à Canberra de sous-marins à propulsion nucléaire est une violation des règles de non-prolifération nucléaire et une menace pour sa sécurité.
Faire de l’Australie “le 51e Etat américain” ?
Mais en Australie aussi, ce nouveau stade passé dans le pacte Aukus a également suscité des critiques. Le porte-parole des Verts australiens sur les sujets de défense, David Shoebridge, a affirmé qu’il n’avait “jamais vu un accord international unilatéral aussi irresponsable signé par un gouvernement australien, affirmant que “chaque aspect de cet accord porte un coup à la souveraineté australienne”.
L’ancien Premier ministre travailliste (1991-1996) Paul Keating a également dénoncé un accord qui allait faire de l’Australie “le 51e Etat américain”, remettant en question le rapprochement du pays avec un “allié agressif comme les Etats-Unis”.
Mais l’ancien leader du Labour australien a également créé la polémique la semaine passée, déclarant que “Taïwan n’est pas un intérêt vital pour l’Australie” et que les inquiétudes concernant les visées de la Chine sur Taïwan n’étaient pas justifiées étant donné que l’île était un “bien immobilier chinois”. Des propos dont s’est désolidarisé l’actuel gouvernement travailliste d’Anthony Albanese, mais qui témoignent des différends dans le pays concernant la la stratégie dans le Pacifique face à l’expansion chinoise.
Le gouvernement australien a d’ailleurs voulu calmer certaines inquiétudes ce lundi, affirmant qu’il avait été signé dans ce nouveau traité que les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l’Australie pouvaient quitter l’accord avec un préavis d’un an seulement. Tempérant ainsi l’idée d’un engagement irréversible aux côtés des Américains, quel que soit le contexte dans le Pacifique.
Autre point de tension en Australie : la question des déchets nucléaires liés à la fabrication de ces sous-marins. Auprès du journal britannique The Guardian, des sources australiennes ont insisté sur le fait que l’accord ne prévoyait pas que l’Australie prenne en charge des déchets hautement radioactifs, n’enrichisse de l’uranium ou ne traite du combustible nucléaire usé.
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