Tout le monde l’a vu (ou presque). Dimanche 11 août, pendant la cérémonie de clôture, Tom Cruise est venu dérober le drapeau olympique. En pleine cavale, la star américaine a arpenté les rues parisiennes à moto avant d’embarquer à bord d’un avion militaire. Après un vol transatlantique, l’acteur de la série de films Mission impossible a déclenché son wingsuit pour planer dans le ciel de la Californie. Tom Cruise s’est posé comme une feuille sur le mont Lee, à Los Angeles, où il s’est attelé à fixer – sur le célébrissime panneau Hollywood – les anneaux olympiques. Cette mise en scène entérine la fin des Jeux olympiques de Paris 2024 et nous laisse, pendant quatre ans, orphelins d’un moment de concorde internationale. En 2028, Los Angeles sera la prochaine à être chargée de rassembler – le temps de deux semaines – le monde entier.
Se pose d’ores et déjà la question de l’image. Paris a pu compter sur la richesse de ses monuments pour donner de l’âme à chacun de ses sites. L’arrivée des escrimeurs sur le balcon du Grand Palais, leur descente côte à côte du grand escalier d’honneur – orné de volutes de fer et de colonnes de porphyres verts – pour rallier la piste où ils croisèrent le fer sous la grande verrière, cela ne pourra pas se faire dans la Cité des Anges. Mais la cité californienne n’est pas une novice en la matière. Par deux fois, en 1932 et en 1984, Los Angeles a hébergé les olympiades et la ville compte bien faire vivre cet héritage.
Le comité d’organisation des Jeux olympiques de Los Angeles, a annoncé le 21 juin dernier – via un communiqué de presse – que les épreuves de plongeon auraient lieu au bassin de l’Exposition Park, là où se déroulait le concours il y a de cela quatre-vingt-seize années. Mère patrie du beach-volley – discipline apparue à Santa Monica dans les années 1920 – le tournoi pourra se dérouler sur les plages bordant l’océan Pacifique, lieu de naissance de ce sport. Quant à la cérémonie d’ouverture, elle devrait renouer avec la tradition des stades. Il faudra attendre avant de revoir l’exploit de la Seine. Celle de l’édition de Los Angeles se tiendra dans deux stades : l’emblématique Memorial Coliseum et le stade SoFi, distants de quelques kilomètres.
A l’instar de Paris, certaines épreuves seront délocalisées. Le tournoi de softball et les compétitions de canoë prendront place à Oklahoma City, dans la région géographie des Grande Plaines, à 2 100 kilomètres de la ville hôte. Selon NBC Los Angeles, ces déplacements ont lieu pour répondre à la promesse de ne construire aucune infrastructure sportive nouvelle. Autre engagement promis par la mairesse Karen Bass, lors d’une conférence de presse avant la passation de drapeau : celui de Jeux “sans voiture”. Le 12 août, sur le tarmac de l’aéroport de Los Angeles – revenant de Paris où elle prenait part à la passation – l’édile a déclaré que sa ville “avait beaucoup à apprendre” de la capitale française.
Pas une grande culture des transports en commun
Los Angeles est une ville étalée sur 70 kilomètres et héberge une dizaine de millions d’habitants. La mégalopole a un trafic très peu fluide. Karen Bass mise sur le réseau de transports en commun pour desservir ses sites et incite les locaux à privilégier le télétravail pendant les deux semaines d’olympiades. Interrogé par NBC, James Moore, professeur émérite à l’Université de Californie du Sud, déclare que les habitants de la ville “ne recourent pas aux transports en commun”. En plus de rappeler que Los Angeles ne dispose pas d’une grande culture des transports en commun, le spécialiste du génie industriel et des systèmes pointe que le réseau n’est pas “sûr”.
“Nous sommes en train de développer notre réseau de transports publics”, a assuré Karen Bass. Un plan, dévoilé en 2019, du nom de 28by28 prévoit ainsi plus de 40 milliards de dollars d’investissements pour remettre le réseau d’équerre. Comme son nom l’indique, il contient 28 projets qui comprennent notamment le prolongement de certaines lignes de métro ainsi que la création de pistes cyclables. Mais seuls trois projets ont été terminés et sept sont en cours. 3 000 bus supplémentaires, mobilisés dans tout le pays, afflueront également pour l’occasion, toujours selon la chaîne américaine NBC.
Sur le plan sportif, Los Angeles – via son comité d’organisation dirigé par Casey Wasserman – a annoncé que l’athlétisme se déroulerait en première semaine et la natation en seconde. Il s’agissait de l’inverse lors des olympiades de Paris 2024. L’édition californienne des Jeux sera marquée par l’introduction de nouveaux sports. Ces sports, dits “invités”, varient d’une édition à l’autre. Cette année, la France a ainsi introduit le breaking, mais ce dernier ne sera pas au programme de Los Angeles 2028. Le comité d’organisation américain a choisi – à l’occasion de la 141e session du Comité international olympique (CIO) à Bombay en octobre dernier – de favoriser des sports typiquement nord-américains comme le lacrosse, le softball, le cricket ou encore le football flag – variante sans contact du football américain. Ce dernier, avec le squash, fera sa toute première apparition aux Jeux olympiques.
Le pentathlon moderne sera aussi remanié. A la suite du scandale de la coach allemande ayant frappé un cheval pendant l’épreuve se déroulant à Tokyo en 2021, l’Union internationale de pentathlon moderne (UIPM) a choisi de retirer l’équitation de sa programmation et la remplacer par une course d’obstacles. Quant à la boxe, dont la fédération internationale est en querelle avec le Comité international olympique – notamment en raison de scandales d’arbitrage et de la gestion financière de la fédération -, son sort n’est toujours pas fixé et la discipline pourrait disparaître de la programmation. Thomas Bach, président du CIO, a déclaré le 9 août : “Notre position est très claire : le CIO n’organisera pas la boxe à Los Angeles sans partenaire fiable.”
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