Les plus diligents parlent d’une conversation amicale. Les plus sévères d’un véritable “meeting en ligne”. La terminologie officielle est pourtant toute autre puisque dans l’après-midi du lundi 12 août, Elon Musk annonce “une interview de Donald Trump”, menée par… lui-même. Le rendez-vous est donné sur le réseau social du patron de Tesla, “X” (anciennement Twitter) à 20 heures, heure locale. Mais les échanges ne démarrent que quarante-deux minutes plus tard, s’agace le journal libéral Financial Times, à l’instar de nombreux autres journaux d’outre-Atlantique.
A l’origine de ce retard, une “attaque informatique massive”, assure le propriétaire de X, soucieux de préserver l’image du réseau social qu’il a racheté pour la coquette somme de 44 milliards de dollars en 2022. Et pour cause, si Elon Musk martèle qu’il s’agit d’une “attaque par déni de service”, appelée “DDoS”, il n’est pas impossible que ces problèmes techniques soient de la même nature que ceux “survenus lors d’un autre événement politique organisé par Musk en 2023”, raille le New York Times(centre-gauche).
Musk, ancien soutien d’un rival de Trump
Car si le milliardaire s’est illustré hier comme un VRP de Donald Trump, “lui posant des questions faciles” et “sans aucune contradiction”, relève CNN (centre gauche), Elon Musk disposait auparavant d’un autre favori en vue de la présidentielle de novembre 2024 : un certain Ron DeSantis, gouverneur de Floride et parmi les plus farouches adversaires de Trump au sein du camp républicain.
Or, à l’époque aussi, son annonce de candidature avait été entachée par “les dysfonctionnements sur son chat en direct sur Twitter Spaces, qui avait planté après environ 20 minutes de silence”, se souvient le Los Angeles Times. Des couacs qui n’avaient pas manqué d’amuser le nouveau favori d’Elon Musk.
“Wow ! Le lancement de DeSantis sur TWITTER est un DÉSASTRE ! […] A SUIVRE !” avait écrit Donald Trump à l’époque sur son réseau Truth Social. Ironie du sort, ou simple défaillance informatique, le milliardaire républicain a connu la même expérience. Ainsi, “ce qui était censé être le retour triomphal de Donald Trump sur une plateforme de médias sociaux centrale durant sa présidence a été gâché par des dysfonctionnements”, résume le New York Times. Car après avoir été banni de Twitter suite à l’assaut du Capitole, le chantre du Make America Great Again (Maga) s’était depuis montré discret sur le réseau social, “lui préférant sapropre plateforme de médias sociaux, Truth Social”, rappelle le quotidien de centre-gauche.
“Interview décontractée”
Pour ce grand retour, l’audience escomptée ce lundi soir n’était pas non plus au rendez-vous. Tandis qu’Elon Musk “avait prévu que huit millions de personnes rejoindraient l’entretien avec l’ancien président”, seul 1,1 million d’utilisateurs en moyenne ont assisté au Twitter Space, constate le Financial Times. Au menu de cette “interview décontractée”, selon la formule de Fox News (conservateur) : “de nombreuses questions politiques telles que l’immigration, la tentative d’assassinat [ayant visé Donald Trump] le mois dernier, ou encore l’inflation galopante”, égraine le média pro-républicain.
The Wall Street Journal (conservateur) préfère quant à lui parler d’une “conversation téléphonique souvent décousue entre deux personnalités qui se sont rapprochées au fur et à mesure que les positions politiques de Musk se sont orientées vers la droite”. Et ce, bien qu’Elon Musk ait opté “pour un ton plus nuancé que Trump sur des sujets, notamment l’immigration”, nuance le quotidien conservateur. Sans hésiter à s’inscrire dans le sillage du New York Times en soulignant que Trump avait “faussement affirmé que ‘plus de 20 millions de personnes étaient entrés aux Etats-Unis sous la présidence de Biden'”. Des “chiffres largement exagérés”, pointe le New York Times.
Musk, bientôt au gouvernement ?
De façon générale, souligne CNN, l’échange long de deux heures a été émaillé de “fausses déclarations, de théories du complot et de propos extrémistes”, cette interview incarnant “un autre chapitre extraordinaire d’une campagne présidentielle qui a défié la logique avec ses rebondissements stupéfiants ces dernières semaines”.
Sans surprise, comme le relève The New York Times, les attaques de Donald Trump à l’encontre de sa nouvelle rivale démocrate Kamala Harris ont également fusé. Ce qui n’empêchera toutefois pas Elon Musk d’inviter quelques heures plus tard la vice-présidente américaine à venir sur échanger avec lui sur un X Spaces.
Happy to host Kamala on an ???? Spaces too
— Elon Musk (@elonmusk) August 13, 2024
En outre, “la conversation n’a pas apporté beaucoup d’informations nouvelles sur les vues de Trump”, conclut le même journal. A l’exception peut-être d’une : au cours du live, Donald Trump a déclaré qu’il “adorerait” voir Musk au sein du gouvernement américain. Trump et Musk à la Maison-Blanche ? Une association qui n’aurait rien d’étonnant pour CNN, tant “l’homme le plus riche du monde et le potentiel futur président ont presque tout en commun”.
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