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“Eviter ce qui s’est passé à Barcelone” : l’Italie gagnée par le ras-le-bol du surtourisme


“Tourists Go Home”. L’inscription n’orne plus simplement les murs des Ramblas de Barcelone. Elle s’étale sur ceux des rues étroites de Florence, à l’ombre de la coupole de Brunelleschi, mais aussi de plus en plus dans les quartiers plus périphériques. Les immeubles à proximité du “Duomo” hébergent surtout des visiteurs étrangers qui affluent en masse en cet été 2024, et peu de résidents de la ville.

De quoi pousser les Florentins à reprendre à leur compte le slogan des Barcelonais excédés par le tourisme de masse. Ils en viendraient presque à regarder avec nostalgie les images de leurs quartiers déserts lorsque sévissait le Covid-19.

2023 a définitivement archivé la pandémie. 14 millions de touristes ont visité Florence et plus de 52 millions, la Toscane ! Le centre-ville historique de l’une des plus belles villes d’art italienne a perdu 4 000 habitants entre 2014 et 2022 tandis que le nombre d’appartements répertoriés sur Airbnb explosait de moins de 6 000 à près de 15 000. Les résidents ont du mal à être sensibles à l’argument de la manne touristique en constatant que le coût moyen des loyers mensuels ordinaires a bondi de 42 %, tandis que les prix à la consommation augmentaient de 15 %.

Les Américains dépensent plus

Face au mécontentement croissant, la toute nouvelle maire de Florence Sara Funaro tente de calmer les esprits. “Nous devons éviter ce qui s’est passé à Barcelone avec ses manifestations, s’alarme-t-elle. On peut tout se permettre sauf de diaboliser le tourisme et encore moins celui américain.”

Sur les barrières d’un chantier d’une résidence de luxe, le long du fleuve Arno, un Florentin avait tagué : “Yankees Go Home”. Historiquement, ils ont toujours été les plus amoureux de la ville berceau de la Renaissance. Mais en cet été 2024, le ministère du tourisme italien prend acte d’une véritable vague de visiteurs américains. Le nombre de vols entre les Etats-Unis et l’Italie a doublé par rapport à l’an dernier. Les Américains représentent 44 % des étrangers passant leurs vacances dans la péninsule. Ils étaient déjà 35 % l’an dernier. En 2023, le nombre de touristes ayant traversé l’Atlantique a bondi de 39,5 % s’établissant à 4,1 millions soit près du double de toutes les personnes en provenance d’Asie.

De quoi éviter à la fragile économie italienne de sombrer dans la récession. Car le touriste “Made in USA” est celui qui a le plus grand pouvoir d’achat, porté par un dollar fort face à l’euro. Selon le dernier rapport sur le tourisme international de Bankitalia (la banque centrale italienne), le visiteur “yankee” est celui qui dépense le plus avec en moyenne 185 euros par nuit en 2023, en nette hausse comparée aux 126 euros déboursés en 2021. C’est également celui dont le séjour est le plus long avec en moyenne 10,6 nuits.

Des mesures timides

Les professionnels du secteur se félicitent d’une saison exceptionnelle, avec des prévisions de 1,5 million de touristes supplémentaires et une croissance de 3 millions de nuitées. Cette embellie repose largement sur la fréquentation américaine, qui compense la perte de certaines clientèles aisées. Les Asiatiques en raison de la pandémie, puis les Russes depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

“Sans les touristes nous restons un musée à ciel ouvert avec restaurants vides, ces inscriptions contre eux représentent un signal inquiétant”, commentent les représentants du secteur commercial florentin. “Nous devons œuvrer à protéger les résidents et à favoriser un tourisme durable”, plaide son édile Sara Funaro qui a décidé de bloquer les nouvelles locations de courte durée dans son centre historique. Une mesure déjà brandie l’automne dernier par le précédent maire, qui proposait à leurs propriétaires des allègements fiscaux pendant trois ans s’ils acceptaient de transformer leurs baux actuels en location classique.

L’ensemble des villes d’art italiennes partage ce ras-le-bol du surtourisme mais toutes n’y répondent pas de la même manière. Depuis le 25 avril 2025, Venise impose un ticket d’entrée de 5 euros pour les visiteurs quotidiens les jours où le flux est trop important. Une mesure symbolique puisqu’elle n’a pour l’instant pas permis d’endiguer la vague de 14 millions de touristes qui submergent chaque année la lagune. Les 2,2 millions d’euros récoltés pour l’instant par la municipalité ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des dépenses auxquelles elle doit faire face. L’Italie, qui préside actuellement le G7, organisera cet automne à Florence le sommet consacré au tourisme. Le gouvernement devra à cette occasion instaurer une série de mesures pour encadrer de manière plus stricte les locations de courte durée.




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