* . * . * .

Le salon vert de l’Elysée : plongée dans la cour du roi Macron


Comment, tout un livre sur une pièce à vivre ? Oui, mais quelle pièce ! Marie-Béatrice Baudet, grand reporter au Monde, et l’historien David Gaillardon ont enquêté sur le salon vert de l’Elysée, nommé ainsi en raison de la couleur dominante de ses murs, une initiative d’Eugénie, l’épouse de Napoléon III, à rebours du jaune choisi dans les autres salles. Le lieu de toutes les intrigues, “de tous les complots”, dixit Arnaud Montebourg, qui y mena une bataille désespérée contre la vente d’Alstom. Une pièce charnière, attenante au bureau du président de la République, pièce incertaine, dont chaque chef de l’Etat modifie l’usage à sa guise.

Sous la IVe République, le salon servait de logement aux collaborateurs des gouvernants étrangers en visite officielle en France. De Gaulle, qui n’aimait pas l’Elysée, récupère l’endroit pour ses propres aides de camp. Giscard d’Estaing délaisse la zone pour lui préférer “l’aile Est” du palais. Le lieu retrouve son lustre sous François Mitterrand, quand Jacques Attali en fait son bureau et le salon de tous les bavardages, comme à la cour du roi. Chirac transforme le salon vert en salle de réunion, Sarkozy s’y marie avec Carla Bruni, comme Gaston Doumergue soixante-treize ans avant lui, Hollande y tient ses conseils de défense, après que chaque participant s’est délesté de son téléphone portable. La pièce est régulièrement inspectée pour vérifier que des micros ne s’y sont pas nichés, apprend-on d’Alain Juillet, l’ancien directeur du renseignement de la DGSE.

Décorum monarchique

Sous Emmanuel Macron, le salon vert n’accueille plus les réunions classifiées, déplacées au PC Jupiter, au sous-sol de l’Elysée, mais il demeure cette pièce d’influence où les entrevues importantes se tiennent et où les arbitrages décisifs sont rendus. Le 28 août 2018, Nicolas Hulot démissionne de son poste de ministre de la Transition écologique au lendemain d’une réunion sur la chasse au salon vert. Il a eu la surprise d’y croiser le lobbyiste Thierry Coste, plus plastronneur que jamais, donnant l’impression d’avoir tout ficelé en son absence.

Le 11 janvier 2024, le président y reçoit encore ses 14 ministres serrés en rang d’oignon autour d’une table minuscule devant les caméras, pour une mise en scène du nouveau gouvernement façon mêlée de rugby. Avec son histoire et son décorum, le salon vert vient rappeler que la Ve République s’accommode particulièrement des symboles monarchiques, de l’esprit de cour aussi. Au risque que le chef de l’Etat, lui-même, s’y méprenne parfois.

Le Salon vert, par Marie-Béatrice Baudet et David Gaillardon. Grasset, 144 p., 16 €.




Source

.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . %%%. . . * . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - . . . . .