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Russie : ce que l’on sait de l’avancée ukrainienne, et de la riposte de Moscou

Les combats continuent de faire rage sur le sol russe, ce samedi 10 août. Cinq jours après le lancement d’une incursion armée ukrainienne dans la région frontalière russe de Koursk, mardi, l’armée russe indique ce samedi 10 août que les affrontements entre ses forces et les troupes ukrainiennes se poursuivaient.

Le ministère russe de la Défense précise également avoir recours à l’aviation et à l’artillerie pour frapper les soldats et équipements militaires ukrainiens, alors qu’elle fait face à la plus importante opération armée de l’Ukraine sur son sol depuis le début du conflit. Une incursion d’une envergure sans précédent, mais dont les détails exacts sont encore incertains. On fait le point sur ce que l’on sait pour l’instant.

Où en est l’incursion ukrainienne ?

C’est à 8 heures, heure de Moscou, que les forces ukrainiennes ont lancé mardi 6 août leur attaque en Russie. L’état-major de l’armée russe a ainsi estimé que plus de mille militaires ukrainiens ont traversé la frontière de la région de Koursk, dans le sud-ouest du pays, appuyés par une dizaine de chars et une vingtaine d’autres blindés. Les détails des combats sont encore flous, mais selon l’analyste militaire Serguiï Zgourets, des photos montrent “la destruction d’équipements russes et ukrainiens, des hélicoptères, le recours à l’aviation, [et] l’utilisation d’artillerie des deux côtés”, a-t-il déclaré jeudi à l’AFP. Des signes d’une opération militaire d’ampleur, selon lui.

Bien que la progression exacte des troupes ukrainiennes ne soit pas connue, les analystes de l’Institute for the Study of War (ISW) estimaient jeudi qu’elles ont avancé jusqu’à dix kilomètres à l’intérieur du territoire russe. Le ministère de la Défense de Russie a ainsi confirmé vendredi que les soldats de Kiev avaient atteint Soudja, une cité russe de 5 500 habitants à une dizaine de kilomètres de la frontière. Une ville stratégique pour l’Ukraine et la Russie, puisqu’elle accueille un nœud de transit pour le gaz russe vendu en Europe.

Les informations liées aux positions des forces ukrainiennes doivent toutefois être prises avec des pincettes, car elles dépendent quasi exclusivement de sources russes. Ainsi, si l’ISW confirme samedi leur présence à Soudja par “des images géolocalisées publiées le 9 août”, elle précise que “les forces ukrainiennes […] n’opéraient probablement plus aussi loin au nord ou à l’ouest que les sources russes l’avaient affirmé le 8 août”.

Quel risque pour la centrale nucléaire locale ?

L’incursion ukrainienne pourrait toutefois toucher un point sensible : la centrale nucléaire de la région de Koursk. Samedi, l’agence russe du nucléaire Rosatom a estimé que l’opération militaire constituait une “menace directe” pour cette infrastructure énergétique, située à moins de 50 kilomètres des combats.

Cet avertissement fait écho à celui de l’Agence internationale de l’énergie atomique. La veille, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, avait également appelé “à faire preuve d’une retenue maximale afin d’éviter un accident nucléaire susceptible d’avoir de graves conséquences radiologiques”, dans un communiqué.

Bien que tout “fonctionne normalement” pour l’instant, selon le service de presse de la centrale, cité par l’agence de presse russe Ria Novosti, le site se trouve près de la ville de Kourtchatov, actuellement sans électricité. En cause : une sous-station qui a pris feu à la suite de la chute de fragments de drones ukrainiens, a affirmé le gouverneur régional Alexeï Smirnov.

Quel objectif vise l’Ukraine ?

Le détail et les objectifs précis de cette incursion ne sont pas encore connus. En effet, les autorités ukrainiennes font preuve d’un silence inhabituel depuis mardi : à Kiev, personne ne reconnaît officiellement l’existence de cette opération, et les hauts responsables se refusent à tout commentaire. Même les Etats-Unis, allié le plus proche de Kiev, ont déclaré qu’ils n’avaient pas été informés des plans en amont.

S’il n’a toujours pas mentionné directement cette incursion, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a toutefois semblé vanter les premiers succès de ses troupes, jeudi soir, affirmant que “tout le monde peut constater que l’armée ukrainienne sait surprendre et sait comment obtenir des résultats”.

Selon plusieurs experts cités par l’AFP, dont l’analyste militaire Oleksiï Kopytko, l’opération viserait à “réduire la stabilité du groupement russe qui attaque ou rôde autour de Kharkiv”, une région ukrainienne où la Russie a lancé une offensive en mai. Pour Serguiï Solodky, haut responsable du groupe de réflexion New Europe Centre à Kiev, cette incursion viserait aussi à “montrer à la société russe ce que cela fait quand votre territoire est occupé”.

Quel impact sur les civils ?

Là encore, les conséquences précises de cette opération sur la population russe ne sont pas encore connues. Au premier jour de l’attaque, le gouverneur de la région de Koursk avait signalé que cinq civils avaient été tués. Vendredi, c’était au tour du ministère russe de la Santé d’évoquer 55 personnes hospitalisées.

Dès mercredi, l’état d’urgence a été instauré dans la région russe de Koursk, et la première réponse de l’Etat russe a été d’évacuer. L’un des premiers trains emmenant vers la capitale russe les habitants de cette région est arrivé vendredi à Moscou, a constaté l’AFP. Plus de 76 000 personnes ont été évacuées vers “des lieux sûrs”, a indiqué samedi un responsable cité par des médias russes.

Photo diffusée le 9 août 2024 par le gouvernement de la région de Koursk, en Russie, montrant des femmes et des enfants évacués de la ville de Rylsk

De l’autre côté de la frontière, dans la région ukrainienne de Soumy qui fait face à celle de Koursk, la police a pour sa part appelé à l’évacuation d’environ 20 000 personnes vivant dans 28 localités, en raison de frappes russes.

Comment la Russie répond à cette incursion ?

La Russie s’est empressée de répondre à cette attaque : “le président russe Vladimir Poutine a convoqué vendredi une réunion de son Conseil de sécurité et ses commandants militaires se sont précipités pour envoyer des renforts”, rapportait ainsi le quotidien américain Washington Post. Le ministère russe de la Défense assurait alors que les attaques ukrainiennes étaient “mises en échec”.

Le même jour, le ministère des Situations d’urgence de Russie a également déclaré une situation “d’urgence fédérale” dans la région de Koursk. Selon le quotidien espagnol El Pais, cela va permettre à la Russie d’allouer à cette région “des forces et des ressources de tout le pays, et lui permettre de recevoir des fonds du budget fédéral”. Le Comité national antiterroriste russe a également annoncé vendredi une “opération antiterroriste” dans trois régions frontalières avec l’Ukraine : “Belgorod, Briansk et Koursk […] afin d’assurer la sécurité des citoyens et supprimer la menace d’actes terroristes perpétrés par les groupes de sabotage de l’ennemi”.

Ce type d’opération permet aux forces de sécurité et à l’armée de Russie de disposer de pouvoirs d’urgence considérables : que ce soit pour limiter les déplacements dans certaines zones, mettre en place des points de contrôle ou renforcer la sécurité sur des sites d’infrastructures stratégiques. Tout pour éviter une débâcle sur le sol russe.





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