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Corruption, informations top secret… L’armée japonaise secouée par des scandales


Un amiral limogé, un vice-ministre blâmé, 218 militaires sanctionnés… Le Japon fait le ménage dans ses Forces d’autodéfense (FAD), minées par les affaires de corruption et de détournement de fonds publics. “Je suis profondément conscient de ma responsabilité dans ce qui apparaît comme une trahison de la confiance de la population”, s’est excusé le ministre de la Défense, Minoru Kihara, le 12 juillet. Entré en fonction en septembre 2023, ce spécialiste des questions de sécurité a exclu de démissionner. Tout juste a-t-il promis de renoncer à un mois de salaire…

La secousse n’en est pas moins sévère, surtout au sein de la marine, l’armée la plus “mouillée” par ces scandales. Son chef, l’amiral Ryo Sakai, a été “mis à la retraite” le 19 juillet après avoir admis “un manque de respect des règles” et “un déficit de gouvernance”. Son successeur, le vice-amiral Akira Saito, va devoir remettre de l’ordre dans une flotte gangrenée par le laxisme : 62 sous-mariniers, y compris des officiers supérieurs, ont perçu des indemnités pour des exercices de plongée jamais réalisés. Coût pour le ministère : 43 millions de yens (250 000 euros). D’autres auraient bénéficié de largesses de l’industriel Kawasaki Heavy Industries, groupe chargé de la maintenance des sous-marins, ciblé par une enquête du Bureau des impôts d’Osaka pour des transactions fictives d’un montant de 5,8 millions d’euros, réalisées entre 2016 et 2022.

Gestion laxiste des données classifiées

Mais le plus grave vient surtout de la légèreté des états-majors à gérer des informations top secret. Des militaires des trois armées (terre, air et mer) sont concernés, mais, là encore, la marine décroche le pompon. Selon les investigations du ministère de la Défense, des membres du personnel non habilités ont eu accès à des données classifiées accessibles uniquement dans les Centres d’information de combat de 38 bâtiments militaires. Pas très sérieux pour un pays qui a adopté en 2013 une loi sur la protection des informations sensibles et aspire à rejoindre le Five Eyes, l’alliance de renseignements réunissant les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada.

Pour les FAD, ces scandales tombent d’autant plus mal qu’elles peinent à attirer de nouvelles recrues. A peine la moitié des objectifs de recrutement ont été atteints l’an dernier. De mauvais augure, alors que l’édition 2024 du Livre blanc sur la défense appelle à un “renforcement fondamental” des capacités militaires du Japon en raison d’un “environnement sécuritaire le plus dégradé et le plus complexe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale”. Depuis plusieurs années, le Japon s’inquiète notamment de la montée en puissance chinoise, de l’activisme russe dans son voisinage immédiat et des programmes nord-coréens de développement nucléaire. Dans ce contexte, le premier ministre, Fumio Kishida, qui a annoncé le 14 août renoncer à se présenter pour un nouveau mandat en raison de son impopularité, a lancé fin 2022 un vaste programme pour porter de 1% à 2% du PIB le budget militaire d’ici à 2027.

“Si les problèmes se poursuivent au sein des FAD, la population n’acceptera pas la proposition du gouvernement d’augmenter fortement les dépenses de défense, sans parler des hausses d’impôts pour les financer”, fait remarquer dans son éditorial du 13 juillet le quotidien de centre gauche Asahi. Et le journal d’appeler à “une réforme en profondeur pour rétablir la discipline”. C’est bien le moins.




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