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Suisse : cette étrange affaire d’espionnage qui crée des remous entre la Chine et la Corée du Nord


L’intrigue est digne d’un roman d’espionnage. Selon une enquête conjointe menée par la cellule d’investigation du média NK News (Etats-Unis), Der Spiegel (Allemagne) et Tamedia (Suisse), un citoyen canadien, expert de la Corée du Nord, croupit depuis six mois dans les prisons suisses. Il est suspecté d’avoir fourni des renseignements stratégiques à la Chine sur des diplomates nord-coréens. L’ancien employé d’une agence onusienne, converti en conseiller environnemental, a été arrêté à la mi-mars à Genève, selon les révélations de ces médias.

Six mois de détention provisoire dans une prison suisse

Une procédure étonnamment stricte, selon la presse helvétique. “Il est rare que les autorités suisses prennent des mesures pour soupçon d’espionnage”, soulève pourtant le quotidien suisse de langue allemande Blick. Pourtant, assure-t-il, une procédure pénale aurait bel et bien été lancée en mars 2023 à l’encontre du Canadien, pour avoir fourni “des renseignements militaires, économiques et politiques à une puissance ou organisation étrangère”, selon les documents de la Cour pénale fédérale suisse consultés par NK News. L’arrestation, finalement menée un an plus tard le 14 mars 2024, n’est pas commentée officiellement par la Suisse. Mais elle est confirmée auprès du média par le ministère canadien des Affaires étrangères. Aucun commentaire n’a été fait par l’avocat ou la famille du suspect.

“Mais qu’est-ce qui a bien pu le mener là ?”, s’interroge ainsi le quotidien suisse Tages-Anzeiger. À partir de la mi-mars, ses proches s’inquiètent : “Craig B”, comme le surnomme NK News, ne répond plus à ses messages. “L’expert nord-coréen et ancien responsable de l’Onu s’est régulièrement rendu en Chine pour son travail de consultant en environnement, et certains craignaient que Pékin ne l’ait détenu”, raconte la cellule d’investigation du média. Ce n’est que six mois plus tard que le grand public découvre le sort du Canadien, maintenu en détention provisoire dans les geôles suisses depuis plusieurs mois en attendant la conclusion d’une enquête par le bureau du procureur général suisse. Si elle est rare, la procédure suisse n’a pas été précipitée. L’arrestation aurait été provoquée par des enquêtes des renseignements suisses en 2021.

Des relations privilégiées avec les diplomates nord-coréens

“Tout a commencé par une opération menée par les services de contre-espionnage suisses” à l’encontre de la Chine en 2021, raconte le Tages-Anzeiger. Ces derniers sont alors alertés par les rencontres, dans un restaurant genevois, entre une diplomate chinoise, également secrètement employée par les services secrets, et un Canadien d’une cinquantaine d’années. Selon le service de renseignements de la Confédération suisse (SRC), la diplomate aurait remis l’homme une enveloppe d’argent en échange d’informations sur des représentants diplomates nord-coréens, en poste en Suisse.

Il aurait noué ces liens “lorsqu’il travaillait pour une organisation de l’Onu qui soutient les pays en développement. Il avait été la personne de contact pour les activités de l’organisation en Corée du Nord”, où il s’était rendu durant plusieurs années avant la pandémie de Covid-19, pointe le quotidien Blick. “Fin février, il s’est même occupé de réserver un hôtel et un minibus avec chauffeur pour une délégation nord-coréenne à Nairobi”, détaille encore le Spiegel.

Pourquoi donc une mesure aussi forte, dans un pays qui pousse habituellement calmement les espions vers la sortie ? “La campagne de contre-espionnage souligne un effort de la Suisse pour éradiquer les opérations d’espionnage chinoises à Genève, qui abrite plusieurs organisations de l’Onu”, juge ainsi le média suisse NK News.

Pour le Spiegel, la mise en lumière de cette affaire pourrait aller jusqu’à entacher les relations diplomatiques entre les alliés de longue date que sont la Chine et la Corée du Nord. S’il est reconnu coupable d’avoir recueilli des renseignements militaires, économiques et politiques pour un gouvernement étranger, Craig B. risque trois ans de prison.




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