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Se baigner dans la Seine après les JO ? Le nouveau défi de la mairie de Paris


Pour les organisateurs des Jeux olympiques et la maire de Paris, Anne Hidalgo, l’image des athlètes plongeant sous le pont Alexandre III avait déjà la saveur d’une victoire. Après des semaines d’hésitation, une météo capricieuse et des relevés de salubrité imparfaits, le défi d’une Seine baignable a été relevé.

Cette belle image est l’aboutissement d’un chantier titanesque. Plus de trois ans de travaux, et 1,4 milliard d’euros d’investissements, ont été nécessaires pour réduire de 75 % la pollution du fleuve. La faute aux bactéries E. coli et aux entérocoques qui proliféraient alors en raison du rejet des eaux usées et du débordement des égouts lors de fortes précipitations.

“La Seine est dépolluée et restera propre”, s’est félicitée Anne Hidalgo au lendemain de la cérémonie de clôture. L’édile avait promis de faire de la propreté du fleuve et de sa baignabilité un legs des JO. Les travaux de raccordement au tout-à-l’égout de plus de 20 000 bâtiments de la capitale et de ses environs, la création de nouvelles stations d’épuration sur la Marne et la construction d’une retenue souterraine de 50 000 mètres cubes à proximité de la gare d’Austerlitz doivent permettre de tenir cet objectif, en offrant la baignade à tous à partir de juin 2025. Trois sites sont identifiés au sein de la capitale : ils seront situés à Bercy, à proximité de l’île Saint-Louis et de la Tour Eiffel. Leur emplacement a été négocié avec les usagers du fleuve, comme les transporteurs de fret et les bateaux-mouches. Ils devraient accueillir gratuitement les baigneurs dans des périmètres dédiés.

La pluie, grand ennemi des nageurs

Mais une question demeure : pourront-ils ouvrir tout au long de l’été ? Malgré la promesse – tenue – des JO, la fiabilité de la baignade dans le fleuve n’a pas pu être assurée en continu. Sur les onze jours programmés pour les compétitions et les entraînements du triathlon et de la nage en eau libre, cinq seulement ont été autorisés par les fédérations sportives internationales. Le reste du temps, l’eau du fleuve ne respectait pas les normes bactériologiques exigées par ces dernières.

“Les eaux de baignades sont régies par une directive européenne, le défi est de faire classer la Seine en site de baignade et pour cela, il faudra qu’elle soit en condition régulièrement”, prévient Lionel Cheylus, le porte-parole de l’association Surfrider Foundation, qui a réalisé des tests sur les sites des JO. Selon cette directive européenne, une eau est considérée comme baignable si sa qualité n’est pas inférieure aux normes durant 90 % des quatre dernières années.

Les travaux entrepris depuis plusieurs années ont permis de réduire une part importante des contaminations du fleuve par temps sec. Les eaux usées des vieux bâtiments, et celles des péniches amarrées sur les berges de la Seine, ne s’y jettent plus. Il n’empêche : le grand ennemi de la baignade dans les fleuves reste la pluie. Les précipitations entraînent une présence accrue des contaminants, en raison des pollutions issues du ruissellement sur les sols mais aussi du débordement des égouts. Des ouvrages comme celui d’Austerlitz ont été construits afin de contenir ces rejets, mais leurs capacités sont limitées. “On sera toujours soumis à des évènements pluvieux et les opérations de stockage ou de limitation du ruissellement ne sont pas suffisantes pour régler le problème lors de pluies importantes. Tout ce que l’on peut faire, c’est augmenter le seuil de ces capacités”, souligne Jean-Marie Mouchel, professeur d’hydrologie à Sorbonne Université et spécialiste de la Seine.

Le débit, l’autre variable

Le second problème vient du débit du fleuve. Non content de rendre la baignade potentiellement dangereuse, il favorise la présence des micro-organismes pathogènes. “Quand on est en crue, les concentrations de bactéries indicatrices de contamination fécale sont nombreuses en amont de Paris. Et comme les débits sont importants, l’eau coule très vite : les bactéries n’ont pas le temps de se dégrader”, explique l’hydrologue. Un phénomène que les organisateurs des épreuves de triathlon connaissent bien, pour l’avoir expérimenté à quelques jours de la date prévue, les obligeant à décaler le départ de 24 heures “On a frôlé la catastrophe. Une petite crue de la Marne les trois jours précédents a rendu la situation vraiment délicate”, rappelle Jean-Marie Mouchel. En deux jours, il était tombé “l’équivalent de deux semaines de pluie d’un mois de juillet normal à Paris”, précisait alors le préfet de région Pierre-Antoine Molina.

Malgré cette forte dépendance aux contingences météorologiques, les experts se montrent néanmoins optimistes sur l’avenir de la baignade à Paris. “Avec les efforts qui ont été faits, on aura toujours un certain nombre de jours propices”, assure l’hydrologue. Les périodes aussi pluvieuses que celle connue juste avant les JO devraient rester rares. Dès lors, le fleuve affichera des conditions favorables pour piquer une tête. Mais uniquement en été : de mi-septembre à juin, la Seine n’aura pas vocation à accueillir des baigneurs, prévient la mairie de Paris. La période estivale est privilégiée car le rayonnement des UV, le faible débit de la Seine et de moindres intempéries permettent de conserver une bonne qualité de l’eau. “Le retour à la normale peut aller vite : entre vingt-quatre et quarante-huit heures après un épisode pluvieux, on retrouve des seuils de baignabilité”, assure Lionel Cheylus.

Cette perspective n’intéresse pas uniquement les habitants de la capitale. Selon le recensement de l’Atelier parisien d’urbanisme, plus d’une trentaine de sites de baignade pourraient voir le jour d’ici à 2025 sur les bords de Seine et les bords de Marne. Une incitation pour les communes à continuer les efforts d’assainissement. Une manière, aussi, pour les Franciliens de se réapproprier un fleuve longtemps mal perçu.




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