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Contre Kamala Harris, “Donald Trump s’apprête à se déchaîner comme jamais”

“Soyez prêts à un spectacle brutal car nous sommes sur le point de voir Trump lâcher son venin et se déchaîner comme jamais.” Ainsi parle le professeur en psychologie Dan P. McAdams, auteur de The Strange Case of Donald J.Trump, ouvrage de référence sur le “cas” psychologique Donald Trump, qui prédit une “montée en furie” imminente du candidat républicain. Nous n’aurions donc encore rien vu des limites extrêmes que l’ex-président est capable de franchir !

Selon le chercheur américain, l’ex-président, qui a reçu vendredi le soutien du candidat indépendant Robert F. Kennedy Jr, se trouve en effet dans un état de stress et de désespoir inédit depuis que Kamala Harris lui a volé la vedette en devenant la candidate de remplacement du Parti démocrate. Cette situation intolérable à ses yeux appelle une réaction qui, prédit l’expert de la psyché trumpienne, risque de dépasser tous ses assauts de violence verbale et de mauvaise foi observés depuis dix ans.

Depuis le 21 juillet, en effet, celui que McAdams décrit comme “l’une des personnes les plus narcissiques de la planète” n’est plus au centre de l’attention quotidienne des médias. “Or son narcissisme dévorant constitue son seul moteur, explique l’expert. Se voir, se promouvoir, s’assurer que d’autres personnes le regardent, se trouver au centre de l’action passe avant tout le reste. Pour Trump, il n’y a pas d’avant ni d’après ; il y a juste le moment présent. Trump vit pour gagner la bataille de l’instant, à coups de déclarations incendiaires, sans se projeter dans l’avenir, ni réfléchir au passé. Il n’est ni prospectif, ni introspectif. Chaque jour est un nouvel épisode, au sens d’une téléréalité. Chaque jour est comme un match de football, qu’il faut gagner pour se qualifier pour le match suivant.”

Un scénario bouleversé

Depuis le lancement officiel de sa campagne, en novembre 2022, il est d’ailleurs parvenu à monopoliser l’attention sans discontinuer alors qu’il n’était qu’un opposant. Ses innombrables démêlés avec la justice l’y ont d’ailleurs aidé. Lui sait que, selon l’adage, “even bad publicity is publicity” – ce qui signifie en substance : toute publicité, même négative, vaut mieux que pas de publicité du tout. Depuis plusieurs mois, l’élection semblait gagnée d’avance face à un Joe Biden vieillissant. La tentative d’assassinat dont il a réchappé par miracle le 15 juillet a encore renforcé ce sentiment, faisant de lui un survivant, un héros, voire un surhomme.

La vice-présidente des Etats-Unis et candidate démocrate à l’élection présidentielle de 2024, Kamala Harris, et son colistier, le gouverneur du Minnesota Tim Walz, lors d’un meeting de campagne à Philadelphie (Pennsylvanie), aux Etats-Unis, le 6 août 2024

Hélas pour Trump, le renoncement in extremis de Biden a bouleversé ce scénario. En un instant, les médias ont cessé de s’intéresser à lui pour tendre leurs micros vers Kamala Harris. Vingt jours plus tard, celle-ci a réussi à s’affirmer en réussissant sa première décision de candidate : la nomination, le 6 août, de Tim Walz comme colistier. Le gouverneur du Minnesota s’est immédiatement révélé complémentaire de la candidate, bien davantage que J.D. Vance ne l’est de Donald Trump. Excellent orateur, populaire et sympathique, Walz sait capter l’attention des journalistes. Ancien coach sportif et professeur de lycée, celui qui fut aussi membre de la réserve de l’US Army présente en outre l’attrait de la nouveauté. Et cela, à l’heure où la rhétorique négative de Trump – devenu le candidat le plus âgé depuis l’abandon de Biden – semble s’essouffler.

C’est ainsi qu’au cours de l’été, Kamala Harris a gagné une dizaine de points dans les sondages de popularité et dépassé de peu Donald Trump alors que ce dernier devançait Joe Biden un mois auparavant. Bref, le Parti démocrate et le ticket “Harris-Walz” ont été au cœur du “narratif” depuis la fin juillet jusqu’à la fin d’août. Euphoriques, les démocrates ont tenu leur convention du 19 au 22 août, ce qui a encore un peu prolongé l’intérêt de la presse, laquelle s’est, une nouvelle fois, détournée de Trump. Insupportable pour celui qui recherche la lumière des projecteurs à tout prix.

Pour remédier à cette situation frustrante, l’intéressé s’est rendu jeudi à la frontière mexicaine, en Arizona, afin de s’afficher avec des familles récemment endeuillées par les meurtres violents, voire sauvages, de proches perpétrés par des migrants en provenance du Mexique voisin. Digne des plus viles émissions de téléréalité, ce “moment” télévisuel ignoble n’avait qu’un objectif : polluer le discours de Kamala Harris qui s’apprêtait à s’exprimer en public pour l’apothéose finale de la convention du parti démocrate, à Chicago. Cela n’a pas vraiment fonctionné. Surtout, Trump omet de dire qu’il avait publiquement appelé les républicains à voter contre le projet de loi sur l’immigration de l’administration Biden afin que le flux d’immigrés clandestins (au moins 2,5 millions en 2023, record historique) ne se tarisse pas et qu’il puisse ainsi accuser le camp démocrate d’incompétence en la matière. On le sait : Trump a plus d’un tour dans son sac et va redoubler d’effort pour mettre fin au cycle médiatique qui le rejette dans l’ombre.

Sa détresse et sa panique peuvent se lire sur son visage

“Lorsqu’il n’est pas le centre d’attention du monde, Trump éprouve une énorme détresse”, reprend le professeur en psychologie McAdams, de l’Université Northwestern, près de Chicago. “Mais ce n’est pas la seule raison, ajoute-t-il. Son combat actuel pour la présidence est, en fait, un combat pour sa vie et sa liberté. S’il perd l’élection, ce qui semblait impensable voilà trois semaines, il pourrait perdre sa liberté à la suite d’éventuelles condamnations judiciaires. L’enjeu est immense. Sa détresse et sa panique actuelles ne tiennent donc pas seulement au fait qu’il n’est plus sous les feux de la rampe. Elles sont aussi liées à la peur de perdre et de finir en prison.”

Il est vrai que ses apparitions publiques récentes trahissent un manque de confiance, un inconfort, et des expressions d’abattement inhabituelles. “Il est de plus en plus émotif, colérique et belliqueux, estime, à Washington, l’analyste Jacob Heilbrunn. Il saute d’un sujet à l’autre sans message cohérent. Selon moi, il sait qu’il est en train de perdre tandis que Kamala Harris le bastonne publiquement comme une piñata“, ajoute l’auteur de America Last, un livre récent sur l’étrange fascination de l’extrême droite américaine pour les dictateurs européens. Selon Heilbrunn, ceci explique la nouvelle rhétorique trumpiste en train de se dessiner : le candidat accuse Harris d’avoir fomenté un putsch contre Biden pour prendre sa place. “Il veut instiller l’idée qu’elle est une putschiste car, comme il se voit perdant en novembre, il envisage déjà de contester l’élection en usant de cet argument. Si elle a triché contre Biden, dira-t-il, c’est donc qu’elle peut tricher contre Trump. Ce qui justifierait à ses yeux de contester le scrutin.”

Quoi qu’il en soit, si Trump perd la présidentielle du 5 novembre, l’histoire retiendra peut-être que l’élection s’est jouée durant les mois de juillet et août 2024 lorsque l’ex-président a semblé perdre pied. Voilà trois décennies, la reine d’Angleterre Elisabeth II avait déclaré l’année 1992 Annus horribilis en raison de trois séparations ou divorces dans la famille royale et un grave incendie au château de Windsor. L’expression avait fait florès. A l’heure où tout semble aller de travers pour lui, une question se pose : Donald Trump n’est-il pas en train de vivre son été horribilis ?




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