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Attaque du Hezbollah : “Israël suspecte qu’une prochaine opération vise son territoire en profondeur”


Près de 320 roquettes et des dizaines de drones ont été lancés par le Hezbollah libanais sur Israël au petit matin de ce dimanche 25 août, endommageant onze sites militaires dans le nord du pays et sur le plateau du Golan occupé. Cette offensive, massive, avait été promise par le mouvement chiite – soutenu par l’Iran – en représailles de la mort d’un haut chef militaire tué dans une frappe israélienne sur Beyrouth le 30 juillet dernier. Si l’attaque est “terminée” pour aujourd’hui, selon le Hezbollah, elle pourrait présager d’une seconde opération plus en profondeur, estime David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS) et à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Une hypothèse qu’il est impossible, pour l’heure, de confirmer. “Nous sommes encore dans ce qu’on appelle ‘le brouillard de la guerre'”, prévient le chercheur. Une déclaration du leader du mouvement chiite libanais laisse néanmoins entendre que cette attaque éclair ne marque pas la fin de l’offensive sur le territoire israélien. “Cette frappe d’ampleur a été présentée par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, comme destinée ‘à faciliter le passage de drones d’attaque en profondeur’. Il considère que cette première phase a été achevée avec succès”, note le spécialiste de la région.

Pourrait-elle n’avoir été que l’élément préparatoire d’une offensive plus étendue, et plus destructrice ? “D’après les sources sécuritaires israéliennes, il y aurait peut-être derrière cette première attaque l’idée de viser durant une deuxième attaque en profondeur le territoire israélien, et notamment Tel-Aviv”, explique David Rigoulet-Roze. Ce sont ces prévisions qui ont déclenché, ce dimanche matin, dans la foulée de l’attaque libanaise, l’extension de l’état d’urgence pour 48 heures au reste du territoire israélien, au-delà de la Galilée, de la Haute Galilée et du Golan. Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, s’est ainsi dit “convaincu qu’il existe une forte probabilité qu’une attaque soit menée contre la population civile également dans les autres zones du pays”.

Opération préventive d’Israël

Pour le chercheur, cela explique aussi l’opération préventive lancée par d’Israël, quelques heures avant les frappes de roquettes, après avoir détecté des signes de préparation d’une attaque du Hezbollah. “Une centaine d’avions ont été lancés dans une quarantaine de zones de lancement pour neutraliser quelque 6 000 roquettes et drones du Hezbollah”, précise-t-il. Une opération “probablement rendue possible par les capacités de surveillance américaine, qui pourraient avoir aidé Israël à justifier le déclenchement de leur frappe préventive sur le sud du Liban, notamment en leur fournissant les informations satellites” permettant de détecter l’activation des roquettes du Hezbollah, suggère David Rigoulet-Roze.

Qu’attendre des prochains jours ? Et quelles seraient les cibles si le Hezbollah déclenchait une deuxième phase ? “Pour l’instant, on est dans l’incertitude, et il faut être très prudent. Mais on ne peut pas exclure que des cibles stratégiques soient visées prochainement”, décrypte le spécialiste. L’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv avait d’ailleurs suspendu ses vols et fermé ses portes durant plusieurs heures dans la nuit de samedi à dimanche, en anticipation de l’offensive libanaise, avant de rouvrir à 7 heures, une fois assuré de la fin des frappes. “On peut aussi penser à certaines cibles potentielles à Tel-Aviv, comme le quartier qui abrite à la fois le siège du Mossad, l’unité 8 200 (l’unité secrète de cyber war) et la Kyria, le quartier général de l’armée israélienne”, détaille David Rigoulet-Roze.

“Pour Israël, cette situation dans le nord du pays n’est pas tenable”

La temporalité de la poursuite des échanges de frappes, reste, elle, inconnue. “D’après les déclarations des deux côtés, la “première phase” de l’offensive du Hezbollah est achevée pour aujourd’hui, répète le chercheur. On retrouve le même langage calibré du côté d’Israël, pour lequel il n’est pas prévu d’étendre les attaques au sud du Liban dans l’immédiat”, ajoute-t-il.

Face à cette incertitude qui plane sur toute la région, les éléments de langage de l’allié américain d’Israël se veulent apaisants. Lors d’un échange entre Yoav Gallant et son homologue des Etats-Unis Lloyd Austin, les deux parties ont marqué une nouvelle fois l’importance “d’éviter une escalade régionale”, “ce qui reste l’obsession des Etats-Unis”, note le chercheur.

“Israël a aussi de nouveau insisté sur la nécessité de permettre aux habitants du nord du pays de réintégrer leurs maisons une fois la situation sécuritaire rétablie”, poursuit-il. Actuellement, près de 10 % du territoire au nord du pays n’est plus habitable de manière sécurisée. La situation est similaire du côté libanais. “Plusieurs dizaines de milliers d’habitants israéliens de la Galilée ont été évacués et placés dans les hôtels du pays”, pointe-t-il. Une seule certitude, selon lui : “Pour les autorités israéliennes, cette situation dans le nord du pays n’est pas tenable à long terme”.




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