La chaîne de montagnes de Teton, dans l’Etat américain du Wyoming, s’inscrit au sein de l’immense ensemble accidenté des Rocheuses américaines. Culminant, en son point le plus haut, à 4 197 mètres d’altitude, elle toise la vallée de Jackson Hole, située sur sa partie orientale. C’est ici, à quelque 2 000 mètres en contrebas, que doit se tenir, ce jeudi 22 août, l’un des plus importants rendez-vous annuels de l’économie mondiale. Le temps de quelques jours, au milieu des paysages qui ont fait la légende de l’Ouest sauvage, des figures comme François Villeroy de Galhau, Christine Lagarde et Jerome Powell – respectivement dirigeants de la Banque de France, de la Banque centrale européenne et de la Réserve fédérale américaine – auront tout le loisir de discuter, informellement, de l’état de santé de l’économie mondiale.
Car oui, aucune décision officielle n’est prise pendant ce rassemblement organisé à l’initiative de la Réserve fédérale américaine et auquel les journalistes n’ont pas accès. Concrètement, “les banquiers centraux échangent […] sur les dernières données de l’inflation, sur leur politique monétaire respective ou encore sur les mouvements de devises”, détaillent Les Echos Start. A chaque édition, il y a toutefois un événement protocolaire marquant, le discours très attendu de Jerome Powell. Synthèse du colloque, chaque mot qu’il contient est à même d’infléchir ou non les tendances de l’économie mondiale.
En 2022, “les actions américaines avaient […] chuté de plus de 3 % après l’annonce du maintien de la position de la Fed sur les taux d’intérêt”, rappelle Les Echos Start, et l’année d’avant, c’est l’indice boursier S & P 500 – basé sur les 500 grandes sociétés cotées sur les bourses américaines – qui progressait de 0,9 % après le fameux discours.
Pour l’édition à venir, la chaîne américaine Bloomberg Television, par l’intermédiaire de son émission Bloomberg : The Opening Trade, a consacré une plage de diffusion à “ce que les traders surveilleront à Jackson Hole”. Pour la journaliste Rachel Evans, “Jerome Powell est dépendant des données statistiques”, ce qui, dernièrement, l’a poussé à axer un important discours sur l’état de santé du marché du travail. Ces indices poussent la journaliste à penser que c’est ce secteur qui devrait être sous le feu des projecteurs, d’autant plus “depuis que l’inflation américaine semble sous contrôle”.
“On est loin du barnum qu’est devenu Davos”
Quand on évoque un rassemblement de têtes pensantes, surtout lorsqu’il s’agit d’économie, il est difficile de ne pas penser au Forum économique mondial, qui a lieu chaque hiver depuis 1971 dans le canton suisse des Grisons. Mais à la grande différence de ce dernier, “on est ici entre gens sérieux”, selon la formule employée par Challenges. “On est loin du barnum qu’est devenu Davos”, poursuit le magazine économique, car au colloque de Jackson Hole “on ne croisera jamais […] le chanteur Bono ou l’actrice Sharon Stone. Les hommes politiques – trop souvent médiocres intellectuellement – ne sont pas non plus les bienvenus”.
L’Histoire montre d’ailleurs que l’artillerie lourde, venue se ressourcer dans le Wyoming, n’est pas là pour contempler les pâturages investis par des bisons, wapitis et autres pronghorns. En 2010 se pérennise – immédiatement après la convergence des grands esprits – la politique du quantitative easing qui consiste à “intervenir de façon massive et accommodante sur les marchés, si ’la situation l’exige’ afin d’accompagner et favoriser la relance économique”, explique Challenges.
Idée d’un prédécesseur de Jerome Powell – Ben Bernanke, directeur de la Fed entre 2006 et 2014 – le quantitative easing émerge à une période où les Etats-Unis font face à un taux de croissance estimé à 1,6 % et un taux de chômage aux alentours de 9,5 %, la crise des subprimes étant passée par là… C’est également à Jackson Hole que, en 1990, les banquiers centraux occidentaux et leurs homologues de l’ex-URSS se sont accordé sur la façon de gérer la chute du modèle communiste.
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