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Ukraine : le raid russe qui paralyse le pays deux jours après la fête d’indépendance


Cela faisait plusieurs semaines que l’Ukraine n’avait pas subi de campagnes de bombardements d’une telle ampleur. La Russie a frappé dans la profondeur le territoire ukrainien, visant ” les infrastructures énergétiques importantes”, ainsi que des “aérodromes”, a informé le ministère russe de la Défense dans un communiqué, ce lundi 26 août. 15 régions ukrainiennes ont été la cible de cette attaque menée à l’aide de “plus de 100 missiles de types divers et une centaine de [drones iraniens] Shahed”, selon le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Pour le moment, l’Ukraine dénombre 4 morts et 20 blessés, selon les chiffres communiqués par l’AFP.

Les frappes russes interviennent deux jours après la fête d’indépendance de l’Ukraine, alors que début août les forces armées de Kiev – pourtant en difficulté dans le Donbass où elles peinent à freiner l’avancée de l’armée russe à proximité de la localité de Pokrovsk – ont lancé une offensive sur le territoire russe dans l’oblast de Koursk. La fulgurance de l’attaque a surpris aussi bien l’ennemi russe que la scène internationale. En quelques jours, l’armée ukrainienne occupait près de 1 200 km² de territoire. Cela faisait depuis la Seconde Guerre mondiale que la Russie n’avait pas connu d’intervention d’une armée étrangère sur son territoire.

Les frappes russes du jour ont eu pour effet d’entraîner des coupures d’électricité – menées par le distributeur d’énergie national Ukrenergo pour stabiliser le réseau – et également des coupures d’eau selon Reuters, l’agence de presse américaine. “Tous les trains ont été temporairement arrêtés en raison de pannes de courant après une attaque ennemie de grande envergure”, a expliqué Ukrzaliznytsia, l’exploitant national des chemins de fer.

A Kiev, les journalistes de l’AFP, ont vu des habitants se réfugier dans les stations de métro souterraines ou dans les allées couvertes. “C’est très, très dur”, leur explique Svitlana Kravtchenko, 51 ans, rencontrée dans une station de métro du centre-ville au milieu d’une centaine d’autres personnes. “Personne ne pensait que la Russie, qui était autrefois notre sœur, nous causerait tant de chagrin”, se lamente-t-elle, en se disant inquiète de finir par “s’habituer à la peur”.

L’Ukraine attend plus des Occidentaux

Face aux menaces de ces frappes en profondeur, le président Zelensky a déclaré, sur Telegram, que l’Ukraine pourrait “faire beaucoup plus pour protéger des vies, si l’aviation de nos voisins européens travaillait ensemble avec nos F-16 [NDLR : avions de chasse de conception américaine] et avec nos défenses antiaériennes”. De leur côté, le Premier ministre ukrainien et le chef de cabinet de la présidence ont tous deux aussi réitéré l’importance de pouvoir utiliser des armes occidentales à longue portée contre la Russie.

Les partenaires de Kiev refusent pour le moment. “C’est nécessaire”, a martelé Andriï Iermak, le chef du cabinet du président sur Telegram, expliquant que cela “accélérera la fin de la terreur russe”. Le ministre de la Défense ukrainien, Rustem Umerov, a dit sur Facebook et sur X que “l’Ukraine [préparait] des armes de sa propre production” pour répondre aux bombardements russes. Dimanche, une frappe imputée à l’armée russe a aussi touché une équipe de Reuters dans son hôtel à Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, tuant un conseiller sécurité et blessant deux journalistes, selon l’agence de presse.

L’Ukraine a déjà pressé ses alliés européens d’établir une zone d’exclusion aérienne dans l’ouest de son territoire via des systèmes de défense déployés en Pologne et en Roumanie voisines, pour créer un sanctuaire où industries, infrastructures énergétiques et populations civiles seraient protégées. Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba avait affirmé fin mai qu’il n’existait “aucun argument légal, sécuritaire ou moral qui empêcherait nos partenaires d’abattre les missiles russes au-dessus du territoire de l’Ukraine à partir de leur territoire”, sans préciser alors les modalités de ce scénario.

De son côté, la Russie ne s’empêche pas de pénétrer dans l’espace aérien de l’Otan et de l’Union européenne. L’armée polonaise a annoncé qu’un “appareil volant”, probablement un drone, était entré sur le territoire de la Pologne – pendant la salve de frappes russes en Ukraine – avant de disparaître des radars. Il s’agit d’un nouveau cas de violation de l’espace polonais depuis l’invasion russe en Ukraine, la dernière en date ayant été enregistrée en décembre dernier.




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