Rarement un homme silencieux aura fait autant de bruit. Arrivé sous l’œil attentif des caméras à l’université d’été du Medef, organisée pendant deux jours à l’hippodrome de Longchamp, dans le sud-ouest parisien, Bruno Le Maire s’est offert un adieu en fanfare depuis les tribunes, où il siégeait en tant que ministre démissionnaire avec un autre représentant du gouvernement Attal, l’éphémère délégué au Logement, Guillaume Kasbarian. Sur scène, le porte-parole de l’organisation patronale, Patrick Martin, a chaleureusement salué le bilan de l’ancien ministre de l’Economie devant une foule encravatée venue écouter son discours inaugural sous le franc soleil de cette fin août.
“Cher Bruno, nous avons pu avoir des divergences sur le rythme de suppression de la CVAE [NDLR : cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises], mais tu as été un artisan déterminé et déterminant de ces politiques pro-business”. Et de le féliciter pour “[son] écoute et [sa] réactivité face au Covid”. “Pour tout cela, merci”, a lancé Patrick Martin, suscitant une salve nourrie d’applaudissements à laquelle Bruno Le Maire a répondu par un sourire effacé, la main sur le cœur.
Oubliées les querelles entre le Medef et le gouvernement sur les dividendes en plein Covid, les crispations autour des retraites complémentaires Agirc-Arcco… Et tant pis pour les résultats mitigés de “BLM” en matière de pouvoir d’achat, de réindustrialisation et surtout de finances publiques – ce qui lui a valu l’ouverture d’une procédure européenne pour déficit excessif en guise de cadeau de départ.
En cette période de flou politique et d’incertitudes économiques, “remettre en cause ou suspendre la politique de l’offre” initiée par François Hollande et approfondie sous les mandats d’Emmanuel Macron, “se paiera cash”, a répété à l’envi le représentant du Medef. Un soutien qu’aurait certainement apprécié Bruno Le Maire en juin, lui qui avait appelé – en vain – les organisations patronales, Medef compris, à prendre clairement parti contre le RN avant les législatives.
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