Il s’est dit “reconnaissant” de “rejoindre le prestigieux club Rafale”. Le président serbe, Aleksandar Vucic, a acté jeudi 29 août l’achat de 12 avions de combat Rafale, sous le regard du président français Emmanuel Macron. Le président français était en visite à Belgrade pour concrétiser plusieurs accords économiques et y redire sa volonté de voir les Serbes intégrer une Union européenne “forte et souveraine”.
“Le choix des avions de chasse Rafale par la Serbie est un choix clair, celui d’une alliance de long terme entre nos deux pays au sein d’une Europe plus forte et plus souveraine”, a salué Emmanuel Macron, soulignant le “changement stratégique” que représente ce contrat pour Belgrade, dont l’aviation était jusqu’alors composée de Migs russes.
La Serbie entretient depuis toujours des relations amicales avec la Russie, n’a jamais imposé de sanctions à Moscou depuis la guerre en Ukraine et a annoncé en début d’année l’acquisition du système antidrones russe Repellent. Interrogé à plusieurs reprises sur ces liens, et les risques de voir des avions de combat français pilotés par une armée qui s’approvisionne aussi auprès de Moscou et Pékin, Emmanuel Macron a préféré se féliciter du contrat signé avec Dassault Aviation. “Je vois tant de gens qui reprochent à la Serbie d’avoir des partenariats avec la Russie et la Chine, que ne se félicite-t-on quand le partenariat avec la France est formidable ?”, a lancé le président français.
Le président serbe a aussi défendu ce jeu d’équilibriste entre Est et Ouest. “Je suis fier de la politique étrangère serbe”, a dit Aleksandar Vucic. “Je sais qu’Emmanuel [NDLR : Macron] aimerait qu’on impose des sanctions à la Russie, je sais que ça lui plairait. Mais nous ne l’avons pas fait, et nous n’en avons pas honte”, a martelé M. Vucic, rappelant que la Serbie avait envoyé de l’aide humanitaire en Ukraine et reconnaissait son “intégrité territoriale”.
2,7 milliards d’euros
Les douze Rafale (neuf monosièges et trois biplaces) coûteront 2,7 milliards d’euros, a précisé Aleksandar Vucic juste après la signature, et devraient remplacer la flotte vieillissante de Migs russes de l’armée serbe d’ici 2029.
Auprès de l’AFP, le président Vucic a plaidé que la quasi-totalité des “avions intercepteurs” serbes et “l’ensemble” des “avions de combat venaient de Russie”. “Nous devons évoluer, changer nos habitudes et tout le reste afin de préparer notre armée”, a-t-il déclaré.
La France met aussi cet argument en avant, évoquant une logique “d’arrimage de la Serbie à l’Union européenne”. Belgrade peut faire le “choix stratégique” de “coopérer avec un pays européen” pour renouveler sa flotte, espère-t-on à Paris.
“La place de la Serbie est dans l’Union européenne”
Pour Vuk Vuksanovic, du Centre for Security Policy, un cercle de réflexion de la capitale serbe, “la signature de cet accord montre combien, ces deux dernières années, en matière de défense, l’influence russe en Serbie a baissé, en même temps que grossissait celle de l’Union européenne”. Sans croire pour autant “que cela aura un impact sur l’adhésion à l’Union européenne”.
La France soutient officiellement le processus d’adhésion de la Serbie à l’UE, défendu par Aleksandar Vucic malgré une opinion publique majoritairement contre.
“La place de la Serbie est dans l’Union européenne, elle a un rôle important à jouer, qui peut avoir valeur d’exemple et d’entraînement pour toute la région. Et nous sommes déterminés à continuer d’appuyer tous les efforts en matière de consolidation à cet égard, de votre force économique, des réformes économiques, de l’amélioration de la vie au quotidien ainsi que de l’État de droit”, a martelé M. Macron en conférence de presse.
Huit mois après des élections législatives serbes entachées de fraudes selon l’OCDE et le Parlement européen, remportées par le parti présidentiel, M. Macron souhaite que “les négociations d’adhésion puissent avancer et que les conditions soient rapidement réunies pour l’ouverture d’un nouveau bloc de chapitres”. Pour l’heure, sur 35 chapitres, 22 ont été ouverts, et seuls deux partiellement refermés.
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