À peine arrivés sur le territoire burkinabé, des mercenaires russes de la société privée Brigade Bear ont quitté le pays ouest-africain afin d’aller défendre la région russe de Koursk, où l’Ukraine mène une offensive depuis maintenant trois semaines, a indiqué l’un de leurs dirigeants à l’AFP, confirmant une information révélée par Le Monde.
En juin, une source diplomatique africaine avait fait état à l’AFP de l’arrivée, depuis le Mali voisin, de “deux rotations d’avions transportant des instructeurs russes” – un qualificatif généralement utilisé pour désigner les mercenaires russes. Ces derniers opèrent au Burkina Faso depuis fin 2023, où ils apportent un soutien au régime du capitaine Ibrahim Traoré.
Selon diverses estimations, confirmées par une source sécuritaire occidentale, une centaine de mercenaires ont quitté le Burkina sur quelque 300 hommes. Viktor Yermolaev, le commandant de la Brigade Bear, appelé également “Jedi”, avait confirmé ce retrait auprès du Monde : “Lorsque l’ennemi arrive sur notre territoire russe, tous les soldats russes oublient les problèmes internes et s’unissent contre un ennemi commun”. Il y a quelques jours, la chaîne Telegram des Bears, un des multiples avatars du déploiement paramilitaire russe sur le continent, indiquait qu'”en raison des événements récents, la brigade retourne en Crimée”, annexée par la Russie en 2014, où elle est basée.
@lexpress ???? « Il ne faut pas sous-estimer ce qui s’est passé. C’est un exploit ». Où en est l’offensive ukrainienne dans la région russe de Koursk presque un mois après son déclenchement ? Notre décryptage, avec l’analyse du général Nicolas Richoux. #ukraine #koursk #russie #apprendresurtiktok #tiktokacademie #Sinformersurtiktok #newsattiktok
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“Ennemi commun”
Si les Bears déclinent tout lien avec le gouvernement, Jack Margolin, expert du mercenariat russe, les décrit comme étant “sous contrôle du ministère de la Défense” et affiliés à une unité militaire qui fournissait Wagner dès 2014. “Les Bears sont un groupe de volontaires à la base”, explique pour sa part à l’AFP Lou Osborn, de l’ONG suisse All Eyes On Wagner (AEOW), dont les membres ont signé un contrat avec le renseignement militaire russe (GRU).
Ce redéploiement intervient alors que la Russie est mise en difficulté par l’opération surprise menée par l’Ukraine à Koursk depuis le 6 août, qu’elle peine à repousser. Kiev assure vouloir ainsi forcer la Russie à redéployer ses troupes à l’attaque dans l’Est ukrainien, créer une “zone tampon” afin de protéger la population civile proche de la frontière et pousser Moscou à des négociations “équitables”. En près d’un mois, elle a revendiqué la prise de cent localités, poussant plus de 130 000 civils russes à évacuer.
Redéploiement des forces
“Jusqu’à présent, l’incursion ukrainienne a incité l’armée russe à redéployer jusqu’à 11 bataillons et quatre groupements de forces russes présents ailleurs sur le théâtre des opérations, vers la ligne de front de l’oblast de Koursk”, indiquait, mi-août, le think-tank Institute for the Study of War. Un redéploiement qui a permis de commencer à endiguer les troupes ukrainiennes, mais qui ne serait qu'”une première phase de la réponse russe dans l’oblast de Koursk”. “Poutine et le Kremlin s’efforceront presque certainement de reprendre le territoire russe”, analysait encore l’ISW.
Le renseignement américain est en effet persuadé que Vladimir Poutine s’apprête à lancer une contre-offensive pour tenter de reprendre les territoires conquis par l’Ukraine. “Il faut s’attendre à ce que ce soit une bataille difficile pour les Russes”, a indiqué, mercredi 28 août, le directeur adjoint de la CIA, David Cohen, lors d’une conférence sur la sécurité nationale, rapporte Reuters. Et bien que Kiev ait déclaré qu’elle n’avait pas l’intention d’annexer la zone conquise, les troupes ukrainiennes construisent des lignes défensives et il semble qu’elles aient l’intention de conserver “une partie de ce territoire pendant un certain temps”, a poursuivi David Cohen.
Volodymyr Zelensky dit chercher à parvenir à un accord de paix “juste” avec son voisin russe, c’est-à-dire sans concession territoriale, ce qui nécessite que Kiev soit en position de force dans les discussions. L’Ukraine affirme contrôler plus de 1 200 km² (463 miles carrés) de la région de Koursk. Vladimir Poutine, lui, a pourtant répété à plusieurs reprises qu’un cessez-le-feu et des pourparlers n’étaient possibles que si Kiev cédait les régions dont la Russie revendique l’annexion – des conditions inacceptables pour Kiev et ses alliés occidentaux.
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