La Chine n’entretient pas toujours de bonnes relations avec ses voisins. A commencer par le Japon, les Philippines ou encore Taïwan, île qu’elle revendique comme faisant partie de son territoire. Ces dernières semaines, Pékin n’a pas cherché à les aplanir, au contraire. Les Chinois sont en train de mener une campagne d’intimidation depuis les côtes de l’Asie du Sud-Est jusqu’en mer de Chine orientale, en passant par Taïwan.
Le dernier incident en date de ce samedi 31 août. Le Japon a condamné en fin de journée l’incursion dans ses eaux territoriales d’un vaisseau de la marine chinoise, au large d’îles méridionales. Un navire hydrographique chinois a en effet été repéré dans les eaux japonaises à l’ouest de l’île de Kuchinoerabu (sud-ouest), à l’aube, et a navigué vers le sud avant de quitter les eaux au sud-ouest de l’île de Yakushima, a expliqué le ministère de la Défense japonais. A la suite de l’incident, le chef du bureau des affaires asiatiques et océaniennes du ministère japonais des Affaires étrangères, Hiroyuki Namazu, a “fait part de la forte préoccupation et de la protestation” de Tokyo à l’ambassade de Chine dans le pays, selon un communiqué.
Des incursions au Japon et aux Philippines
Quelques jours plus tôt, mardi 27 août, le gouvernement japonais avait déjà condamné l’incursion d’un avion militaire chinois, cette fois-ci dans son espace aérien, dénonçant “une violation grave” de sa souveraineté. D’après le ministère japonais de la Défense, un avion “espion de type Y-9” de l’armée chinoise a brièvement pénétré dans l’espace aérien japonais, au large des îles Danjo, dans le département de Nagasaki, à l’ouest de l’île méridionale de Kyushu.
L’affaire n’est pas nouvelle. En juin dernier, déjà, Tokyo protestait auprès de Pékin après l’incursion de quatre navires chinois, apparemment armés, près d’îles disputées et inhabitées en mer de Chine orientale. Appelées îles Senkaku au Japon, et Diaoyu en Chine, elles sont administrées par le Japon, mais des navires des gardes-côtes chinois s’aventurent fréquemment à proximité, provoquant des tensions diplomatiques.
La Chine revendique, au nom de raisons historiques, la quasi-totalité des îlots de la mer de Chine méridionale, face à d’autres pays riverains : Philippines, Vietnam, Brunei, Malaisie. Les incidents n’en finissent plus dans la zone. Samedi encore, la Chine et les Philippines se sont mutuellement accusées d’avoir délibérément causé des collisions entre navires garde-côtes près d’un récif disputé en mer de Chine méridionale. Selon un porte-parole philippin, le commodore Jay Tarriela, le navire des garde-côtes chinois a “directement et intentionnellement éperonné” le navire philippin BRP Teresa Magbanua. Cette collision est le cinquième incident avec des navires chinois ce mois-ci, ont indiqué les autorités philippines. La Chine est le “plus grand perturbateur” de la paix en Asie du Sud-Est, a affirmé mardi le chef de la Défense philippine, au lendemain d’un énième incident.
Accord de sécurité entre Tokyo et Manille
Cette confrontation entre la Chine et les Philippines alimente les craintes d’un potentiel conflit qui pourrait entraîner l’intervention de Washington en raison de son traité de défense mutuelle avec Manille. En avril, lors de précédents incidents, le président américain Joe Biden avait déclaré que “toute attaque contre un avion, un navire ou les forces armées philippines en mer de Chine méridionale déclencherait la mise en œuvre du traité de défense mutuelle” qui lie les deux pays. De son côté, en début de semaine, la Chine a mis en garde les Etats-Unis contre tout soutien aux Philippines en mer de Chine méridionale, alors que Washington s’est engagé, mercredi, pendant une rencontre à haut niveau à Pékin, à soutenir ses alliés.
Face à la menace chinoise grandissante, les Philippines et le Japon ont ainsi finalisé, tout début juillet, un pacte de sécurité, après des années de négociations. L’accord d’accès réciproque (RAA) permet aux forces armées des Philippines (AFP) et aux forces d’autodéfense japonaises (JSDF) d’étendre considérablement leurs activités militaires conjointes, y compris des exercices à grande échelle et la réponse conjointe à diverses éventualités – des catastrophes comme des conflits armés. L’accord ouvre la voie au transfert et à l’échange de systèmes d’armes de plus en plus sophistiqués.
Leur premier exercice commun a eu lieu le vendredi 2 août en mer de Chine méridionale, pour renforcer leur coopération face à la Chine. Deux vaisseaux, l’un japonais et l’autre philippin, ont testé leurs communications et effectué des manœuvres tactiques en mer de Chine méridionale, près des côtes philippines. “Cet exercice fait partie des efforts pour renforcer la coopération régionale et internationale pour obtenir un (espace) indo-pacifique libre et ouvert”, avaient alors indiqué les autorités dans un communiqué conjoint.
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