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L’hypothèse Cazeneuve à Matignon : la gauche en ordre dispersé


Le gouvernement fera-t-il bientôt sa rentrée ? Emmanuel Macron va recevoir, lundi 2 septembre, Bernard Cazeneuve dont le nom est cité avec insistance pour revenir à Matignon. Si l’ancien Premier ministre socialiste fait désormais figure de favori, rien n’est acté près de deux mois après les législatives qui ont débouché sur une Assemblée nationale sans majorité. “Bernard Cazeneuve n’est pas demandeur mais s’il le fait c’est par devoir et pour éviter des difficultés supplémentaires au pays”, a expliqué, dimanche 1 septembre, son entourage.

Emmanuel Macron est à la recherche d’un Premier ministre qui puisse ne pas faire l’objet d’une censure immédiate à l’Assemblée nationale. C’est en avançant ce motif qu’il a écarté la nomination de Lucie Castets, présentée par les formations du Nouveau Front populaire (LFI-PS-Ecologistes-PCF), cette alliance de gauche arrivée en tête des dernières législatives. Pour maintenir la “stabilité institutionnelle”, il pourrait miser sur l’ancien ministre de 61 ans, au profil moins clivant pour la macronie notamment en raison de la forte opposition entre Bernard Cazeneuve et La France insoumise.

Ministre de l’Intérieur pendant les attentats de 2015, puis Premier ministre des derniers mois du quinquennat de François Hollande, Bernard Cazeneuve avait claqué la porte du PS en 2022, farouchement opposé à l’alliance avec LFI au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Cela pourrait lui valoir d’être soutenu par le bloc central tout en échappant à la censure de la droite et l’extrême droite. “Il est l’un de ceux qui “répond (ent) au portrait-robot”, salue le chef du MoDem François Bayrou. Une personnalité “à même de rassembler au-delà de son camp”, note la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.

Les socialistes divisés

Mais son arrivée à Matignon pourrait diviser le clan des socialistes. D’un côté, le patron du PS, Olivier Faure voit la nomination de Bernard Cazeneuve comme un “piège tendu par l’extrême droite” pour “diviser” la gauche. Alors que le chef du PS s’est montré ferme sur son soutien à Lucie Castets lors de l’Université d’été du parti à Blois, ses opposants internes caressent l’idée d’un Bernard Cazeneuve au pouvoir et insistent sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec le chef de l’Etat.

L’hypothèse Cazeneuve est “crédible et sérieuse”, a martelé la maire de Paris Anne Hidalgo. Même son de cloche chez le président du groupe au Sénat, Patrick Kanner qui y voit la possibilité d’une sortie de crise par le haut. “Bernard Cazeneuve est une figure de la gauche, respectée par la droite”, salue-t-il dans les colonnes du Monde. “C’est un homme d’Etat, un homme libre et c’est aussi un ami”, renchérit chez nos confrères Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen. Et du côté de François Hollande ? L’ex président reçu ce matin à 11 heures ne devrait pas dissuader Emmanuel Macron de nommer son éphémère Premier ministre.

Un retour vers le passé ?

Sans surprise, le clan de la France Insoumise est, lui, uni contre l’arrivée du sexagénaire à Matignon. Sa nomination “ferait des dégâts dans les rangs parlementaires du PS”, a prédit le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, quand les autres dirigeants du mouvement ont promis que LFI voterait “une censure contre Bernard Cazeneuve”. Manuel Bompard, coordinateur national de LFI et député des Bouches-du-Rhône, renchérit dimanche : “Bernard Cazeneuve n’est soutenu par aucun des quatre partis de gauche du pays.”

L’expérience gouvernementale de Bernard Cazeneuve, acquise sous François Hollande, sert aussi d’angle d’attaque à ses adversaires, qui dépeignent son éventuelle arrivée comme un retour vers le passé. Bernard Cazeneuve “porte, sans doute de façon un peu injuste, la tunique d’un hollandisme finissant”, a ainsi glissé l’ancien président, Nicolas Sarkozy, qui sera également reçu à l’Elysée ce lundi matin. “Il n’y aura pas une censure de principe” d’un gouvernement Cazeneuve, promet le Rassemblement national, alors que le parti d’extrême droite avait assuré, à l’instar de la droite et des macronistes, qu’il censurerait un gouvernement comprenant des insoumis, ou appliquant le programme du NFP. Cependant, Sébastien Chenu, vice-président du RN et député du nord, ne cache pas son manque d’enthousiasme : “Bernard Cazeneuve ne représente rien”.

Reste à savoir ce qu’en pense le principal intéressé. Bernard Cazeneuve prendra-t-il le risque d’être considéré comme l’homme d’Emmanuel Macron alors que celui-ci entre dans le dernier tiers de sa présidence ? Dans l’entourage de l’ancien ministre, on estime que ce dernier n’accepterait Matignon que s’il considère qu’il a les coudées suffisamment franches et en tant qu’homme “de gauche”. Il n’est pas “demandeur” mais il est prêt à servir son pays, a-t-on souligné.




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