Un profil technique, ou finalement plutôt politique ? Xavier Bertrand ou Bernard Cazeneuve ? Cinquante jours après la démission du gouvernement Attal, l’interminable quête d’un nouveau Premier ministre, capable de s’imposer à une Assemblée fragmentée, devait se poursuivre mercredi à l’Elysée.
Les infos à retenir
⇒ Retailleau exige la nomination d’un Premier ministre “dans les prochaines heures”
⇒ Chenu (RN) étrille Xavier Bertrand et relance la piste Borloo
⇒ Macron cherche toujours une “solution politique” idéale pour Matignon
Macron cherche toujours son profil politique idéal pour Matignon
Après avoir fait circuler lundi la piste Thierry Beaudet — un homme inconnu du grand public, qui aurait pu devenir un Premier ministre “technique” — l’Elysée penchait mardi soir “plutôt” pour “une solution politique”, selon un proche d’Emmanuel Macron. Dans cette optique, la présidence continuait d’avancer les noms de deux personnalités expérimentées, l’un venu de la gauche, l’ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, l’autre de la droite, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand. Une forme de finale en somme… sans exclure l’émergence d’un troisième nom, dixit un conseiller de l’exécutif !
Selon un proche du président, l’un et l’autre assurent déjà “plus de stabilité” que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire, éconduite par Emmanuel Macron. “Il y a à leur égard des réticences, des lignes rouges de fond et de méthode, mais pas forcément de censure immédiate”, veut-on croire de même source.
Chenu (RN) étrille Xavier Bertrand et relance la piste Borloo
Le Rassemblement national s’opposera “prioritairement” à une éventuelle nomination à Matignon d’un Xavier Bertrand “qui n’a pas de colonne vertébrale”, a mis en garde mercredi Sébastien Chenu, ouvrant à l’inverse la porte à un Jean-Louis Borloo “qui se comporte bien” avec ses opposants.
“Nous nous opposerons prioritairement à Xavier Bertrand”, a affirmé le vice-président du RN sur LCI, réitérant la menace de “censure immédiate” de son parti si le patron de la région Hauts-de-France était choisi comme nouveau Premier ministre.
“C’est quelqu’un qui n’a pas de colonne vertébrale (…) un homme de communication qui se fait passer pour un gaulliste social”, a fustigé Sébastien Chenu -battu par Xavier Bertrand aux dernières régionales- dénonçant la “mythomanie XXL” de son adversaire qui l’aurait sollicité afin d’obtenir la neutralité du RN.
Retailleau exige la nomination d’un Premier ministre “dans les prochaines heures”
Le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a exigé mercredi que le président Emmanuel Macron désigne “dans les prochaines heures” un nouveau Premier ministre, réitérant son soutien à Xavier Bertrand pour empêcher “une politique de gauche”. “La responsabilité du choix du Premier ministre revient au président de la République et il doit le faire dans les heures qui viennent, pas dans les jours qui viennent”, a affirmé l’élu des Républicains sur BFMTV.
“Nous, on veut la stabilité institutionnelle et c’est la raison pour laquelle, dans l’hypothèse de Xavier Bertrand, on a demandé (au chef de l’État) de bien contrôler qu’il n’y aurait pas une censure aussitôt la nomination”, a-t-il souligné.
Une motion de destitution du chef de l’Etat chez les insoumis
A gauche, les Insoumis -qui ont refusé mardi de s’entretenir à nouveau avec le président- continuent d’affirmer qu’ils censureront tout autre Premier ministre que Lucie Castets.
Si Emmanuel Macron “pouvait se nommer lui-même et cohabiter avec lui-même, il l’aurait fait”, a raillé la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, en confirmant que ses troupes devaient déposer mardi auprès du bureau de l’Assemblée nationale une motion de destitution du chef de l’Etat, qui “outrepasse ses pouvoirs et plonge le pays dans une crise politique qu’il a lui-même créée”.
Le PS écarte un soutien inconditionnel à un gouvernement Cazeneuve
Les opposants internes au Premier secrétaire Olivier Faure avaient réclamé dans l’après-midi un vote pour que le PS “annonce clairement qu’il ne censurera pas un gouvernement de cohabitation mené par Bernard Cazeneuve”, si son programme s’appuyait sur celui du Nouveau Front populaire. La direction ne souhaitait pas de scrutin sur ce sujet, préférant soumettre au vote une résolution présentant les 10 points sur lesquels le PS ne transigera pas et demandera au futur Premier ministre de s’engager, comme l’abrogation de la réforme des retraites, de la réforme de l’assurance chômage et de la loi immigration, la hausse du Smic, l’ISF vert, la taxation des super-profits, des mesures pour l’école et la santé, le logement, etc.
La résolution indique aussi que le PS continue de réclamer la désignation de Lucie Castets comme Première ministre. “À défaut, nous ne participerons à aucun gouvernement qui ne serait pas un gouvernement du Nouveau Front populaire”, précise le texte. A l’issue de quatre heures de discussions au sein du Bureau national, les opposants ont proposé un amendement à cette résolution, demandant de ne pas censurer a priori un gouvernement Cazeneuve. Mais le bureau national l’a rejeté à 53,5 % contre 46,5 %.
Le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol et la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, tous deux sur une ligne hostile aux accords avec LFI et réputés plus ouverts aux compromis avec d’autres forces politiques, demandaient qu’Olivier Faure et le chef des députés socialistes Boris Vallaud, qui ont échangé dans l’après-midi avec Emmanuel Macron, puissent leur assurer que le PS ne censurerait pas un gouvernement de Bernard Cazeneuve, qui s’appuie sur le programme du NFP.
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