Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve… Une farandole de noms flotte au-dessus de Matignon. Cinquante jours après la démission du gouvernement Attal, Emmanuel Macron poursuit sa quête d’un Premier ministre, capable de s’imposer face à une Assemblée fragmentée, un feuilleton interminable qui commence à exaspérer la classe politique. “L’Elysée cherche le mouton à cinq pattes”, ironie nos voisins belges du Soir, listant toute une liste de critères que devrait avoir le futur chef du gouvernement.
De son côté, le quotidien suisse Le Temps résume le jeu d’équilibriste auquel doit se prêter le président français : “Le nouveau chef du gouvernement sera confronté à la lourde tâche de monter une équipe ministérielle qui puisse à la fois représenter le front républicain et donner une impression d’alternance.” Si les Suisses parlent d’un véritable “casse-tête”, ils considèrent ces prolongations “difficilement acceptables d’un point de vue démocratique et institutionnel”.
Pour rappel, le Nouveau Front populaire – coalition de gauche – est arrivé en tête des dernières élections législatives anticipées sans décrocher la majorité absolue. Rappelant qu’il existe désormais trois blocs à l’Assemblée nationale (Nouveau front populaire, le centre droit traditionnel avec le centre macroniste, et l’extrême droite de Marine Le Pen), le journal espagnol El Pais estime que “Macron n’a pas d’autres choix que d’accepter que son mouvement est en déclin, qu’il a perdu les élections et qu’il n’a aucun pouvoir pour imposer un nom.”
Macron “doit apprendre l’humilité”
Alors que les Espagnols craignent un “blocus en France”, les Allemands du Die Tageszeitung, journal de gauche, ne dissimulent pas leur agacement : “Pour combien de temps encore ?”, titre l’un de leurs articles. Son auteur critique un président français incapable de faire des “compromis” et pour qui “les entreprises passent en premier” (faisant référence à son récent déplacement en Serbie). Outre-Manche, le point de vue du Guardian, quotidien britannique classé aussi à gauche, est encore plus tranché : “Un président humilié doit apprendre l’humilité”, grince un éditorialiste alors que la coalition au pouvoir est arrivée en troisième position lors du dernier scrutin. D’après le journal anglais, le refus d’Emmanuel Macron d’accepter un gouvernement de gauche minoritaire est “une erreur”.
L’impatience se lit aussi dans Politico, média spécialisé américain : “Après des semaines de crise politique ; de plus en plus profonde, la pression s’accentue sur Emmanuel Macron – y compris au sein de son propre camp.” Ses journalistes préviennent que “le temps presse de plus en plus”, alors que le gouvernement a jusqu’au 1er octobre pour soumettre un projet de budget 2025 au Parlement. Or, les Irlandais de l’Irish Times rappellent qu’il “n’existe aucun règlement n’obligeant M. Macron à nommer un candidat du parti qui a remporté le plus de sièges, ni à préciser un calendrier pour une décision”. Les confrères basés à Dublin constatent également que “l’absence de tout bloc politique dominant est sans précédent dans l’histoire politique récente de la France.”
Et d’autres médias préfèrent jouer l’optimisme : “L’attente devrait bientôt prendre fin”, espère la revue politique italienne, Il Manifesto. Le journal La Repubblica s’accroche, lui, à la possibilité de Bernard Cazeneuve “figure institutionnelle respectée”.
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