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Ukraine : après l’attaque de Poltava, Zelensky et le commandement de l’armée sous pression


Mardi 3 septembre, deux missiles russes ont touché l’Institut militaire des télécommunications de Poltava, dans le centre de l’Ukraine. Bilan : au moins 51 morts et 271 blessés. “L’un des bombardements les plus meurtriers de la guerre”, commente le quotidien américain Washington Post, repris par Courrier International. Parmi les victimes se trouvaient des militaires et de jeunes engagés qui se formaient dans cette institution fondée dans les années 60. “Nous avons perdu des Ukrainiens courageux, nos frères et sœurs, des soldats”, ont déploré les forces armées ukrainiennes.

En début de soirée, dans son adresse quotidienne sur internet, le président Volodymyr Zelensky a informé que “l’un des bâtiments de l’Institut des communications a été partiellement détruit. Des personnes se sont retrouvées sous les décombres.” Le chef de l’Etat a ajouté que les recherches de survivants se poursuivaient dans les décombres. D’après le ministère ukrainien de la Défense, la frappe a eu lieu dans un délai très court après le déclenchement de l’alerte antiaérienne. Les missiles “ont surpris les gens en train d’évacuer vers l’abri souterrain”. “Grâce au travail coordonné des sauveteurs et des médecins, 25 personnes ont été secourues, dont onze ont pu être dégagées des décombres”, a ajouté le ministère.

Le président américain Joe Biden a condamné “dans les termes les plus fermes” cette frappe “déplorable”. “Cette attaque est un rappel tragique des tentatives constantes et scandaleuses de Poutine de briser la volonté d’un peuple libre”, a-t-il déploré dans un communiqué, assurant que les Etats-Unis “continueront” de soutenir les Ukrainiens, “notamment en leur fournissant les systèmes de défense aérienne et les capacités dont ils ont besoin pour protéger leur pays”. La frappe a également suscité la colère parmi les blogueurs militaires ukrainiens, qui ont, comme en Russie, une certaine influence du fait de la guerre.

“Les tragédies se répètent”

Certains se sont interrogés sur la concentration importante de soldats au même endroit, en faisant une cible facile en temps de guerre. “Poltava… Comment se fait-il qu’un si grand nombre de personnes aient été rassemblées dans un tel établissement ?”, a interrogé le blogueur Serguiï Naoumovitch, suivi par plus de 135 000 personnes sur Facebook. De son côté, la députée Mariana Bezougla, membre de la commission Défense du Parlement et très critique du commandement militaire ukrainien, a regretté sur Telegram qu’aucun officier de haut rang n’ait été puni pour avoir mis en danger des groupes de militaires à l’occasion d’incidents similaires par le passé. “Les tragédies se répètent. Quand cela cessera-t-il ?”, a-t-elle écrit. Par ailleurs, le Kremlin déclarait sur les réseaux sociaux que les missiles visaient une parade militaire en plein air, une information démentie par le ministère de la Défense.

Le président ukrainien a dit avoir ordonné “une enquête complète et rapide” sur les circonstances ayant permis cette attaque russe. Objectif : déterminer si des mesures suffisantes ont été prises pour protéger la vie et la santé des soldats présents dans l’installation. Le chef de l’Etat en a profité pour appeler les alliés occidentaux de Kiev à livrer d’urgence davantage de systèmes de défense antiaérienne et à autoriser l’Ukraine à pouvoir atteindre en profondeur le territoire russe avec les missiles de longue portée qui lui ont été fournis. Plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis, se refusent jusqu’à présent à donner leur feu vert à de tels bombardements au-delà des régions frontalières de crainte d’une escalade avec Moscou.

Un remaniement attendu cette semaine

La semaine dernière, le commandement de l’armée ukrainienne s’était déjà retrouvé sous pression en raison du crash d’un avion de combat F-16, un précieux équipement militaire récemment livré à Kiev après plus de deux ans d’attente, et de la mort de son pilote, formé aux Etats-Unis. Volodymyr Zelensky avait alors limogé le commandant de l’armée de l’air, Mykola Olechtchouk. Mardi, le chef de l’Etat ukrainien a également remercié par décret son chef-adjoint de cabinet, Rostyslav Shurma. Et plusieurs ministres, dont ceux des Industries stratégiques, de la Justice et de l’Environnement, ont présenté leur démission, prélude à un remaniement gouvernemental après deux ans et demi de guerre.

“Comme promis, un remaniement majeur du gouvernement peut être attendu cette semaine. Plus de 50 % des membres du gouvernement seront remplacés”, a écrit sur Telegram David Arakhamia, chef de file des parlementaires du parti au pouvoir, Serviteur du peuple. Le président Volodymyr Zelensky va ainsi tenter de renforcer la confiance dans son équipe, au moment où Kiev essaie de contenir l’offensive croissante de Moscou dans l’est de l’Ukraine tout en s’empressant de renforcer son emprise à l’intérieur de la région de Koursk.

“L’automne sera extrêmement important pour l’Ukraine. Et nos institutions publiques doivent être mises en place de manière à ce que l’Ukraine obtienne tous les résultats dont nous avons besoin… Nous devons renforcer certains domaines du gouvernement, et les décisions concernant le personnel ont été préparées”, a assuré le président ukrainien dans son discours du soir.




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