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Matignon : Michel Barnier nommé Premier ministre par Emmanuel Macron


Après 51 jours sans gouvernement de plein exercice, la France tient enfin son nouveau Premier ministre. L’ancien ministre chiraquien et sarkozyste Michel Barnier a bien été nommé ce jeudi 5 septembre à Matignon par Emmanuel Macron, après d’interminables tractations ayant vu pléthore de noms testés, abandonnés, puis remis sur le devant de la scène.

Dans le communiqué publié par l’Elysée, le chef de l’Etat demande à Michel Barnier de “constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays”. Emmanuel Macron dit s’être “assuré” que celui-ci réunisse les conditions de stabilité et de rassemblement le plus large à l’issue d’un “cycle inédit de consultations”.

Âgé de 73 ans, Michel Barnier dispose d’une large expérience politique, l’un des critères visiblement recherché par le chef de l’Etat dans sa quête d’un nom pour Matignon. Elu député de Savoie pour la première fois en 1978, il occupe son premier portefeuille ministériel en 1993, à l’Environnement. Puis trois fois de plus sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, aux Affaires européennes, aux Affaires étrangères, puis à l’Agriculture et à la pêche. Michel Barnier a également été deux fois commissaire européen, et finalement entre 2016 et 2021 négociateur de la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE, le Brexit.

Il était également brièvement réapparu en 2021 dans la vie politique française en se portant candidat à la primaire de son parti, Les Républicains (LR), pour la présidentielle de 2022. Son programme prévoyait notamment un “moratoire” sur l’immigration, mais ce dernier avait échoué à se qualifier au second tour, devancé par Eric Ciotti et la future vainqueur Valérie Pécresse.

Un dîner avec Macron ce mercredi

Déjà évoquée dès le mois de juillet, l’hypothèse d’une annonce de nomination de Michel Barnier avait recommencé à circuler très sérieusement dans la soirée de mercredi après l’abandon des pistes Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand. Un conseiller de l’exécutif avait détaillé à l’AFP les multiples qualités de l’ancien candidat à la primaire LR de 2021 : il est “Macron-compatible”, il permet la participation de LR à une coalition de gouvernement, il ne serait pas censuré immédiatement et ne sera pas candidat en 2027, selon lui.

Alors que l’Élysée avait refusé de confirmer ou démentir qu’il avait été reçu ce mercredi par Emmanuel Macron, Le Parisien a affirmé que l’ancien négociateur du Brexit pour l’UE avait bien dîné à l’Élysée hier soir en vue de sa nomination à Matignon. Selon une ministre démissionnaire auprès de l’AFP, Michel Barnier présenterait notamment l’avantage d’être “très apprécié des députés de droite sans que ce soit un irritant à gauche”. Même si le président du groupe PS à l’Assemblée Boris Vallaud a rappelé ce jeudi matin que “l’opposition de droite fera l’objet d’une sanction parce que ce sera pour mettre en œuvre une politique de droite”.

Dans un communiqué, le nouveau Front populaire et sa candidate à Matignon, Lucie Castets, ont de leur côté critiqué le fait qu’en se tournant vers la droite, le président de la République “noue un accord tacite avec l’extrême droite”, ce qui selon lui reviendrait à “une négation totale des élections législatives” qui ont placé le NFP en tête et “rejeté massivement une arrivée au pouvoir du Rassemblement national”.

Interrogé ce jeudi matin sur cette piste, le Rassemblement national qui a accentué ces derniers jours sa pression sur le président, n’a d’ailleurs pas directement promis la censure à Michel Barnier comme ils l’avaient fait pour Xavier Bertrand. “Nous jugerons sur pièce”, a assuré son vice président Sébastien Chenu, rappelant que l’introduction de la proportionnelle aux législatives faisaient partie des conditions édictées par le parti d’extrême droite mais que l’ancien négociateur du Brexit “vient d’une famille, Les Républicains, qui est très hostile à la proportionnelle”. L’absence de censure immédiate était cependant beaucoup moins évidente chez un autre député RN, Jean-Philippe Tanguy, qui a réduit l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, âgé de 73 ans, à un “fossile”. Le ton est donné.




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