C’est la première fois qu’ils apparaissent ensemble lors d’un événement public dans l’histoire de leur partenariat, vieux de 77 ans. C’est aussi la dernière initiative des agences de renseignement américaines et britanniques pour sortir de l’ombre et alerter sur les dangers croissants auxquels le monde est confronté. Ce samedi 7 septembre, les directeurs de la CIA, Bill Burns, et du MI6 britannique, Richard Moore, se sont réunis à Londres pour évoquer l’importance de leur coopération face à des menaces “sans précédent”, évoquant notamment la Russie de Poutine. “Poutine est un tyran. Il va continuer à faire des coups d’éclat de temps en temps”, a déclaré Burns, en référence aux menaces d’escalade nucléaire agitées par le Kremlin.

“Il y a eu un moment à l’automne 2022 où je pense qu’il y avait un réel risque d’utilisation potentielle d’armes nucléaires tactiques par la Russie”, a reconnu le directeur de la CIA, bien que, selon lui, de telles inquiétudes ne seraient plus d’actualité aujourd’hui. À l’époque, les troupes russes avaient été repoussées dans le nord de l’Ukraine et avaient abandonné Kherson dans le sud, ce qui laissait penser que la Russie pouvait chercher à utiliser une arme nucléaire en cas de déroute.

Peu de temps après, la ligne de front s’était heureusement stabilisée. “L’offensive de l’Ukraine à Koursk a aujourd’hui mis à mal le récit de guerre de Vladimir Poutine”, a poursuivi Bill Burns, avant que son équivalent britannique tempère, rappelant qu’il était “trop tôt” pour dire combien de temps les forces de Kiev seraient en mesure de contrôler le territoire russe dont elles se sont emparées.

De nouvelles propositions de cessez-le-feu

Autre source d’inquiétude en lien avec ce conflit : la possibilité que l’Iran fournisse des missiles balistiques à la Russie, bien que la CIA n’ait pas confirmé ce scénario. Il s’agirait d’une “escalade dramatique” des relations entre les deux pays selon Burns, Téhéran n’ayant jusqu’à présent fourni que des drones peu performants à la Russie pour qu’elle les utilise en Ukraine.

Sur la guerre à Gaza, le directeur de la CIA a déclaré que les États-Unis travaillaient très dur sur de nouvelles propositions de cessez-le-feu. Un nouveau plan, élaboré avec l’aide de médiateurs du Qatar et de l’Égypte, verrait le jour, espère-t-il, “dans les prochains jours”. Cependant, il n’est pas certain, ajoute Burns, que Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, et le chef du Hamas, Yahya Sinwar, soient prêts à conclure un accord. “Les dirigeants des deux camps reconnaissent-ils ou non que la guerre a suffi et que le moment est enfin venu de trouver un terrain d’entente ?”, questionne-t-il.

Israël a réussi à “gravement dégrader” les capacités militaires du Hamas au cours des onze derniers mois, a aussi déclaré Burns, mais n’a pas éliminé le mouvement terroriste dans une guerre qui a créé une grave crise humanitaire. “En plus d’être une organisation, le Hamas incarne une idée”, a déclaré le chef des services secrets des Etats-Unis, et on ne peut que “tuer une idée par une meilleure idée” signifiant qu’il fallait susciter “un espoir à long terme pour les Palestiniens.”