Avant et après les vacances : sous l’eau. Fatigué. On baille sans s’en rendre compte, on manque de s’endormir pendant la visio et en dépit de la musique à fond dans le casque, rien n’y fait : épuisé en mode zombie. Le bronzage est pourtant impeccable et les photos magiques sur son téléphone prouvent que l’on revient de congés. Est-ce un vilain virus qui circule ? Un manque de vitamines comme si l’hiver était déjà de retour ? Certains vont chez leur généraliste, se sentant grippé, enrhumé et tellement fatigué lorsque le réveil sonne le matin. Non, vous n’êtes pas seuls : ils ne sont que 11 % des Français à se sentir en super forme après leurs vacances, indique une étude du laboratoire NaturAvignon du 27 août dernier, avec même 53 % d’hommes “pas en forme du tout” (contre 47 % de femmes). “C’est assez récurrent à cette époque”, rassure François Morin, directeur général de NaturAvignon, spécialiste des compléments alimentaires. “C’est un petit coup de mou qui peut s’expliquer par rapport aux cycles circadiens”. Une horloge biologique qui prend d’autres habitudes pendant les vacances : elle doit reprendre son rythme lors de la reprise du travail. “Pendant les vacances, on se couche plus tard et quand c’est la rentrée, la nuit vient plus tôt et souvent, on a moins de soleil”.
Un autre phénomène est avancé par l’expert : “Lorsque nous sommes en congés, on se relâche un peu. Apéro, sucres, sodas… c’est souvent une alimentation déséquilibrée (81 % des répondants ont des problèmes de digestion, 87 % ont pris du poids)”. Au final, 63 % des vacanciers se sentent stressés à leur retour avec des problèmes de sommeil. “Moins d’activité physique et certains perdent aussi leur activité sociale. Ils peuvent faire une dépression en se retrouvant seuls”.
Seulement physique ou psychologique ce coup de bambou de la rentrée ? Non : 55 % de Français estiment que la charge de travail sur cette période estivale est tout aussi importante que le reste de l’année (OpinionWay pour Factorial, août 2023). “Beaucoup de salariés n’ont pas eu assez de déconnexion, commente Marian Pumir de Louvigny, senior product manager chez Factorial, start-up spécialisée dans l’automatisation des processus RH. C’est un manque de préparation, d’anticipation et de clarification avant de partir en congés”.
“On replonge dans la roue comme le hamster”
Résultat : 65 % des cadres supérieurs consultent leurs mails pendant leurs congés. Et en rentrant, 60 % des salariés disent avoir du mal à reprendre le rythme. Ce chiffre culmine à 72 % pour les moins de 35 ans. “Souvent, les personnes arrivent fatiguées en vacances. Mal au dos, problèmes de voix, otites à répétition… On change de rythme, le corps se réadapte, on se met dans le bain des vacances, mais on ne laisse pas le temps à son corps de se régénérer et il est déjà temps de rentrer”, décrit la formatrice en management Gilone de Maigret, co-auteure de 50 conseils pour retrouver l’énergie ! (Eyrolles, septembre 2024). Sans compter la pression que l’on se met pour “réussir” ses vacances, son retour. “Le mode de travail est de plus en plus concurrentiel, il y a une accélération du rythme du travail”, poursuit son co-auteur, Denis Pennel. “Il y a une appréhension avant le retour et on replonge dans la roue comme le hamster…. Ce qui consomme l’énergie que l’on avait retrouvée pendant ses congés”.
“Pour remédier à cette phase, il faut retrouver le sommeil en oubliant les écrans bleus avant de se coucher et se recaler sur ses horaires ; faire de l’exercice physique pour retrouver de l’endorphine ; retrouver une activité sociale et une alimentation saine”, préconise François Morin. “Le vrai enjeu est de se resynchroniser avec son environnement de travail, ce qui peut prendre 10 à 15 jours”, estime pour sa part Gilone de Maigret. Cette dernière nous invite à “accepter de lâcher-prise, se dire qu’on ne peut pas contrôler la météo” mais aussi à “prolonger ses activités physiques, faire quelques efforts pour activer le circuit de la récompense. Faire le tri ou jeter ce qui ne servira pas”. Dernier conseil de Denis Pennel pour retrouver cette motivation qui est un redoutable antidote à la grisaille de septembre : “se focaliser sur de nouvelles activités, un nouveau projet”.
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