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Barnier-Le Pen : la proportionnelle, récit d’un piège parfait


C’est l’une des conditions que Marine Le Pen met en avant pour ne pas censurer le nouveau gouvernement : la proportionnelle. “S’il y a de nouveau des élections législatives dans un an, nous pourrions nous trouver dans la même situation de blocage total qu’aujourd’hui, sans majorité absolue, remarque-t-elle dans La Tribune dimanche. (…) Il faut donc adopter un autre critère, qui permette à une force politique d’avoir une majorité et de gouverner le pays, tout en ayant une meilleure représentation des courants qui le traversent. La proportionnelle à un tour permet aussi une transparence des objectifs des différents partis vis‑à‑vis de leurs électeurs. C’est en cela que les multiples désistements qui ont eu lieu pour nous faire battre ont été profondément gênants. Il doit y avoir des alliances faites en amont, pour que les Français sachent de quoi il en retourne quand ils glissent leur bulletin de vote.”

Message reçu : “Si la proportionnelle est une solution, je ne me l’interdis pas”, indique Michel Barnier sur TF1, le 6 septembre, lors de sa première interview. Une solution, vraiment ? Un nœud à problèmes, surtout. Ce n’est pas un hasard si le sujet constitue l’arlésienne de ce double quinquennat, de celui de François Hollande aussi. Et qu’il peut faire exploser le bloc central, qui a pourtant vocation à soutenir l’exécutif. Cette fois, contrairement à la petite musique entendue lors de la passation des pouvoirs à Matignon, il n’y a pas un projet de loi qui attend Michel Barnier sur son bureau, et pour cause : le Premier ministre sortant, Gabriel Attal, n’est pas un grand défenseur de la cause. Il sait aussi que le groupe Renaissance qu’il préside désormais est très divisé sur la question.

L’un de ses prédécesseurs à Matignon, Edouard Philippe, n’est pas davantage enthousiaste, qui rappelait la semaine dernière dans Le Point : “Je suis très attaché au scrutin majoritaire. Et s’il fallait aller vers la proportionnelle, alors je ne la soutiendrais que si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire. Méfions-nous d’un mode de scrutin qui laisserait la possibilité aux états-majors de partis politiques parisiens de construire des listes.”

Faut-il refiler la patate chaude aux députés ?

Cela fait déjà deux gros cailloux dans la chaussure. Il en manque un troisième, qui s’appelle Laurent Wauquiez. Celui-ci est très réservé sur le principe et, comme le président du Sénat Gérard Larcher, lie son éventuelle introduction à un rétablissement du cumul des mandats – que les macronistes ont en sainte horreur. Le serpent se mord la queue.

Au cours de son déjeuner avec Michel Barnier, samedi, Yaël Braun-Pivet, qui avait proposé au printemps de retenir la proportionnelle pour les députés des départements comptant plus de 11 élus, lui a relaté ses échanges d’hier et d’aujourd’hui avec les différents groupes. Marine Le Pen préconise une baisse du seuil à neuf députés, François Bayrou est pour une proportionnelle intégrale et très opposé à la piste Braun-Pivet, les socialistes tergiversent, les insoumis approuvent le principe mais doutent qu’il serve leurs intérêts, ce qui les incite à ne pas se précipiter, les écolos veulent encore réfléchir, les communistes cherchent surtout à sauver leurs fiefs en Seine-Maritime et à récupérer Fabien Roussel… Bref, le consensus n’est pas exactement au rendez-vous.

Faut-il alors que le gouvernement, pour s’en débarrasser et parce qu’il ne réussira pas forcément à imposer ses vues, refile la patate chaude aux députés ? Une loi simple, issue d’une proposition émanant de l’Assemblée – sans l’accord du Sénat ni même celui de l’exécutif –, suffirait à modifier le mode de scrutin. Mais il y a une difficulté supplémentaire : le dosage. Le schéma suggéré par la présidente de l’Assemblée revient à élire un quart des députés à la proportionnelle, quand d’autres réclament la proportionnelle intégrale. Ce système pourrait-il être adopté contre la volonté d’une bonne part du bloc central et de la droite, soit les deux principales forces soutenant Michel Barnier ? L’imbroglio serait total.

@lexpress

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La dernière fois que la proportionnelle (intégrale et à l’échelon du département) fut introduite pour des législatives en France, ce fut en 1986. Et les problèmes vinrent (notamment) de la majorité alors au pouvoir. Présenté en conseil des ministres le 3 avril 1985, le projet de loi l’introduisant provoqua la démission d’un ministre important, Michel Rocard. Ce mercredi, à 23h50, celui qui est ministre de l’Agriculture appelle le standard de l’Elysée (on vous parle d’une autre époque !). Il est mis en relation avec le conseiller de permanence. “Je voudrais parler au président.” Mais François Mitterrand dort, faut-il le réveiller ? Rocard insiste, il veut partir toutes affaires cessantes, dans l’heure qui vient. C’est le Premier ministre Laurent Fabius qui prend sur lui de réveiller le chef de l’Etat. Puis, Rocard et Mitterrand échangent brièvement, avant que le premier appelle l’AFP. Il est 2 heures du matin et un ultime souci apparaît : le journaliste de l’agence croit à un canular ! La dépêche tombera à 2h27 du matin. Quand on vous dit que la proportionnelle, c’est toute une histoire…





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