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Draghi et le nouveau grand emprunt européen : un plan déjà mort-né


Pour l’Europe, l’enjeu est presque existentiel. Comment éviter la relégation dans le club des pays de seconde zone ? Ce ventre mou des suiveurs, condamnés à épouser les normes et les technologies des gagnants de ce nouveau siècle, Etats-Unis et Chine notamment. Dans un épais rapport – près de 400 pages – remis le 9 septembre à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne et ex-président du Conseil italien, détaille longuement les raisons du décrochage européen : une productivité étale, une innovation poussive, un investissement au forceps… Autant d’éléments qui expliquent que le revenu réel a progressé quasiment deux fois moins vite en Europe qu’outre-Atlantique depuis 2000. Un appauvrissement relatif, indolore à court terme, intenable sur des décennies.

Inverser la tendance veut dire beaucoup – mais vraiment beaucoup plus ! – d’argent investi. Entre 750 et 800 milliards d’euros, soit plus que l’enveloppe du plan Marshall au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, plaide Mario Draghi, qui défend l’idée d’un nouveau grand emprunt européen. Sauf qu’à l’exception de la France et de l’Italie, cette martingale ne séduit aujourd’hui ni Ursula von der Leyen, ni les chancelleries des autres Etats membres.

“Consommez déjà l’argent disponible du précédent grand emprunt, celui lancé en février 2021 au lendemain de la première vague de Covid”, répond en substance la présidente de la Commission. Sur les quelque 720 milliards d’euros disponibles auprès de Bruxelles d’ici à 2026, seuls 213 milliards ont été débloqués à mi-parcours par les Etats membres, d’après une récente étude de la Cour des comptes européenne. Surtout, la moitié seulement des sommes versées serait arrivée sur les comptes des bénéficiaires finaux.

Enfin, les Vingt-Sept ne se sont toujours pas mis d’accord sur les recettes fiscales à trouver pour rembourser l’ardoise. Taxe carbone, taxe sur les transactions financières, taxe sur les géants du numérique ? Le tic-tac s’égrène et cette question va empoisonner les discussions sur les contours et la taille du futur budget européen. Si Emmanuel Macron soutient la feuille de route de l’ancien Premier ministre italien, il n’a plus le poids politique d’il y a quatre ans pour faire entendre sa voix, alors que les comptes publics de la France sont en capilotade. Comme beaucoup d’autres, le plan Draghi pourrait bien rejoindre le cimetière des rapports disparus.




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