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Dépenses publiques : faire mieux avec moins, par Eric Chol


La question fiscale ne doit pas être tabou, nous dit Pierre Moscovici dans Le Parisien. Le premier président de la Cour des comptes a raison : quand il y a urgence – et il y a une urgence absolue à redresser la situation calamiteuse des finances publiques du pays –, aucun sujet n’est tabou. Surtout pas celui des dépenses publiques, trop longtemps considéré comme un débat interdit. Le simple fait d’évoquer des économies vous fait passer pour un ultralibéral, prêt à immoler les services publics sur l’autel de la rentabilité. Il suffit d’écouter le chœur des experts du Nouveau Front populaire ou la rengaine des nouveaux bardes sociaux du Rassemblement national pour comprendre que le terrain est miné. Faute de regarder la réalité française (et l’état de nos caisses) en face.

“Nous sommes sur ‘le podium de la dépense publique’, prévenait déjà en 2019 Didier Migaud, le prédécesseur de Pierre Moscovici à la Cour des comptes. La vénérable institution a beau agiter les cloches dans tous les sens depuis des années, nos responsables politiques, Emmanuel Macron en tête, s’en moquent. Car cinq années plus tard, la France non seulement occupe toujours la même place sur le podium des dépenses publiques, mais elle est aussi n°1 pour les prélèvements obligatoires – ce qui limite considérablement la marge de manœuvre des augmentations d’impôts – et surtout elle creuse l’écart avec ses partenaires. En 2023, ses dépenses publiques ont atteint près de 57,3 % du PIB français, quand la moyenne européenne ne dépasse pas 50 %. Beaucoup moins dispendieuse, la fourmi allemande affiche un taux de 48,6 %.

En fait, la cigale tricolore débourse sans compter depuis des années. Gilets jaunes, Covid, inflation, grèves… A chaque nouvelle crise, le gouvernement sort son carnet de chèques. A ce jeu, auquel s’est adonné sans compter Bruno le Maire depuis sept ans – on remarquera que les ministres des Finances deviennent étonnamment vertueux seulement au moment de quitter Bercy – la France remporte toutes les médailles : un document publié par Eurostat et comparant la ventilation des dépenses publiques par fonction montre que la France surpasse quasiment toujours ses voisins. Santé, retraites (un quart de nos dépenses publiques !), protection contre le chômage, logement, éducation : nous sommes les plus généreux.

Ce choix qui nourrit le déficit, la dette et désormais la perte de crédibilité du pays, est-il au moins payant pour les Français ? Car avec cette manne d’argent, on pourrait imaginer que nos services publics suscitent l’envie du monde entier. Or ce n’est pas le cas. En témoigne le tableau de bord de la satisfaction des services publics, concocté par l’OCDE (Panorama des services publics, 2023), qui, avec des critères précis (accessibilité, réactivité, qualité…), évalue les différents pays. La France, hélas, non seulement est rarement sur la plus haute marche du podium, mais le plus souvent en milieu de tableau. Et si on changeait de méthode, en montrant que, nous aussi, on peut faire mieux avec moins ? Ce n’est pas un souhait, mais une nécessité.




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